Les silhouettes de l'automne/hiver 2016-2017
Entre insolent désir de confort, emprunts militaires, allure douillette et lâcher-prise stylistique, la femme de l'automne/hiver 2016-2017 confirme certaines tendances et en initie d'autres…
Cocon oversize
Si la femme des podiums semble avoir pris l'habitude ces dernières saisons de se lover dans des manteaux oversize, son amour des volumes XXL cannibalise cette fois-ci littéralement sa garde-robe. A-t-elle décidé de succomber à cette lame de fond prônant un certain retour de la pudeur, désire-t-elle inconsciemment se protéger du climat d'insécurité gangrenant la planète ou estime-t-elle tout simplement que le vêtement a aujourd'hui davantage intérêt à questionner les volumes qu'à épouser les courbes du corps féminin ? Toujours est-il que pour l'automne/hiver 2016-2017, Marc Jacobs lui pense un vestiaire démesuré (voir ici, ici et là), que chez Gucci et Dolce&Gabbana les manteaux se la jouent englobants, que Chloé et Isabel Marant proposent des robes pulls trop grandes et que Stella McCartney décline son esthétique délicate et sportswear en mode oversize (voir ici, ici et là).
Dans la pratique
Ayant fâcheusement tendance à rendre pataudes les unes, à noyer les autres et à parasiter l'allure de certaines, l'oversize est un faux ami. Dans l'idéal, on essaiera de privilégier des pièces "légèrement" oversize, c'est à dire donnant l'impression d'être trop grande sans pour autant virer au clownesque. On pourra également miser sur des pièces à la coupe réellement flatteuse (exit Céline, hello Dolce&Gabbana). On notera enfin que si le "large sur large" fonctionne sur les podiums, c'est rarement le cas dans la réalité...
Surplus chic
Oublié le temps où vestes kaki et autres attributs paramilitaires semblaient réservés aux festivalières arpentant les allées boueuses de Glastonbury : en 2016, ceux-ci s'affranchissent du dress code casual grungy au profit d'un environnement beaucoup plus sophistiqué. C'est ainsi que sur les podiums, les belles gainent leur long manteau d'amiral d'un corset ton sur ton (Prada), surmontent leur ample jupe midi d'une veste olive doublée d'astrakan rougeoyant (Gucci) et noient leur veste d'officier sous des décorations rococo (Dolce&Gabbana).
Dans la pratique
L'idée est ici de se composer des tenues mêlant une pièce militaire à d'autres n'évoluant d'ordinaire pas dans le même champ stylistique. Une veste kaki army pourra ainsi se ceinturer taille haute sur un pantalon à pinces masculin accompagné d'une paire d'escarpins, mais aussi sur une robe fifties mariée à une paire de bottines féminines. Les longs manteaux type officier apprécieront quant à eux de se voir télescopés à des modèles en brocart ou à des chemisiers rétro.
Frileuse sportswear
Plus que jamais addict au sportswear et consciente que le confort est peu à peu en train de devenir une valeur "hypissime", celle qui ne jure d'ordinaire que par le shearling oversize de chez Acne a décidé cette saison de se la jouer "vegan cosy" en optant pour une variation créateur de la doudoune Decathlon achetée en 1990 lors de sa 11e année. Cela étant dit, si elle accepte de troquer sa laine de mouton contre des plumes d'oie, c'est à la condition sine qua non que ladite doudoune affiche un indéniable supplément d'âme stylistique. Son coeur balance ainsi entre une version oversize en velours bleu nuit digne d'un élégant film de science-fiction (Stella McCartney), un modèle plus traditionnel mais dont le porté peut tout changer (Balenciaga) et une version plus conceptuelle (Acne) qui, à défaut de réchauffer, attirera l'attention des vendeurs de chez Colette. Dans tous les cas, elle mettra un point d'honneur à traiter sa néo-doudoune comme une pièce chic à part entière en ostracisant tout ce qui ressemble de près ou de loin à une paire de Uggs, à des leggings douillets ou à de grosses chaussettes. Restant une modeuse dans l'âme, la frileuse sportswear ne pourra enfin s'empêcher d'accompagner sa doudoune d'escarpins bijoutés (Balenciaga) ou de robes lamées (Stella McCartney).
Dans la pratique
Bonne nouvelle : chacune peut ressortir sa doudoune sans craindre le fashion faux pas. Il semble en effet qu'en matière de duvet portatif, tout soit aujourd'hui toléré, voire même encouragé.
Bourgeoise azimutée
Désargentée et désabusée, celle qui hier encore n'hésitait pas à s'offrir un carré Hermès à chacun de ses coups de blues n'a plus les moyens de ses envies. Afin d'éviter la dépression, son psychanalyste lui a donc prescrit un traitement à base de fantaisie gratuite et de lâcher-prise. Habituée à respecter à la lettre les conseils de son gourou, celle-ci se met ainsi à farfouiller dans les malles familiales regorgeant de brocarts, d'imprimés fleuris, de carreaux en tous genres, de tissu tapisserie, de chemisier désuet et s'amuse devant le miroir des associations improbables imaginées par son esprit désormais débridé. À elle la robe chic portée avec les collants à losanges de sa fille de 13 ans (Prada), le twin-set trop grand mixé à une paire de claquettes poilues oubliées par les derniers "guests" Airbnb (Miu Miu) ou encore la jupe de secrétaire sexagénaire qu'elle déchire pour laisser apparaître le haut d'une cuisse gainée de ses anciens collants de patineuse artistique (Vêtements)…
Dans la pratique
Inutile de préciser qu'aussi jouissive puisse être cette tendance, elle n'en sera pas moins à manipuler avec des précautions de chimiste une fois sorti du milieu fashion. Le total look déjanté version élégante du 16e en pleine décompensation post-divorce n'est en effet pas viable au quotidien. À l'inverse, une association insolite se basant sur un look classique ou casual pourra quant à elle provoquer un heureux accident stylistique : on dit oui au blazer à carreaux sur une chemise vichy, à la robe portée avec des souliers d'homme ou encore à l'ensemble gilet long pastel ceinturé haut/collier de perles/jean boyfriend roulotté sur la cheville !
A noter également
Chez Gucci, Dolce&Gabbana, Simone Rocha et Balenciaga, les filles n'hésitent pas à conférer un twist festif à leur quotidien, à coup de sequins diurnes et de lurex argenté.
La fibre "bikeuse" ressurgit aussi bien chez les accros au vintage que chez les goth girls, les adeptes de la mode intello, les danseuses étoiles ou encore les aficionados du style rétro.
Par Lise Huret, le 12 août 2016
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