I. Les silhouettes
Sportswear urbain
"Coolitude", "cooliness"… autant de néologismes parfaitement adaptés à cette nouvelle envie d'arpenter la rue débarrassée de toute rigidité vestimentaire. Le temps est plus que jamais à la décontraction : les étoffes fleurent bon le confort, le slim passe la main et les vêtements deviennent justement larges, empruntant au sportswear ses basics douillets.
Avec Alexander Wang, direction L.A., capitale de la sexyness branchée pétrie d'influences skate et beach, dont les filles savent mieux que personne conjuguer allure et pièces sporty. Pour le petit chouchou des rédactrices de mode, l'été 2009 se veut avant tout loose et smart. Les bermudas ont ainsi tout du bas de jogging en molleton, tandis que les marcels et vestes de sweat se transforment en atours ultra sexy, le jersey de coton ayant cédé la place à des mousselines rebrodées et autres voiles translucides. La girl Wang se veut ainsi ambiguë, faussement désinvolte et finalement diablement body conscious.
Chez Diesel, le jogging assume son entrée dans le dress code hype des modeuses. Il se veut plus que jamais basic, plus proche du bas de pyjama que du trois bandes, se mixant avec du denim oversize , des sandales platissimes et un top en jersey de coton un rien destroy. Cependant, afin d'éviter le no look que peut générer ce type d'associations, Renzo Rosso choisi de miser sur l'accessoirisation en optant pour des couvres-chef au design fort, ramenant ainsi la silhouette vers un style étudié où le jogging est un véritable choix stylistique.
Dégaine ultra cosy chez Marc by Marc Jacobs, qui se veut néanmoins sagement citadine. Combishort et blazer s'offrent ainsi un brin de décontraction en optant pour une maille coton douillette qui, en dépit de sa nature loungewear, compose un ensemble tout à fait adapté à un après-midi à la Kirsten Dunst au coeur de Big Apple… On retient que les molletons, jerseys et autres bord-côtes en coton cosy seront des matières phares de l'été. Elles se mixeront avec un vêtement féminissime, une coupe tailoring ou des accessoires pointus. Loose mais maîtrisé, tel doit être le mantra du coming-out du jogging.
Eighties/Nineties
Qui aurait cru que les années 80/90 reviendraient si rapidement hanter nos dressings ? Pourtant, les faits sont bien là : Kiss et ACDC remontent sur scène, les influences grunge sont partout, tandis que l'esthétique eighties mêlée à celle des nineties (du genre tee-shirt à la Kelly McGillis dans Top Gun ou jean destroy très Kurt Cobain) soulève à nouveau l'enthousiasme des modeuses pointues. Sans surprise, les podiums se sont laissés gagner par cette vague néo-rétro...
Chez l'américain William Rast, le merveilleux tee-shirt XXL - que les connaisseuses ayant subi son règne despotique appelleront "tee-shirt Décathlon" - fait sa réapparition. Il conserve son format sans forme et ses manches arrivant mi-coude, mais s'affiche tout de même en soie flatteuse afin de se donner bonne conscience. On le porte a demi-glissé dans la ceinture, voire sans soutien-gorge (pour les brindilles).
Body en dentelle, jupe ultra stretch… Bienvenue en pleine réminiscence 90's, où Madonna représente la quintessence du chic et où l'on fantasme sur les héros de Deux flics à Miami. En digne héroïne californienne, la muse d'Alexander Wang assume une tenue ultra moulante et évocatrice, suintant une liberté sexuelle qui pourrait affoler plus d'un parisien.
Pendant ce temps, on imagine Roberto Cavalli en pleine extase tant le style des années 90 lui colle à la peau. Pour sa ligne bis Just Cavalli, il propose ainsi des jeans aux motifs léopards délavés et des tops oversize entre bleach et imprimés, n'ayant absolument rien à envier aux canons stylistiques de l'époque. Cette saison, on révise donc attentivement nos "Do and Don't" car la tendance s'inverse : tout ce qui pouvait paraître rédhibitoire il y a encore une année se trouve désormais au sommet du hit-parade. Il ne nous reste donc plus qu'à javelliser notre garde-robe et dévaliser les friperies…
Romance mélancolique
Un été sans que les textiles ne s'adoucissent d'une ribambelle de fleurettes en tous genres n'est pas un été digne de ce nom. Si celui de 2009 n'échappe pas à la tradition, c'est une humeur bien plus nostalgique que fleur bleue qui se dégage de ses toilettes florales.
