I. Les silhouettes
En mode pratique
Dès le 21 juin, un vent de pragmatisme soufflera sur nos dressings, essaimant au gré de ses envies emprunts au dress code militaire, sporty ou utilitaire. La femme de l'été 2010 ne s'encombre donc pas de fioritures et mise sur des vêtements pratiques, voire épurés. Elle arbore ainsi des tenues sportswear coupées au cordeau et adopte la religion du less is more.
Chez Hannah MacGibbon, la fille Chloé se veut passe-partout, discrètement jolie. Elle affectionne les camaïeux de teintes naturelles, faisant la part belle aux teintes beiges, sable et olive. Ponctuées de cuir, les coupes rigoureuses cisèlent justement sa silhouette de sage étudiante.
Avec Phoebe Philo, Celine renoue avec le succès en osant faire fi des tendances au profit d'une intemporalité des plus up-to-date. Efficaces et racés, les choix stylistiques de l'ex-DA de chez Chloé dépoussièrent la notion de sportswear, lui offrant chic, modernité et attrait.
De son coté, Alexander Wang s'amuse avec les codes vestimentaires du football US et de l'armée américaine et créée l'uniforme d'une néo-cheerleader plus roots que girly. Le résultat s'avère réussi : en déconstruisant les atours masculins, le styliste obtient des vêtements sexy boyish, inattendus et désirables.
Au final, Wang a beau se fendre de pièces ultra créatives et Chloé proposer d'intéressants basics, c'est sans conteste les silhouettes Celine qui valorisent aux mieux la notion d'utilitaire chic. Il faut dire que la fausse simplicité d'une jupe droite bronze associée au kaki d'une chemise army cropped - le tout rehaussé de compensées chamois - illustre à merveille l'un des thèmes phare de la saison...
Streetwear de luxe
Que ce soit le skate, le surf ou encore la moto, chacune de ces disciplines a su - le temps d'une collection - assujettir les règles du luxe aux siennes. Animés par le dynamisme graphique inhérent à ces sports, certains créateurs ont en effet imaginé des silhouettes racées mêlant énergie urbaine et exigence technique.
Point de nonchalance à la Point Break chez Proenza Schouler, mais bel et bien une allure citadine injectée de détails chers à Kelly Slater. Les pantalons cigarettes se voient ainsi retravaillés en mode jogging pointu, tandis que les jerseys de coton se portent flous, que les maillots de corps se veulent stretch et que les flashs fluo dédramatisent les pièces sophistiquées.
Nicolas Ghesquière revient quant à lui à ses premières amours, en développant le streetstyle version technocouture. Affûtées à l'extrême, les bikeuses Balenciaga arborent une allure urbaine au firmament de la modernité, composée d'ensembles de cuir sculptés au laser et de tops color-block. En ergonomiste de génie, Ghesquière offre aux femmes des créations tour à tour seconde peau, cocon et énergisante.
Évitant toute prise de risque, le vestiaire Gucci se veut plus prêt-à-porter que jamais, tout en conjuguant de manière très soft l'esprit sport de la saison. C'est donc en filigrane - à coups de mini vestes et de maille filet évoquant le design des parachutes - que la maison italienne décline ses silhouettes sexy.
Trop évident et sans vraie âme, Gucci laisse de marbre. Par contre, c'est avec enthousiasme que l'on passera nos tailleurs en mode surf sophistiqué et que l'on adoptera le cuir en été. À condition que ce dernier nous dessine une ligne sportive haut de gamme...
Boudoir
Emprunte d'impudeur, la lingerie 2010 semble avoir envie de se dévoiler à tout prix. Il faut dire qu'elle n'a jamais été plus célébrée, encensée et déclinée que lors des récentes collections printemps/été... Qu'elles soient fatales chez Dior, rétro chez Dolce&Gabbana ou primesautières chez Vanessa Bruno, dentelles, combinaisons et autres transparences osent désormais la lumière du jour, ce qui leur permet de passer du statut de sous-vêtement à celui de vêtement... Dans une atmosphère années 40, les Lauren Bacall de Dior transforment leur ensemble de satin mauve en robe sexy en leur apposant un voile de gaze faussement chaste. Difficile cependant de les imaginer - en l'état - appréhender sans risque les avenues parisiennes...
Pour le duo italien, c'est un glamour à l'ancienne revisité en mode ultra sexy qui transforme les guêpières d'antan en pièces pivots d'un look pin-up. La dégaine rétro de ces pièces permet néanmoins de patiner quelque peu l'allure caliente de ces Siciliennes 100% Dolce&Gabbana.
