Lundi
Je me fais petit à petit à ma nouvelle coiffure... Samedi dernier, après un intense sentiment de fragilité émotionnelle, je décide de partir vivre dans un ashram. La vision de Charles tout souriant dans son transat me fait cependant rapidement changer d'avis. Je troque alors l'Inde pour une frange. Et cette frange, il me la faut tout de suite. J'envoie donc valser cette croyance un peu snob selon laquelle seul tel ou tel nom en vogue de la coiffure serait à même de me sublimer et décide de confier ma tête à l'affable coiffeur du quartier, plus branché indéfrisable que plateaux de cinéma. J'en ressors 50 minutes plus tard fière de mon nouveau bouclier capillaire, qui a le mérite d'apporter un changement tangible, si ce n'est à mon existence, tout du moins à mon apparence...
J'apprends que mon ami Emmanuel s'est marié avec son amoureux de longue date. Leur union désormais possible me touche tout particulièrement.
Mardi
Cela fait maintenant une semaine que j'ai commencé le yoga bikram. Désireuse de reprendre le pouvoir sur mon corps après le lâcher-prise de la grossesse, j'ai récemment décidé de me confronter à cette discipline qui m'intriguait depuis longtemps. Le yoga classique ayant tendance à m'ennuyer, je me suis dit qu'en tester une variante pourrait me plaire. Je me suis donc inscrite au centre de Yoga Bikram Rive Gauche. Entre la prof américaine, l'espace bien pensé et l'ambiance studieuse, j'ai l'agréable sensation d'être de retour à Vancouver… Chaque cours suit le même déroulement : dans une salle chauffée à 40°C et tapissée de miroirs, 26 postures sont enchaînées pendant 1h30. Au fil des minutes, ma souffrance cède la place à une sorte d'état d'intense concentration : focalisée sur ma respiration, j'en oublie les corps transpirants qui m'entourent. Je ressors de la séance délestée d'un litre d'eau, l'esprit apaisé et l'estime de moi au beau fixe. Je crains néanmoins que le caractère répétitif des cours finisse par me lasser. A suivre...
Mercredi
J'ai l'impression que les gens se remettent à écrire : je n'ai jamais reçu autant de cartes de voeux rédigées à la main que cette année. Des attentions délicates qui me touchent, bien plus qu'un banal email. À l'ère du tout virtuel, le grain du carton kraft de la carte de Lili Barbery-Coulon éclaire ma journée.
Mon envie de changement continue de me travailler : après la frange, je lorgne désormais sur le triple piercing sur le haut de l'oreille. Si je m'écoutais, je me ferais également faire tatouer l'intérieur du poignet. Julien tente de freiner mes ardeurs en me proposant d'aller essayer des bijoux d'oreille au Bon Marché, afin d'y voir un peu plus clair dans mon envie de piercing. J'essaie tout d'abord un Pamela Love (qui a bien du mal à rester plaqué sur mon oreille), puis d'autres plus bling-bling, pour finir par tomber sur un modèle signé Julie Borgeaud, dont l'éclat doux de l'or rose me charme. Sur l'oreille, il est parfait. Julien décide de me l'offrir, trop heureux d'y trouver un palliatif à mes envies d'adulescente...
Jeudi
Charles commence à être gardé. J'oscille entre la joie de retrouver un peu de liberté et l'angoisse de le confier à des étrangères. Un problème à régler avec moi-même, car c'est un bébé calme et serein que je récupère en fin d'après-midi. Cette première vraie séparation me laisse entrevoir toutes celles qui suivront. Je réalise que je n'ai d'autre choix que de m'y habituer, si je ne veux pas trop souffrir...
Edwina - la créatrice de laContrie - me fait découvrir le restaurant japonais Azabu. Peu de tables, un service exquis, des mets délicats et une glace au thé vert d'une légèreté édénique : le lieu est à la hauteur de sa réputation. C'est toujours un plaisir de discuter avec Edwina, une femme dont j'aime l'authenticité, l'honnêteté, la droiture. Seule à la tête de sa griffe, elle est confrontée à des dilemmes qui me sont familiers. Comment réussir à évoluer sans se dénaturer ? Comment gérer la dimension business d'une activité née d'une passion ?
Je reçois un communiqué de presse m'annonçant le lancement d'un parfum Lidl. Celui-ci révèle que dans un test à l'aveugle, les personnes interrogées ont majoritairement préféré ledit parfum au Coco Mademoiselle de Chanel. Oui, et alors ? À mes yeux, le charme d'un parfum tient autant à sa fragrance qu'à l'univers qu'il évoque. Or, le "Madame Glamour" de Lidl ne m'évoque pas grand-chose...
Vendredi
Je feuillette le Stylist de la semaine, ce magazine gratuit lancé en 2013 par le groupe Marie Claire. L'étonnante quasi-absence de pub - qui peut s'expliquer par la couverture achetée par Yves Saint Laurent - permet de mettre en valeur un contenu plutôt fouillé. Et si la partie mode ne présente pas un fol intérêt, les enquêtes socio se révèlent quant à elles assez intéressantes. On y sent l'influence du background d'Audrey Diwan (neuf ans chez Glamour en tant que chef de rubrique culture et société).
Par Lise Huret, le 31 janvier 2014
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