En coulisses, Miuccia Prada rejoint le propos d'un autre prescripteur de tendances - Marc Jacobs - lorsqu'elle déclare avoir voulu composer sa collection de vêtements "normaux". Pour ce faire, elle alla puiser dans les archives de la maison, et plus précisément celles concernant les années 90, qui virent la véritable éclosion du style Prada.
Les grands classiques de la griffe sont ainsi réapparus sur le podium, liftés et plus racés que jamais. Cachemire doublé, pea coat à col double, jupe ligne A en cuir souple ou à imprimé so Prada, ruchés, chandail dense et escarpins pointus composèrent alors une collection baignée de réminiscences 50's/60's. Cela dit, le ceinturage d'un ensemble entièrement tricoté, le twist issu d'un duo laine/cuir, l'usage d'un cuir ciré ou encore les touches de couleurs bleu acide ponctuant quelques looks ont irrémédiablement placé cette collection dans la modernité.
Au-delà de la collection en elle-même, un détail nous a très vite intrigués. Il faut en effet se rappeler que Miuccia Prada est en partie responsable de l'avènement des mannequins filiformes sur les podiums, le défilé milanais de la griffe étant bien souvent celui où l'on trouve les modèles les plus jeunes et les plus skinny du marché.
C'est pourquoi, lorsque le casting de la présentation automne/hiver 2010-2011 dévoila certaines têtes d'affiche du show Victoria's Secret, il y eut clairement de quoi être étonné. Comme si Miuccia Prada avait soudainement décidé de changer ses canons de beauté...
Or, lorsque Miuccia Prada a une idée en tête, celle-ci - en plus de marquer immédiatement les esprits - a potentiellement le pouvoir de modifier le paysage fashion. C'est donc stupéfait et conscient d'assister à un évènement charnière que l'on vit les pulpeuses Doutzen Kroes, Catherine McNeil et Lara Stone ravir la vedette aux autres modèles, aussi minces et juvéniles soient ces dernières.
Irradiant l'espace de leur présence charnelle (au point de rendre Prada presque sexy), ces jeunes femmes ont su focaliser toute l'attention sur elles. En effet, alors que les ruchés masquèrent l'absence de rondeurs féminines chez les plus androgynes, Lara et Doutzen emplirent joliment leurs balconnets, plébiscitant une sensualité épanouie. À l'instar de Marc Jacobs (qui sélectionna quelques-unes de ses mannequins dans la rue), Miuccia Prada a ainsi injecté à son casting une dose de réalité, qui s'avère aussi libératrice que séduisante.
Enfin, en ce qui concerne le défilé en lui-même, on note que si la collection fut ponctuée de fautes de goût pradiennes (appelées comment souvent à devenir des musts ; on pense notamment aux hautes et épaisses chaussettes glissées dans les escarpins et aux lainages opulents gommant la silhouette), les chignons hauts sixties, les lunettes rétro ainsi que les vestes courtes en cuir ciré n'ont eut besoin quant à eux d'aucun temps d'adaptation pour apparaître désirables...
Par Lise Huret, le 26 février 2010
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Ouvrons les yeux, ces filles sont aussi terriblement minces, bien plus que la moyenne. Pour moi, le fait qu'elles défilent au milieu de mannequins "skinny" ne change rien. Je ne voie quasiment pas de différences entre elles, à part leur âge, et la poitrine, pour Lara Stone. J'aimerais tellement voir à nouveau des mannequins à la Naomi, comme au début des années 90.. Un petit coup d'?il sur les défilés des années 90 et vous verrez des filles bien faites, minces, qui nous ressemblent. Et c'est vrai qu'elles paraissent grosses à coté des Freja Beha et autres Chanel Iman d'aujourd'hui...
Je pense qu'on est encore très très loin d'un casting "réel" et libérateur..