Chez Isabel Marant, une palette de teintes sombres infuse les derniers passages du défilé. Les boutis charbons nous plongent ainsi dans une atmosphère délicate, légèrement country british, tempérant les mini longueurs girly d'une dose de sobre casualness. La styliste dessine ainsi une romance sans clichés ni fautes de goût, pour une jeune fille en quête de simplicité racée.
Chez Burberry Prorsum, c'est un été pluvieux que nous prédit Christopher Bailey. Assourdies par des compositions fanées et des pigments mélancoliques, ses créations divinement raffinées illustrent la notion de spleen de manière hautement désirable. Il imagine ainsi une femme au flegme britannique, préférant la brume des Cornouailles à la chaleur méditerranéenne et boudant les atours criards de l'été pour se réfugier au coeur de tenues dont l'élégance est le maître mot.
Sous une capeline corbeau, la demoiselle Paul Smith Women mixe références orientales et classicisme britannique. La peau luisante et l'oeil sombre, elle ose le noir qu'elle allège de dentelles et d'imprimés presque effacés par les rayons du soleil. Subtile et gracieuse, la belle du créateur british assume un look influencé par les douces nuits d'été de Marrakech. On note donc que si la botanique reste l'un des sujets de prédilection des stylistes, ils la traitent cette saison avec une tendresse mélancolique, sélectionnant parfums subtils et teintes sourdes. On préférera donc de délicats bouquets empreints de finesse fragile aux fameux motifs marguerites...
Impudique woman
Fini le temps où les garçons tentaient de voir sous les jupes des filles et où un décolleté suggérait monts et merveilles ; désormais, l'époque n'est plus à l'imagination ou à la suggestion. Sur les podiums, les femmes dévoilent ainsi leur plastique et osent une semi-nudité, imposant un dress code sexué ouvertement aguicheur.
Une jupette de mousseline dissimulant à peine un panty immaculé donne le ton chez Dior : la saison sera délurée, 100% girly, très parisienne et séductrice. Ces jeunes filles - dont le haut est habillé d'une veste couvrante leur permettant de mieux dévoiler le bas - sont sans doute les plus désirables et up to date que John Galliano n'ait jamais imaginé.
Stefano Pilati pour YSL reprend quant à lui le gimmick du pantalon transparent de la saison dernière. Cependant, loin de se contenter de nous montrer le bas, il s'aventure à créer un ensemble quasi entièrement translucide, mettant à jour une lingerie pragmatique et glitter, conçue pour être montrée sans émoustiller. Chic et presque glaciale, cette toilette - revisitant le smoking cher au maître de la maison - flirte avec la modernité sans tomber dans le voyeurisme primaire. En effet, si la femme YSL se dévoile, elle reste plus que jamais inaccessible…
Point de transparences ni de fausse pudeur chez Miuccia Prada. Lorsque l'Italienne désire transformer les élégantes en femmes libérées, elle n'hésite pas à faire voler les soutiens-gorge et à couper des pans de jupe entiers, afin de focaliser l'attention sur une cuisse fuselée. Entre femme fatale et mère de famille névrosée, la silhouette Prada brouille les pistes. À la fois ultra sexy et ouvertement négligée, elle illustre à merveille cette décadence so 2009. Cette tendance aura certainement de grandes difficultés à descendre dans la rue, même si elle a déjà été adoptée par les habituées des tapis rouges. Le commun des mortels se contentera de s'inspirer légèrement de cet exhibitionnisme fashionnement correct, en jouant sur les transparences et en assumant un pull-over au dos nu vertigineux.
Sirène glitter
Si la conjoncture économique n'est pas des plus fameuses , cela n'empêche en rien les fashionistas de revêtir des atours ultra shiny. Sequins, lurex et fils d'or ont ainsi littéralement illuminés les collections printemps/été 2009…
Sertie d'une mosaïque de pastilles métallisées, la mini robe coque d'Alexander McQueen est sans conteste la figure de proue de la tendance glitter : forte, sans concession, jouant sans complexe avec les filtres de lumière. Cependant, si McQueen peut être qualifié de génie, son travail s'apparente parfois plus à une prise de risque artistique qu'à une véritable volonté de nous habiller.
