Le lieu :
Plus sûr de lui que jamais, Alexander Wang n'a pas hésité en ce dimanche neigeux à faire migrer tout le "fash pack" de Manhattan vers Brooklyn. Après un long trajet en taxi et une centaine de mètres effectuée à pied sur un sol glissant, les rédactrices de mode et autres socialites purent enfin pénétrer sur le lieu du défilé : une immense serre située sur les bords de l'East River et ayant servi à la promotion du dernier album de Lady Gaga. À l'intérieur, un espace industriel les attendait, entre plateau tournant et piliers d'acier.
Les inspirations :
Pour définir l'ADN de sa collection, Alexander Wang évoque les températures extrêmes, la vie urbaine, le réchauffement climatique et les pièces nécessaires pour affronter le grand froid.
La femme Alexander Wang :
Le sourcil bleaché et le cheveu laqué, la femme Alexander Wang semble parée pour affronter les éléments, qui ne devront à aucun moment gêner sa vie de citadine connectée. Lovée tour à tour dans des peaux de bêtes à peine retravaillées et dans d'immenses vestes utilitaires (qui lui servent aussi bien à se protéger du froid qu'à transporter son matériel de survie - moleskine/rouge à lèvres/appareil photo/iPhone), elle n'hésite à puiser au sein de ses affaires de sport, dans les boutiques vintage ou encore dans le dressing de son mari travaillant à Wall Street pour se composer ses tenues du quotidien, qu'elle réveille à coup de coloris artificiels.
La collection :
Taillée pour les filles boyish au corps sculpté par les séances de yoga, la collection automne/hiver 2014-2015 d'Alexander Wang s'ouvre avec des looks conjuguant au futur pièces classiques et vêtements utilitaires. Les chemises de working girl se taillent ainsi dans quelques cuirs protecteurs, les vestes d'explorateur se muent en néo-robes Courrèges et combi-bermudas, tandis que les motifs cravate peuplent des blouses d'un nouveau genre et que les costumes masculins revus en mode culotte courte se portent accompagnés de coupe-vent aux teintes acides (voir ici et là). Par la suite, les textures se complexifient : les cuirs se tissent, se nouent, s'impriment, les peaux se parent de détails tricotés, les bandes de shearling jouxtent des tissus techniques ajourés et l'astrakan s'infuse de coloris chimiques, le tout servant des looks d'anticipation mixant dégaine seventies, volumes sporty et insolence futuriste. Le final se pense quant à lui en mode SF, via 11 ensembles conçus dans des matières sensibles à la chaleur et qui révèleront leurs motifs cachemire fluorescents une fois sous le feu des projecteurs.
Le dress code :
L'humeur est ici aux superpositions de textures, au foulard noué au plus près du cou, à l'avènement du bermuda ou encore aux OFNI fusionnant santiags, bottes de pluie et cuissardes. Sans oublier les duos pull-over en maille avant-gardiste/micro jupe, haut étroit/pantalon large et col de chemise boutonné haut/foulard.
Les pièces fortes :
Les blousons aux détails en shearling, le trench au col en astrakan fluo, les robes tuniques brodées de lanières de cuir et les chemises en cuir ou tissu cravate ne devraient pas laisser les acheteurs indifférents.
Ce que j'en pense :
Passé maitre dans l'art de créer le buzz, Alexander Wang a une fois de plus fait de son défilé un moment fort de la fashion week new-yorkaise. Oui mais voilà, une fois l'excitation retombée, difficile d'être réellement emballé par le cru 2014 de ce petit génie du marketing, qui semble s'être dit ici qu'il lui suffirait de proposer de l'astrakan fluo et de copier Nicolas Ghesquière pour se composer une collection digne de ce nom. Entre détails gadgets pour aventurière du dimanche, pièces seventies bancales, sweat plus bizarre que seyant et présence récurrente du bermuda (alors que les hivers s'annoncent de plus en plus rigoureux), Alexander Wang préfère ainsi l'expérimentation à la subtilité, le tout pour un résultat aléatoire, oscillant entre pièces fortes et partis pris maladroits...
Par Lise Huret, le 10 février 2014
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Pour ce qui est de la collection, lorsque je la regarde de près rien de bien fou fou... Le défilé était impressionnant mais point de vue fringue, je n'ai pas de coup de coeur.
Très bonne analyse, sinon :)