Quant à Vanessa Bruno, elle puise quelques dentelles dans le trousseau de ses aïeules, afin de les les transformer en combinaisons translucides qui n'ont de virginal que la couleur... Si chez le commun des mortelles, cette tendance ne supportera pas le total look, un jupon satiné rehaussé d'une petite veste army, un corset porté sous un blazer, une baby doll aux allures de lingerie assagie par une pièce en denim ou encore un soutien-gorge porté sous un top diaphane sont autant de duos qui célébreront l'esprit lingerie de l'été de manière studieuse et pragmatique. Fusion
Rien de tel que quelques imprimés venus d'ailleurs, qu'un dress code emprunté aux quatre coins de la planète et qu'un clin d'oeil à différentes époques pour doper le moral des podiums. Affichant une énergie optimiste digne d'une sortie de crise, la mode de cet été devance en effet l'économie, en se voulant plus enthousiaste que moribonde. Elle mélange ainsi tous azimuts divers éléments, en empruntant à la cuisine la notion de fusion... Entre volumes années 40, pois disco, graphismes exotiques et parure vaguement tribale, la ligne Marc by Marc Jacobs affiche une humeur des plus joyful, où la fusion des genres n'a comme limite que l'imagination du créateur. Cela donne des silhouettes vitaminées, dont la bonne humeur communicative nous donne envie appliquer à la mode un vocabulaire plus melting-pot...
Chez Paul Smith, l'Afrique twiste sur une balade british, traitant les sages cardigans anglais comme de simples boubous. C'est ainsi qu'une robe en provenance directe de Bamako s'entiche d'un gilet rose vif, qu'elle détourne de son ADN occidental en lui apposant le dress code local.
Enfin, chez Louis Vuitton, l'imprimé ikat ose se la jouer preppy girl afro au moyen d'un sage col d'écolière, d'une perruque blonde oversize et de mocassins tibétains à pompons BCBG, défiant alors quiconque refusant de reconnaître que la mode est bel et bien une partie de plaisir. Le résultat esthétique a beau être parfois discutable, on aime néanmoins sans retenue cet emballement débridé visant à désacraliser les us et coutumes de la mode. Et si on se demande encore comment adapter la Marc Jacobs touch' à notre réalité, l'idée à piquer se trouve sans aucun doute chez Paul Smith, dans le détournement de cardigan... Virginale modernity
Intense et sans partage, le blanc s'imprègne de modernité, perdant sa candeur naïve au profit d'une réflexion sur l'épure, le minimalisme et la sensualité. Les vestales de l'été prochain n'ont alors plus grand-chose à voir avec les sages gardiennes des temples grecs, imposant au blanc une allure conceptuelle et une sexyness à fleur de peau. Chez Max Azria, les sobres drapés et autres étoffes floues, tout immaculés soient-ils, ne trompent personne... Il faut dire qu'épaules dénudées et micro longueurs auront tôt fait d'apporter au blanc ce qu'il faut de sex appeal pour que ce dernier se rende alléchant aux yeux des jet-setteuses.
Capable d'apporter à ses toiles blanches une profondeur extrême, le maître du monochrome Rick Owens a une fois de plus excellé dans son art, confirmant au passage que modernité et épure peuvent également être synonymes de beauté classique.
Et si Riccardo Tisci préfère le froufrou à l'angle droit, ce n'est pas pour autant que son travail s'affadit, bien au contraire : sous ses doigts les fanfreluches perdent de leur superficialité, servant alors une nouvelle féminité où douceur, audace et couture fusionnent harmonieusement. On réservera donc les teintes nude, parme et violine à la tendance lingerie, de manière à permettre au blanc de s'épanouir dans d'autres thèmes, plus subtils. On pensera alors à troquer ses LBD d'hiver au profit d'une LWD baroque et moderne ou 100% minimaliste.