On retrouve également une certaine prise de risque chez Chloé : avec son maxi sarouel en lurex, la nouvelle venue Hannah MacGibbon ne ménage pas les aficionados de la maison parisienne. Cependant, si le format oversize du pantalon laisse un temps sans voix, on finit par s'y habituer et à entrevoir le potentiel de l'association pièce en alu XXL/top finement romantique. À laisser mijoter encore quelques semaines…
Futuristes, incisives et précises, les créations technocoutures de Nicolas Ghesquière remportent tous les suffrages. Tellement en avance sur l'esthétique de demain qu'elles en deviennent intemporelles, ces robes à facettes - dont la nature change au grès des spotlights - sont vouées à un destin de must have. Alors que les plans de relance sont légion, il faudra plus que jamais oser et ne pas hésiter à arborer les couleurs de l'or et de l'argent sans se soucier de leur incongruité. Esthétiquement parlant, on pense à porter le glitter sur des tenues de coupe minimaliste, afin de ne pas ressembler à un gigot en papillote...
Melting-pot tribal
Massage shiatsu, dîner au wok ou sushi party… Notre quotidien est émaillé de multiples références à un ailleurs désormais devenu presque familier. Il est donc naturel que la mode s'empare de ces diverses influences et les mêle à des atours occidentaux, afin de composer - à l'abri du folklore - le vestiaire d'une néo-citoyenne du monde.
Malgré son pagne, son turban et sa parure de femme girafe, la Parisienne de Celine reste furieusement citadine. Ivana Omazic donne le ton en fusionnant teintes occidentales, maintien frenchy et points forts exotiques, sans jamais tomber dans la citation "retour de voyage".
On retrouve la même envie chez Louis Vuitton, qui ne veut pas faire une collection "ethnique" mais plutôt une collection "fusion" à porter en plein coeur de la capitale. Les Madonna en herbe oseront ainsi la mini jupe en plumes d'autruche mixée à une veste structurée, afin de vivre cette romance parisienne des années 40 que Marc Jacobs saupoudre d'une énergie très jungle.
C'est d'ailleurs chez Marc Jacobs qu'a lieu le plus grand mix and match de la saison, où les étoffes africaines se mêlent à l'esthétique Mary Poppins, en passant parfois par l'Asie ou le Moyen-Orient. Cependant, aussi kaléidoscopiques soient ses silhouettes, elles flirtent divinement avec l'élégance universelle… Il s'agit donc désormais de parvenir à trouver le juste milieu entre le prêt-à-porter et l'aventure expérimentale. Gardons juste à l'esprit que quelque soit la pièce ethnique que nous choisirons de porter, elle se devra d'être baignée dans un esprit 100% occidental.
Bondagement correct
Nous sommes toutes plus ou moins liées à l'univers impitoyable de la mode, et d'autant plus lorsque les créateurs jouent les experts SM, plongeant leurs créations dans un univers bondagement désirable…
Chez Balmain, le lien se veut strassé, la robe longue insolente et la dégaine ultra rock. La night-clubbeuse de Christophe Decarnin devient ainsi une reine du bal à l'aura ultra sexy. Elle ose revisiter la notion de glamour et incarne la jeunesse dorée version it girl, qui ne connaît aucun tabou.
Avec Givenchy, cuir et découpes westerns sont au rendez-vous, assumant totalement l'allure sulfureuse pouvant émaner d'un tel duo. Si le bustier bondage peut s'avérer difficile à porter, il suffit de lui adjoindre un vague marcel pour bénéficier pleinement de son aura ambiguë, absolument nécessaire pour exister fashionnement cet été.
Très années 80, les bandelettes de Stella McCartney moulent dangereusement la silhouette, laissant parfois entrevoir une parcelle de peau suggestive. Sensuelle en diable, mais également furieusement up to date, cette petite robe noire a tout pour renouveler le genre de ce basic du chic. Cet été, il s'agira donc de ceinturer à la Balmain la moindre de nos toilettes et de faire un crochet vers Pigalle afin de shopper des pièces SM à détourner (en les portant sur un tee-shirt loose).
