Connu pour l'attention qu'il porte au casting de ses défilés, Riccardo Tisci n'a pas failli à sa réputation en sélectionnant uniquement des mannequins asiatiques (Ming Xi, Fei Fei Sun, Liu Wen, Shu Pei Qin, Du Juan, Ai Tominaga et Tao Okamoto). L'effet rendu se révèle alors saisissant, la beauté sereine de ces modèles à la chevelure de jais et aux traits fins conférant à la présentation un halo quasi mystique.
Oscillant entre modernité et mélancolie, cette dernière est le fruit d'une savante alchimie entre deux thèmes totalement antagonistes. Pour alimenter sa créativité, Riccardo Tisci s'est en effet penché sur l'esthétique des jouets robotisés faisant fureur au Japon, mais également sur le travail de Kazuo Ohno, pionnier dans l'art du Butoh, une danse inspirée du drame d'Hiroshima et également appelée "Danse des ténèbres".
S'il emprunte aux jouets leurs coloris fluo et leur design futuriste, le créateur puise au coeur du Butoh émotion, puissance et teintes passées (faisant référence à la peinture blanchâtre recouvrant le corps dénudé des danseurs). Comme l'on pouvait s'y attendre, le résultat s'avère au final dramatiquement esthétique, absolument moderne et parfaitement exécuté.
Entre voiles diaphanes aux subtils dégradés chimiques, broderies magnifiant le plumage d'une aile, casques manga et détails dorsaux intensément fluo (le tout se voyant parfois pimenté de jeux de carrure rappelant aussi bien l'armure des samouraïs que celle de tel ou tel héros de science-fiction), les dix toilettes se succèdent religieusement, afin que chacun puisse en admirer la sophistication.
Et si Riccardo Tisci opte ici pour un nombre très restreint de modèles, ce n'est certainement que pour mieux mettre en exergue la densité de ses créations...
Par Lise Huret, le 26 janvier 2011
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