II. Les points forts
Lingerie tous azimuts - À l'occasion de l'été 2010, l'univers de la lingerie s'invite dans le monde des vêtements d'extérieur. Cependant, si sur les podiums les créateurs n'ont pas hésité à dénuder leurs modèles (osant les faire défiler en culottes, gaines et autres slips affriolants), dans la pratique les choses se passeront légèrement différemment. Ainsi, on ne reproduira pas à l'identique le dress code des silhouettes Marc Jacobs, mais on osera un top de satin sur un short army, un soutien-gorge sous un débardeur extrêmement échancré dans le dos, une baby doll aux allures de combinaison sous un sweat gris chiné ou encore une jupette en plumetis colombe réchauffée d'un cachemire oversize. Mais on pourra également miser sur les teintes poudrées, le nude et la dentelle, afin de conférer à nos tenues une touche de douceur intime. Le mieux est peut-être encore de succomber à une pièce créateur jouant sur les codes lingerie, de manière à ne pas se fourvoyer... Ceci dit, en règle générale et afin d'éviter de dangereux malentendus, on oubliera les sous-vêtements portés au-dessus d'autres vêtements, les porte-jarretelles apparents et les balconnets aguicheurs. Et lorsque - pour les dévoiler subtilement - on empruntera quelques pièces au rayon lingerie, ce sera chez Stella McCartney et non chez Fifi Chachnil. N'oubliez jamais : "Less is more"... Trench le retour - Jamais vraiment hors du coup, le trench passe malgré tout cette saison du statut de pièce intemporelle à celui de must have. Sous l'impulsion de Christopher Bailey, ce pardessus anciennement militaire gagne en effet en trendiness en osant quelques mutations sucrées visant à séduire la jeune génération (Emma Watson). Il devient alors un vêtement girly et sophistiqué, au point de pouvoir se permettre d'officier en tant que tenue de soirée (s'il est ceinturé taille haute). Définitivement chic, il se porte à temps et à contretemps, que ce soit en kaki (pour les inconditionnelles de la dégaine utilitaire), en rose guimauve (pour les fans de Gossip Girl) ou en format micro taillé dans du lurex (pour celles désirant faire rimer classique et luxe assumé). Transparences - Découlant de la mouvance lingerie, les transparences ont envahi les collections, permettant mille et une superpositions féminissimes. Mousselines de soie, dentelles arachnéennes et voilages sont ainsi devenus le point d'orgue de nombreux looks : quel que soit le thème abordé, il est désormais dans l'air du temps d'incorporer à ses tenues un élément translucide. Il faut dire qu'en la matière, les possibilités sont presque infinies... Dior propose de longs jupons de mousseline assagis par le port d'un autre en satin, tandis que certains créent des découpes impudiques qu'ils réchauffent d'un voilage nude. Chez d'autres, les tops en dentelle laissent entrevoir le grain de la peau. On note cependant que quelque soient les pièces choisies, on les tempérera toujours au moyen d'une pièce de dessous (brassière casual, cycliste, fond de robe ou jupon), l'idée étant de suggérer plutôt que de dévoiler.
Découpes néo sexy - Ceux qui pensaient que Balmain ne pouvait aller plus loin dans sa quête de sexyness doivent aujourd'hui revoir leur copie. Au-delà des micro volumes, des lacérations luxueuses et des corsages bondage, Christophe Decarnin a en effet trouvé le moyen d'accentuer encore un plus l'aura sensuelle de ses jet-setteuses. Pour ce faire, il a choisi de dévoiler une partie du corps féminin rarement mise en valeur : les os du bassin... Dans le même registre, chez Versace, les toilettes du soir optent pour des découpes asymétriques mettant à nu le creux des reins. Enfin, pour Alexander Wang, la déconstruction du vêtement de sport est prétexte à laisser entrevoir la peau à des endroits inattendus. Si les découpes Balmain ne pourront flatter que les gazelles filiformes, on n'hésitera pas à étrenner des pièces qui, au détour d'un drapé ou d'une couture, dévoilent esthétiquement une parcelle d'épiderme joliment dorée... Débauche de volants - Synonyme de candeur estivale, de naturel espiègle et de bonne humeur printanière, les volants ont matérialisé l'humeur joyful ayant imprégné cet été la notion de féminité. Le plus souvent traités de façon asymétrique, les volants ont ainsi gagné en sensualité, délaissant l'univers de l'enfance. Ils se veulent ainsi gourmands et généreux chez Stella McCartney, tandis qu'Isabel Marant leur impose des teintes carbone 100% urbaines pour trentenaire folk et trendy. Sans parler de Riccardo Tisci qui, en les superposant le long de ses découpes géométriques, lie avec brio modernité et romantisme... Absence de bas - Nombreuses sont les mannequins qui, cette saison, ont arpenté les catwalks sans l'ombre d'un bas de vêtement. Que ce soit en petite culotte, en jupette lilliputienne ou en robe tenant plus du body qu'autre chose, les jambes ne furent ainsi jamais autant mises en valeur. Il est néanmoins important de préciser que si l'envie vous prend de sortir faire votre shopping en culotte Petit Bateau, c'est au commissariat - et non pas shootée par le Sartorialist - que votre journée s'achèvera... On laisse donc aux clubbeuses la possibilité de sortir en collants et panty, et on apprivoise cette tendance en enfilant une longue chemise d'homme et un blazer ou un simple tee-shirt liquide et flou, le tout avec une paire de souliers plats et des socquettes, afin de "désexyser" au maximum la silhouette.
