Tendances automne/hiver 2015-2016 : les silhouettes
Entre allure seventies décomplexée, dégaine sucrée, réminiscences victoriennes, jansénisme confortable et puzzle insolite de vêtements, la femme de l'hiver 2015 confirme certaines tendances et en initie d'autres…
Seventies fusion
Si elle s'était jusqu'ici contentée de jeans flares et de vestes en daim frangé, celle qui ne jure depuis plusieurs saisons que par le charme suave des seventies s'autorise désormais toutes les fantaisies. Et tant pis si ses tenues semblent davantage destinées au Buffalo Bill's Wild West Show de Disneyland qu'aux pavés urbains : elle s'en moque, assouvissant avec passion et gourmandise son amour pour la verroterie, les franges en tous genres, les ponchos et les vestes d'officier. Pour autant, ce n'est que lorsqu'elle s'éloigne de la caricature au profit de silhouettes conservant une certaine subtilité qu'elle se révèle réellement convaincante. On pense notamment à la proposition de Dries Van Noten qui, en troquant l'esthétisme amérindien contre le style mongol, offre une alternative crédible aux aspirations ethniques de notre accro aux seventies.
Au quotidien, cette dernière aime se glisser au sein de longues robes bordeaux ou fleuries aux détails en boutis (Burberry Prorsum), se réchauffer au creux de vestes militaires, de ponchos ou encore de vestes en shearling, lorsqu'elle ne se love pas dans une veste d'officier bleu marine.
Nabokov girl
Issue d'un clan huppé ou jeune héritière d'un empire dédié à la cosmétologie, la Lolita de 2015 cultive avec soin son apparence juvénile et son teint frais. Inscrite dans un lycée privé renommé, elle se sustente de macarons aux litchis en dévorant pour la énième fois Fifty Shades of Grey. Cette saison, elle succombe aux propositions de Miuccia Prada, qui lui imagine des tenues poudrées faussement bourgeoises dopées aux mixtures textiles et autres détails girly haut de gamme (voir ici et là), lorsqu'elle ne s'éprend pas des mini robes "rose sur rose" de Dolce&Gabbana. Afin de satisfaire ses aïeules fortunées, c'est toute de Chanel vêtue qu'elle les rejoint à l'heure du thé, tandis qu'une fois les douze coups de minuit sonnés, elle ose l'impudeur du plumetis Valentino pour aller danser aux Bains.
Dans la pratique, on lui empruntera ses tenues couleur chamallow plus modernes/funky que mièvres, mais aussi ses barrettes strassées pour doper une coiffure d'écolière glamour.
Révélation gothique
Après avoir passé plusieurs saisons au fin fond de la Transylvanie à préparer son grand retour fashion, la "goth girl" refait surface sur les podiums automne/hiver 2015-2016, avec la ferme intention de remettre au goût du jour redingote carbone, style Victorien, teint pâle et total look réglisse un brin dramatique. Elle apparaît ainsi chez Alexander McQueen en héroïne échevelée de Charles Dickens vêtue de lambeaux grandioses de plumes et de fourrures réglisses, mais également chez Givenchy, où elle s'abandonne à la lubie de Riccardo Tisci consistant à fusionner style victorien et détails empruntés aux gangs de rue (elle n'hésite pas pour cela à arborer d'impressionnant piercings nasaux). Cela dit, c'est chez Tom Ford qu'elle s'avère la plus convaincante : en robe midi à discrets volants et bottes aux reflets lustrés, elle y apparaît plus élégante que ténébreuse.
Puzzles hétéroclites
Héritière spirituelle de la famille Tenenbaum, celle qui boycotte la fast fashion au profit des boutiques vintage et autres friperies n'a que faire des modes et des tendances. Cela dit, si son dress code varie au gré de son humeur, il a pour constante de favoriser les accumulations insolites. Rien n'est en effet plus chic aux yeux de cette étudiante en Littérature ancienne que de télescoper des pièces aux ADN antagonistes. Lorsqu'elle se réchauffe au sein d'un pull-over brodé dans la plus pure tradition kitsch, elle lui associe ainsi une jupe fourreau en dentelle translucide, un sage béret et une paire de Birkenstock en python (Gucci), quand elle n'entrechoque pas kilt pudique, imprimé léopard et pull manches ballons (Miu Miu). Le soir, c'est en robe de bal de promo découpée court sur la cuisse et réchauffée d'une longue veste d'homme en drap de laine qu'elle refait le monde (Saint Laurent).
Dans la pratique, celles qui voudront l'imiter pourront s'amuser à mixer ce pull, cette jupe et ces baskets.
Néo-moniale
Rêvant d'aller peupler l'une des futures colonies martiennes d'Elon Musk, la néo-moniale aspire à un mode de vie simple mais absolu. En attendant de revivre la genèse de l'humanité sur une planète étrangère, elle peaufine sa garde-robe en s'inspirant de la saga Star Wars. A elle ainsi les amples capes portées en mode voyageur (Christophe Lemaire), les longues tuniques asymétriques en laine protectrice (Stella McCartney) et les ensembles monochromes quasi unisexe (Protagonist). Privilégiant les textiles naturels et les matières nobles, elle s'autorise pour seule fantaisie une paire de bottes en cuir bordeaux visant à égayer ses coloris fétiches que sont le gris, le blanc cassé, le beige et le noir. PS : On note également qu'entre lignes sixties et twist futuriste, les femmes Louis Vuitton et Dior se font cette saison les chantres de la tendance rétro-futuriste.
Par Lise Huret, le 17 août 2015
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La néo moniale mise à part, car elle relève plus de l'inspiration 90's, c'est la tendance seventies qui domine largement et dans laquelle se retrouvent également Mina Tannenbaum (c'est bien au film que tu faisais référence, n'est-ce pas? ) et la gothique. Avec une pincée de fin des 60's.
Je suis ravie de cette évolution, Perso, j'ai toujours été une adepte du pantalon flare que je porte notamment en jeans depuis plusieurs années aussi bien que des 7/8 évasés dans un esprit plus 60's. Des intemporels.
Reste à tenter les mini robes vaporeuses en mousseline, à mixer avec cuissardes et capeline.
Impossible de se passer également cet hiver du duo robe-pull marinière - cuissardes. Avec une casquette de capitaine et un long manteau carmel pour finir le tout ☺
Osciller entrer des notes Nouvelle Vague et l'esprit 70's, voilà qui procure un grand plaisir.
Je suis partisane d'éviter à tout prix la caricature. Les 60-70's sont une période très riche stylistiquement, mais il est facile d'avoir l'air costumée si on ne veille pas à garder une dose suffisante de sobriété.
Je préfère (mais c'est un point de vue personnel) regarder du côté chic de cette époque (Jackie O, Romy Schneider, Jane Birkin et Brigitte Bardot, Farrah Fawcett) que m'embarquer sur la voie périlleuse de l'ethno-hippie-bohème.