II. Les musts
Jean bleach/destroy vs boyfriend
La toile de denim est partout : faussement grunge (car portée avec de l'ultra chic) ou faussement masculine (car associée à des petites pièces féminissimes), elle est indispensable à toute modeuse désirant conjuguer allure et tendances. Cependant, si le jean est résolument le pantalon trendy à porter, les modèles up to date se divisent en deux catégories (et pas une de plus). Ils seront ainsi soit bleach (javellisés) et légèrement destroy, soit taillés à la mode "boyfriend".
Chez Balmain, la rockeuse glitter de Christophe Decarnin adopte la bleach attitude, en promenant sur le podium un jean dont le délavage façon "eau de javel" semble débarquer directement des années 90. Légèrement arraché au genou et accompagné d'un top flou surmonté d'une veste épaulée, ce denim s'annonce d'ores et déjà comme un must à recopier massivement.
Pour Diesel, c'est un jean peinturluré version travaux à l'aquarelle qui fait office de pièce bleachée. L'objectif reste néanmoins le même : arborer un denim à la coloration aléatoire et à la toile légèrement esquintée. La dégaine est ici clairement décontractée, mais relevée d'une paire de boots funky qui rendent la silhouette plus mode que loose.
Mixant influences street et produits ultra glamour, Donna Karan érige un nouveau dress code lui permettant de sortir le baggy de son carcan sportswear. Roulotté sur la cheville et associé à un bustier de mousseline aérienne, celui-ci devient ainsi une pièce capable de séduire les fashionistas. D'ailleurs, Katie Holmes n'a pas attendu l'aval de Donna Karan pour se lancer dans l'aventure du "boyfriend prêt-à-porter" : c'est elle qui, en août 2008 et avant tout le monde, a lancé la tendance…
Chez House of Holland, l'humeur est à la séduction californienne. Très boho, son boyfriend - produit en collaboration avec Levi's - se porte peint, découpé au laser et taille basse sur un maillot de bain. L'idée de remplacer le traditionnel paréo par un jean de cet acabit nous semble être l'une des meilleures idées proposées cette saison. Au final, la question n'est pas de savoir qui choisir entre le bleach et le boyfriend, les deux étant à posséder absolument. Il est d'ailleurs nécessaire de retenir leur dress code : on porte ainsi le jean bleach avec un top loose uni et une veste travaillée, tandis que l'on associera le boyfriend (un 501 avachi et roulotté fera parfaitement l'affaire) avec une large ceinture en cuir et un body (revival 80's/90's oblige…).
Carrure arrondie
La dernière toquade des créateurs - toutes fashion weeks confondues - consiste à arrondir les épaules de leurs modèles tout en les surdimensionnant. L'objectif est de faire correspondre les silhouettes 2009 avec leur fringale de soaps à la Dynastie...
Chez Dolce & Gabbana, le duo de stylistes pousse à son paroxysme l'idée de galber les angles, en affublant leur modèle d'oreilles de Mickey Mouse géantes. Cependant, si ces dernières annoncent la tendance, leur manque de subtilité les cantonnera irrémédiablement dans la catégorie fantaisie de podiums non exploitable. À moins que, charmée par leur incongruité, Björk en fasse l'une de ses tenues de bal…
Jeune recrue de la maison Chloé, Hannah Mac Gibbon parvient à alléger le concept en jouant sur le graphisme des contours. Avec elle, la carrure est bel et bien oversize mais, délimitée par le feston (véritable leitmotiv de la collection), elle gagne en raffinement. Malheureusement, les proportions étant légèrement maladroites, les carrures ciselées de Mac Gibbon ne risquent guère de susciter chez les modeuses des vocations de quarterbacks...
Finalement, seule la dream team des Proenza Schouler parvient à susciter l'envie. En plein revival Jerry Hall, ils composent des looks affûtés, où les volumes identitaires des eighties parviennent à gagner en crédibilité fashion. On choisira donc la tendance new-yorkaise et son style copié/collé du passé, plutôt que les expérimentations insolites et très peu prêt-à-porter du reste de la sphère mode…
Come-back du bermuda
Les tendances semblent aimer se contredire, en empruntant - durant la même saison - des chemins totalement divergents. Est-ce en réponse à un extrême que naît son opposé ? Allez savoir... Ce qui est certain, c'est que le short destroy pour grungette du dimanche a beau être en vogue, cela n'empêche pas le très sage bermuda d'opérer un come-back remarqué.
