Si elle s'inspire officiellement de la garde-robe masculine, la collection Chloé automne/hiver 2010-2011 semble néanmoins célébrer le sportswear américain cher à Farrah Fawcett, Kate Jackson et Jaclyn Smith. Hannah MacGibbon a beau en effet livrer quelques pardessus oversize et chausser certains de ses mannequins de mocassins cirés, c'est une jeune femme en provenance directe des seventies qui a séduit l'assistance.
En pantalon taille haute et blouse de satin ou en cuir cognac et lavallière caramel au beurre, cette demoiselle au brushing gonflé s'inscrit au coeur de ce néo minimalisme où les codes seventies servent de base à une allure modeste nouvellement hype.
Ainsi, comme chez Marc Jacobs, Prada et Celine, la femme Chloé se plaît à épouser l'élégance casual de l'époque, lorsque Ralph Lauren et Calvin Klein érigèrent le sportswear en art de vivre.
Pour ce faire, elle adopte blouson col rond, sous-pull en jersey, pantalon flare et jupe aux genoux. Elle témoigne également d'une confiance totale envers les camaïeux de beige, rouille, gingembre ou cuivre, qui plongèrent le public au sein d'une douceur automnale suave et désirable.
Cette douceur s'accentua lorsqu'Hannah MacGibbon fit appel à l'un des crushs du moment, en déclinant certaines de ses pièces en mode tricot. On découvre alors que, sous sa nouvelle dégaine moins sport que chic, le bas de jogging en laine pourrait bien faire chavirer le coeur des filles...
Par la suite, les compositions de couleurs et de matières proposées semblèrent exaucer les voeux stylistiques de nombre de fashionistas présentes ce jour-là. Parka bistre Prince de Galles sur maille souple ainsi que pardessus vieux rose sur pantalon camel et chemise en jean brut s'avérèrent effectivement directement consommables...
Oui mais voilà, le camel étant depuis un moment déjà considéré comme La couleur, cette collection a toutes les chances de ne plus être aussi attrayante en juillet, lorsqu'elle sortira enfin en boutique. C'est un risque à considérer lorsque l'on choisit de composer un vestiaire en parfaite osmose avec l'air du temps, sans lui injecter de twist novateur...
Hannah MacGibbon a pourtant bien essayé de lancer de nouvelles pistes en adjoignant quelques détails cow-boy à ses pièces 70's. Malheureusement, franges et découpes rodéo ne parviennent pas à faire mouche. Trop prévisibles ?
En confortant les modeuses dans une tendance dont elles maîtrisent de mieux en mieux les codes, la majeure partie de ce vestiaire risque de déchaîner les passions. Espérons juste que pour l'été prochain, Hannah MacGibbon saura nous prouver que la femme Chloé peut exister au-delà des seventies...
Par Lise Huret, le 10 mars 2010
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