Drapés et plissés en mutation - A mi-chemin entre la divinité grecque et les élégantes seventies, les étoffes se plissent et se drapent, donnant naissance à des jeux de matières subtiles, sophistiqués et dramatiquement sensuels. En se nourrissant du passé, les techniques évoluent ainsi vers une complexité intemporelle et paradoxalement légère, apportant aux modèles une légèreté infinie. En drapant les plissés, les créateurs obtiennent en effet des tombés inédits - entre fragilité et douceur glamour - qui offrent à la saison l'une de ses plus belles innovations. Jupes longues - Si elle ponctue régulièrement les collections hiver comme été, la jupe longue a cependant bien des difficultés à descendre dans la rue : sa longueur peu facile à vivre en a fait un vêtement boudé par la plupart des modeuses. Ceci dit, les choses pourraient bientôt changer... Tout d'abord, que ce soit chez Hermès ou Alberta Ferretti, les modèles ne traînent désormais plus au sol, offrant à la citadine un confort fort appréciable. En outre, en déjouant le côté désuet de ce genre de modèles grâce des mousselines translucides, les jupes longues du moment optent aujourd'hui pour une allure à la fois chic et sport qui les rend assez seyantes. Enfin, la mode aimant les contradictions, il y a fort à parier que plus la tendance "absence de bas" séduira les femmes, plus ces dernières apprécieront de temps à autre d'enfiler un long jupon... Cuir d'été - Le cuir est devenu à l'été ce que la fourrure est à l'hiver : indispensable. Or, s'il se fait de plus en plus présent, ce n'est pas pour autant qu'il en devient monotone, bien au contraire. En 2010, ce dernier explore ainsi de nouveaux horizons, se voulant soit d'humeur sportswear (en quittant ses oripeaux rock pour des pièces plus casual), soit d'inclinaison sophistiquée (en se la jouant étoffe souple et luxueuse capable de produire les drapés les plus élégants). Et si les toilettes Lanvin ne rythmeront malheureusement pas notre quotidien, on palliera ce manque en craquant pour des pièces hybrides mêlant cuir et tissu - telles que les sweats Alexander Wang ou les tops Balenciaga - qui s'incorporeront facilement à nos garde-robes.
Patchwork de denim - Le mix and match de matières est l'un des gimmicks les plus présents sur la scène mode de l'été prochain. Or, si Marc Jacobs n'hésite pas à créer des combinaisons insolites tous azimuts, on préférera aux patchworks bariolés ceux en jeans de chez Chloé ou Ralph Lauren... Le total look denim devient d'ailleurs possible grâce aux mélanges subtils de nuances de bleus rompant avec la monotonie traditionnelle du denim. Tweed twisté - En dévergondant les vestes chères à Chanel, Luella est parvenue l'été dernier à remettre le tweed dans la course des tendances. Cet engouement se confirme avec les récentes collections, où cette matière habituée aux sages coupes de la rue Cambon se voit emmenée sur des sentiers plus fantaisie. Que ce soit avec Marc Jacobs chez Louis Vuitton (qui réinterprète la saharienne version pied de poule) ou avec Isabel Marant (qui greffe une série de mini pompons sur un air de balade péruvienne), le tweed a tout pour convertir les jeunes modeuses à son tissage bon chic bon genre. Glitter patch - Si les années 80 laissent peu à peu la place à des inspirations de plus en plus diverses, quelques résidus glitter ont néanmoins la dent dure et continuent de marquer le vestiaire de l'été 2010. Lurex, sequins et pierreries viennent ainsi dynamiser par touches des tenues soit casual, soit classiques. Le twist apporté par quelques filaments dorés à une sage redingote Balmain est alors mesuré et pile dans l'esprit du moment, tandis qu'un basic top noir devient délicieusement chic grâce à quelques strass bien placés. On n'hésite donc pas à se la jouer DIY en apposant une bonne dose de petites choses brillantes à nos vestes de smoking, nos tee-shirts loose et nos petites robes noires.