Tout en délicatesse, Stefano Pilati propose chez YSL un nouveau venu dans la famille des bermudas. Nourri aux influences orientales et en prise directe avec l'élégance made by Saint Laurent, celui-ci joue la fluidité et l'ampleur en subtilisant au sarouel sa dégaine floue. Chic au-delà des mots et sans souffrir une seconde du background ringard de ses prédécesseurs, le bermuda version Pilati conjugue à la perfection sophistication et naturel.
Chez Richard Nicoll, le tailleur se traite version culotte courte. Cependant, volumes étroits et teintes satinées confèrent à cet ensemble une rigidité dépassée, évoquant le maintien d'un torero british sorti tout droit de l'imagination du créateur. En se voulant trop endimanché, le bermuda tient ici à distance les fashionistas.
Avec Marc by Marc Jacobs, c'est la salopette qui, roulottée sur le genou, aimerait se muer en bermuda. Destiné à une adolescente filiforme ne craignant pas de voir ses hanches s'alourdir pour cause de volumes peu flatteurs, le bermuda-combi de Marc Jacobs est bien trop casual roots pour faire l'unanimité sur le pavé. Cette pièce étant détenteur d'un lourd passif (uniforme scout, patronage, genoux écorchés…), seules des créations la renouvelant entièrement (comme chez YSL) peuvent intégrer l'été 2009. Exit donc toute esthétique roots, de peur de ressembler à un randonneur sur le sentier de Compostelle. Le néo-bermuda se porte fluide, en matière noble et perché sur une paire de low-boots ajourées.
Combinaison forever
Déjà en grande forme l'été dernier, la combinaison continue son ascension vers les sommets de la "it" tendance. De plus en plus diversifiée et se frottant à tous les styles, elle revendique son appellation de "basic incontournable du printemps prochain".
Dans un subtil mélange masculin/féminin, Stella McCartney invite sa combinaison à squatter les parties huppées. Col italien en décolleté et jambes translucides transforment en effet cette version de la combi' de garagiste en un alliage tailoring/sexyness absolument up to date.
Ceinturée taille haute et zippée, la combinaison Proenza Schouler flirte avec l'esthétique des héroïnes d'American Gigolo de Paul Schrader. À la fois dominatrice et stricte, elle assume son coté anti glamour, où les lignes eighties ont remplacé les fioritures féminines.
Un rien Annie Hall, la combi Etro se pense en robe chemise et s'associe à un blazer porté manches retroussées. Conférant à la silhouette la douce allure d'une Anglaise à Bombay, elle se veut rétro mais casual, classique mais très fashionnement bankable. On note que les talons sont de rigueur afin d'éviter tout tassement visuel. Il existe donc des combinaisons pour toutes les occasions et toutes les sensibilités ; la seule chose interdite est de ne pas en avoir envie, et de nier sa flagrante actualité…
Micro jupette
Placée sous le signe des transparences et de l'impudeur, la saison prochaine place plus que jamais les jambes sous les feux de la rampe. D'ailleurs, entre nombril à l'air et jupette microsize, la plastique des demoiselles se devra d'être irréprochable, au risque de se voir refuser l'accès aux musts have du moment.
Déjà adopté par Madonna, le mini pagne à plumes Louis Vuitton s'amuse à faire twister l'allure de la Parisienne sur un rythme zoulou, le tout baigné dans des effluves très années 50. La collection signée Marc Jacobs se retrouve ainsi projetée dans une atmosphère glamour et espiègle à la Zizi Jeanmaire. Quant à la longueur de la jupette, elle est adoucie par sa matière insolite et l'élégance bon enfant de la veste.
Entre tenniswoman et douce lolita, la fille Stella McCartney s'avère être une experte dans l'art de la séduction casual. Issue d'une génération où l'on mélange les genres afin de mettre plus en valeur sa silhouette, elle lie avec audace l'oversize d'un blazer sans manches à la sexyness d'une mini-jupe remontée trop haut. Mission accomplie : le sage beige poudré en devient même incandescent.
Plus boho citadine que jamais, la brindille Isabel Marant adopte une allure coolissime sans une once de vulgarité, en dépit de la surface extrêmement réduite de sa petite jupe. Ample et intense, cette dernière habille d'ailleurs son look plus qu'il n'y paraît, complétant parfaitement le duo bottes en daim flou et top loose. Très rock and roll farmer, le gimmick romantique composé d'une micro jupe texturée et d'une mousseline légère s'impose déjà comme l'une des valeurs sûres de l'été. Les jupes très courtes seront donc à associer soit à une pièce masculine, soit à un top casual, à condition évidemment de possédez la paire de gambettes adéquate. On pourra également opter pour un modèle volumineux coupé dans une matière riche, afin d'étoffer la ligne.
