Sur le podium, l'audace subversive, le minimalisme cru, l'humour grinçant et l'esprit recup' inhérent au style Martin Margiela se mêlent ainsi - avec plus ou moins d'à propos - à la théâtralité extravagante, au glamour décadent, aux références historiques et à la grandiloquence stylistique chers à l'ex-DA de chez Dior. À la bizarrerie Margiela, le créateur injecte suffisamment de démesure romantique et de clin d'oeil cabaret pour que l'on sente l'énergie Galliano poindre au travers de chaque détail couture. Lorsqu'il ne sublime pas l'austérité conceptuelle de l'ancien maître des lieux en imaginant des tenues monochromes au rationalisme aussi élégant que rafraîchissant (voir ici, ici et là).
Pour clôturer cette messe de rédemption, John Gallliano nous livre deux robes de bal pour princesse robotique. Mêlant drapé, bouillonné, asymétrie, traîne magistrale, plastron "accumulation" et masques au rictus perlé, celles-ci se révèlent être un joyeux concentré de l'ADN des entités artistiques présentes ce jour-là.
Ce que j'en pense
À force d'attendre, on est souvent déçu. Je rêvais d'un retour flamboyant, extravagant, dramatiquement émouvant, il se révèle finalement simplement réussi. Pas de fausses notes, mais rien de bien nouveau non plus.
Ni distribuées, ni produites, les collections haute couture Maison Martin Margiela Artisanal ont la chance de n'avoir à se soumettre à aucune exigence de portabilité et donc d'offrir à John Galliano toute latitude pour exprimer sa créativité. Je m'attendais ainsi à ce que cette dernière - muselée depuis plusieurs saisons - explose et m'ébaudisse, mais ce ne fut pas le cas.
Toujours est-il que son retour me fait plaisir. Manquant actuellement cruellement de folie, la mode aura en effet bien besoin - pour retrouver un peu de panache - de "l'outrecuidance baroque" de John Galliano...
Par Lise Huret, le 13 janvier 2015
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