III. Les couleurs
Kaki&Co - S'il y a bien une teinte qui a su prendre d'assaut les collections estivales, c'est à l'évidence le kaki. Moins camouflage qu'utilitaire, cette variante du vert se voudra tour à tour d'inspiration sporty (accompagnée d'un sweat gris, à l'instar d'Alexander Wang) ou jungle (avec une mini-jupe en peau de croco 100% Balmain). On pourra également lui apporter une patine preppy en le portant en all-over sur un sage uniforme de collégienne Chloé. Enfin, chez Celine, c'est mixé à du cuir réglisse qu'il prendra une dégaine urbaine, à la fois élégante et pragmatique.
Palette blanc/ivoire/beige - Couleur estivale par excellence, le blanc s'impose en maître dans nos dressings sans pour autant rester sur ses acquis. Il ose en effet bousculer son traditionnel dress code - qui consiste à le porter pur ou à ne l'assortir qu'à des couleurs tranchées - en s'associant à des teintes à peine marquées, composant ainsi des camaïeux d'une rare douceur. On retrouve ainsi chez Hermès des compositions d'une classe infinie, mêlant crème et tourterelle, tandis que la femme Bottega Veneta, en mixant blanc et miel, offre à sa dégaine sportswear un zeste chic fort appréciable.
Glamour poudré - Décidément, le nude n'en finit pas d'inspirer les créateurs : ils en parent leurs modèles sans se lasser, trouvant dans cette teinte évanescente un prétexte à mille et une fantaisies. Il est vrai qu'ayant la capacité de supporter nombre de jeux de matières tout en conservant leur fragile légèreté, les nuances poudrées allant du crème rosé au beige thé ont de quoi susciter l'intérêt. Dès lors, des plus romantiques aux plus sensuelles, les toilettes griffées adoptent ces couleurs familières à la cosmétique, apportant à la notion de glamour un coup de blush poétique.
Sorbets pastels - Pistache givrée, rose pétale, jaune ultra light... chez Burberry Prorsum, les teintes pastel ont pris le pouvoir, insufflant un twist candide aux micro robes de Christopher Bailey. Faussement classiques, ces dernières gagnent leur laissez-passer BCBG grâce à une palette de couleurs sages, sans pour autant en oublier d'être sexy. Les déclinaisons pastel de l'été servent ainsi à atténuer les effluves aguicheurs des nombreuses tenues les adoptant : que ce soit chez Dior ou chez Christopher Kane, bleu ciel et rose layette permettent de développer une sensualité des plus subtiles.
Vague de bleu - Si l'un des passages de Paul Smith Women - où l'on put admirer une mannequin entièrement lookée de bleu, de son lipstick Enki Bilal à ses mocassins Klein - illustre parfaitement l'avènement du bleu (dans toute sa déclinaison chromatique) au sein des tendances de l'été, ce n'est pas pour autant que l'on va se transformer en gamme Pantone. Certes, le bleu est à l'honneur, mais on préféra le travailler avec du kaki ou avec du lilas, plutôt qu'en associer toutes les nuances sur la même tenue. Ceci dit, rien ne nous empêche de le porter en all-over, à condition de miser sur des pièces courtes et fortes.
IV. Les imprimés
Cette saison, la mode fait le grand écart : entre le retour des tenues monochromes, l'affirmation des camaïeux de couleurs et les nombreux partis pris en matière d'imprimés, les univers se télescopent, tout en faisant la part belle aux graphismes en tous genres... Graphiques
Fidèle à ses inclinaisons envers l'uniforme marin, Riccardo Tisci chez Givenchy s'approprie la rayure marinière sans manquer de lui injecter un shoot de modernité. Il ose ainsi en casser les lignes, mêlant prise de risque géométrique et futurisme chic, ce qui lui permet de transformer un basic en blazer pointu.
Pour Marni, rien ne vaut la verticalité. Oui mais voilà : la rayure Buren est difficilement flatteuse... Elle manque en effet de charme, de féminité et d'évidence, et focalise l'attention aux dépens du reste de la tenue. Tendance, mais sans véritable connexion avec nos envies, on laissera la rayure verticale sur les portants des boutiques...
Travaillées à la façon d'un tissu ethnique, les étoffes Dries Van Noten se parent néanmoins de motifs graphiques plus contemporains que tribaux, ce qui permet aux toilettes du créateur belge de flirter avec une certaine élégance à l'européenne. Pour le meilleur... Naïfs
Ce qui pourrait apparaître abscons chez certains choque à peine chez Miuccia Prada. Il faut dire que la madone italienne adopte chaque saison de nouveaux concepts toujours plus désarmants, faisant même de cette originalité à contre-courant l'une des normes de sa griffe. C'est donc avec une curiosité fébrile que l'on vit quelques imprimés naïfs s'emparer des costumes Miu Miu de l'été. Chats, oiseaux puis corps dénudés cohabitèrent ainsi sur les atours de ces jeunes pensionnaires, conférant aux tenues un double langage insolite et intello, presque dérangeant.