III. Les couleurs
Fond de teint /Orange
Duel au sommet entre deux teintes qui se disputent le titre de couleur de l'été... D'un côté le beige poudré, capable de détrôner le rose de nos dressings, d'un autre un orange acide, fort, sans aucune concession, bien décidé à faire oublier sa connotation "Halloween" au profit d'une nouvelle aura plus fashion qu'anecdotique…
Raffiné, le crème rosé de chez Anne Valérie Hash amène ce qu'il faut de douceur et de fragilité au dress code d'une citadine actuellement davantage tournée vers le trash hype ou le preppy que vers une élégance sans faille, classiquement moderne et universelle. Si l'on craint la fadeur d'un total look, il suffit de mélanger les matières pour obtenir une allure divinement féminine sans une once d'ennui.
Vu sur de nombreux podiums, l'orange tente de se faire une place au soleil. Néanmoins, pour que ce dernier dévoile son potentiel joyful, il se doit d'être apposé non pas sur des toilettes strictes ou passe-partout, mais bien sur des pièces girly, funky, sophistiquées et un rien déjantées chic : c'est seulement à cette condition qu'il gagnera ses galons tendances. On retrouve cette combinaison parfaite chez Luella qui, en alliant transparences, détails fillette et dress code froufroutant, propulse l'orange au hit-parade des couleurs de l'été 2009. Entre beige fond de teint pour demoiselles en quête de pureté hype ou jus d'orange déluré pour it girl british, il ne vous reste plus qu'à choisir votre camp…
Shaker d'imprimés vs Black&White
Cet été, deux courants se font face : mixer de façon instinctive les imprimés (mettant ainsi à bas les idées reçues concernant les règles d'harmonie) ou se rallier à la valeur refuge qu'est le noir et blanc.
Optimiste et volontairement surdosée en vitamines, la modeuse se doit de sauver les apparences en affichant une vitalité sans faille face aux turpitudes de l'économie. Pour cela, elle n'hésite pas à passer ses tenues au kaléidoscope, en mélangeant les imprimés les plus insolites de son dressing. Tacheté léopard, all-over floral, pois et graphismes abstraits… tout y passe, l'essentiel étant de rester dans la séduction en sachant doser les effets.
Plus prudentes et moins enclines à plébisciter une joie de vivre devenue presque anachronique, d'autres préfèrent assurer leur dignité en optant pour des atours sobres et de circonstance. En véritable chantre de l'élégance intemporelle, le noir et blanc ressurgit pour envoûter les inconditionnelles d'un charme efficace et maîtrisé, à la Jacky Kennedy. Cependant, si la base est sage, le noir et blanc ne boudera pas une accessoirisation chic, presque luxe. Du tout au rien, de l'extravagant au conventionnel, les courants pigmentés de 2009 nous permettent de composer notre tenue du jour en fonction des cours du CAC 40 et de l'humeur qui en découle…
En guise de conclusion, on note quelques points essentiels de la saison printemps/été 2009 :
Le jean est partout : mixé au cuir chez Givenchy, ultra brut chez Cavalli ou en mini veste chez Isabel Marant, il fait l'unanimité.
Les maillots de bain se la jouent ultras sophistiqués, à tel point qu'ils ne sont plus destinés à fendre les vagues mais bien plus à briller lors de party ibizienne (Jean Paul Gaultier, Armani)
Le jogging en coton molleton a le vent en poupe, on le porte à la Alexander Wang.
Haro sur les tee-shirts gorille de Christopher Kane !
On craque pour les serres-tête girly du défilé Givenchy.
À en croire Charles Anastase et Marc Jacobs, le canotier pourrait remplacer le panama.
On assiste à un véritable come-back des rayures qui se portent désormais tous azimuts, que ce soit chez D&G ou Louis Vuitton.
Le sarouel est toujours fortement présent et assume ses volumes XXL (Chloé)
Les escarpins se pensent en mode gratte-ciel, au risque de devenir des pièces de musée (Prada)
©photo : Vogue
Par Lise Huret, le 19 décembre 2008
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