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Elle décide alors de faire ses études à Paris, puis effectue plusieurs stages chez Chanel, furetant de tous les côtés afin de découvrir ce qui la fera vibrer. Après deux années de dilettantisme (pendant lesquels elle tombe notamment enceinte), la jeune femme finit par se rendre dans les ateliers romains de son père afin de réaliser un bijou auquel elle pense depuis quelque temps : un collier en or et argent noirci à l'os.
Ce dernier suscite un tel engouement auprès de ses amies que Delfina décide de laisser libre cours à sa créativité et se met à fréquenter assidûment les établis paternels. Celui-ci lui apprend alors les ficelles du métier et met à sa disposition les meilleurs artisans, de telle sorte qu'en quelques mois, Delfina accouche d'une mini collection de bijoux insolites.
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On assiste ainsi à l'éclosion d'un bestiaire féerique et fantasque où les grenouilles ont la part belle, tandis que de multiples insectes peu attirants sont érigés en grigris luisants. L'héritière Fendi assume également sa fascination pour l'imagerie mortuaire, qu'elle n'hésite pas à esthétiser afin d'exorciser sa peur de la mort.
Par ailleurs, n'ayant pas suivi d'études dans le domaine, Delfina se sent extrêmement libre et s'autorise à aller aussi loin que son imaginaire la mènera. Elle n'hésite donc pas à mêler quelques matières organiques (os, cuir, dents) à des matériaux plus précieux, ni à noircir l'argent à l'os brûlé...
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Oui mais voilà : le petit monde hype n'a pas attendu l'aval du Musée pour se ruer sur ces bracelets délirants et autres bagues issues d'un conte de Perrault burtonien, ni pour se faire quelques frayeurs grâce aux mains de squelettes articulées signées Delfina Delettrez. Ce plébiscite massif de la presse et du gotha mondain pousse finalement la jeune maman à ouvrir sa propre boutique en décembre 2007.
Depuis, les collections se suivent, amenant dans leur sillage bon nombre de références à la religion, à la magie blanche et à un Éden luxuriant, et composant des pièces uniques, fortes et déroutantes, dignes d'un cabinet de curiosité élaboré...
Par Lise Huret, le 28 avril 2009
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