Champêtre à l'extrême, Chanel n'a pas lésiné sur les clichés bucoliques afin d'asseoir sa collection au coeur d'un été passé à la campagne. Entre bottes de foin et sabots se sont donc invitées - sans dépareiller du reste du vestiaire - de larges fleurs brodées dignes des napperons bavarois les plus kitsch...
À première vue très premier degré, les maxi fraises de Stefano Pilati ont désarçonné nombre de fashionistas. Pourtant, loin de renier l'image YSL, Pilati fait un clin d'oeil aux archives de la maison en apposant ces motifs fruitiers à son défilé : ces fraises étaient en effet du cru d'Yves Saint Laurent himself... Au final, on note donc que si l'on choisit de s'adonner aux imprimés naïfs, il faudra que ces derniers possèdent soit un double sens, soit des racines ultra chic, de manière à auréoler nos tenues d'un halo d'ambiguïté. On pourra alors opter pour la candeur lolita de chez Miu Miu ou pour la strawberry touch' d'YSL, et on prendra soin de laisser les fleurettes Chanel à Lily Allen... Vichy
L'imprimé vichy a beau n'avoir été vu que chez Christopher Kane, il marquera néanmoins fortement la saison été 2010. En effet, le propos du jeune designer anglais est si fort et si marquant que s'il est à première vue "hors tendance", il n'en influence pas moins fortement acheteuses, rédactrices de mode et autres chroniqueuses faisant et défaisant la liste des must have de la saison. Il faut dire que sous les doigts de Kane, le traditionnel vichy réservé aux robes Jacadi et aux chemisettes d'adolescents de bonne famille s'offre successivement une dégaine de lingerie impudique puis une allure ouvertement sexy, transfigurant littéralement sa nature d'imprimé sans histoire quasiment obsolète. On n'hésitera donc pas à adopter l'imprimé vichy, à condition cependant de suivre scrupuleusement le dress code de Christopher Kane 2010 (qui se situe à l'opposé de celui de notre enfance...).
En guise de conclusion, on note quelques points essentiels de la saison printemps/été 2010 :
En règle générale, les imprimés fleuris, abstraits ou encore naturo-futuristes à la McQueen (le tout en all-over) auront la part belle.
Aussi inesthétique soit-il (à priori), le cycliste est officiellement adoubé par les créateurs (Prada, Louis Vuitton)
On noue tous azimuts, que ce soit en se servant de ses cardigans à la manière d'un sari (Paul Smith Women) ou en s'autorisant un immense noeud pap' dans les cheveux (Luella)
On continue comme les saisons précédentes à ceinturer taille haute le moindre de nos vêtements, avec une préférence pour les fines ceintures (Paul Smith Women, Marc Jacobs, Burberry Prorsum)
Les talons se portent avec une fine paire de socquettes ou de chaussettes hautes (Burberry Prorsum, Alexander Wang), tandis que les sandales plates osent les guêtres Chloé
Les semelles plates se font une vraie place au sein des tendances (Marc Jacobs), sans parler du retour des kitten heels... Ces derniers ont d'ailleurs beau être l'un des points forts de la saison, il est hautement permis de les bouder (Marni, Missoni)
A Londres, Mark Fast ose défier les critères de minceur actuels et déchaîne la polémique.
Pour son retour sur sa terre natale, Burberry Prorsum a organisé l'événement le plus glitter de ces fashion weeks 2010.
Les blogueurs ont été mis à l'honneur chez Dolce & Gabbana, tandis que Chloé en invitait d'autres.
Anna Wintour a mal vécu l'ascension de certaines it girls et n'a pas forcément apprécié d'être placée à côté d'Alexa Chung lors du défilé Twenty8twelve.
Giles a beau défiler à Paris, c'est à Londres qu'il a présenté sa nouvelle ligne d'accessoires
Si l'on copiera les longues tresses aperçues sur les mannequins Miu Miu, on proscrira toute extravagance capillaire à la Danielle Scutt, Nathan Jenden ou encore Jeremy Scott.
©photo : Style.com
Par Lise Huret, le 08 novembre 2009
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