Vendredi
17h30 : Nous embarquons dans l'avion pour Florence. Charles est tout heureux d'avoir sa propre place (jusqu'ici il voyageait sur nos genoux). En contemplant Paris qui s'estompe sous les nuages, je souris : l'aventure commence !
18h50 : Peu avant l'atterrissage, l'équipage de bord annonce que celui-ci va être assez rude, car la piste est très courte. Après la périlleuse descente finale de Saint Barth (voir ici et là), nous sommes décidément abonnés aux atterrissages difficiles…
19h00 : Alors que les passagers ont presque tous quitté l'avion, Charles se promène entre les sièges. Tout à coup, une voix retentit dans les haut-parleurs : "Le petit garçon qui court dans l'allée est demandé dans le cockpit !". Nous échangeons un regard avec l'hôtesse de l'air qui nous sourit et nous invite à nous diriger vers l'avant de l'avion. Quelques secondes plus tard, Charles se retrouve assis sur le siège du copilote. Débute alors un concert de "Ohhhh, ohhhh, ohhhhh !" face au tableau de bord aux mille boutons lumineux. Au moment de partir, je remercie chaleureusement le commandant pour ce cadeau unique.
19h20 : Après avoir récupéré nos bagages, nous sortons de l'aéroport. L'air est doux, au loin un pin parasol nous accueille avec majesté. Il est temps de trouver un taxi. 20h : Alors que les rues sont minuscules, les passages étroits et les voitures nombreuses, notre chauffeur conduit à une vitesse folle... La conduite à l'italienne ? Nous arrivons néanmoins entiers devant l'immense porte en bois de notre immeuble. Entre sol en pierre et impressionnante hauteur sous plafond, nous avons l'impression de pénétrer dans une église. Je commence alors l'ascension avec Charles des 4 volées de marches qui nous séparent de notre appartement, tandis que Julien hisse tant bien que mal nos 4 valises de 23 kgs chacune...
21h30 : Usé par nos pérégrinations, Charles s'est endormi d'un coup. Fatigués, un peu ailleurs, mais vraiment heureux, Julien et moi buvons un lait chaud au miel au creux de ce nouvel environnement cosy et accueillant.
Samedi
7h45 : Les cloches du Duomo me tirent du sommeil. Je m'étire dans les draps en lin de notre nouveau lit. La lumière poudrée du matin filtre à travers les rideaux. La journée commence bien ! 8h30 : Je me faufile à travers les rues encore vaguement ensommeillées à la recherche d'une boulangerie (ou de quelque chose s'en approchant). Sur mon chemin, je croise de majestueuses portes en bois entrouvertes sur un couloir de pierre voûté coupé par une haute grille en fer forgé qui protège généralement soit un jardin, soit une cour intérieure raffinée. À la fois mystérieuses et gorgées d'histoire, ces entrées me fascinent.
13h : Alors que je commence à ranger nos affaires, je réalise que j'ai emporté bien trop de vêtements. 4 shorts ? 5 pantalons ? Deux de chaque m'auraient amplement suffi... Je me promets d'étudier sérieusement la question. J'aimerais notamment simplifier mon uniforme et miser davantage sur les accessoires.
Dimanche
8h : Charles gambade dans l'appartement : passer de 50m2 à 140m2 lui change la vie. Il se cache partout, tente de battre des records de vitesse à califourchon sur son bus en bois rouge et s'amuse à faire résonner sa voix dans les pièces…
12h : Nous testons les pizzas du restaurant situé juste au coin de la rue. La pâte fine mais moelleuse est à tomber. De son côté, Charles n'en perd pas une miette, si bien qu'une fois sa première part engloutie, nous avons le droit à un "encore zzaaa !" de la part de notre "bambino".
16h : Nous faisons connaissance avec la nounou américaine qui viendra garder Charles chez nous tous les matins. Après une heure passée avec cette femme expérimentée, chaleureuse et pleine de tact, nous avons le sentiment d'avoir trouvé la perle rare...
Lundi
6h : Je commence ma journée de travail en dégustant un café au lait brûlant. Pour l'instant, je n'ai pas de bureau fixe, et je n'en ressens d'ailleurs curieusement pas l'envie, préférant m'installer ici ou là dans l'appartement. En ce début de matinée, j'ai ainsi élu domicile sur le canapé : la connexion internet est bonne, tout va bien.
9h : Nous sachant dans le bureau jouxtant le salon, Charles tambourine à notre porte et hurle en larmes : "Papa, Mamannnnn !". Nous résistons 15 minutes, mais la situation devient vite gênante, autant pour nous que pour la nounou. Julien décide alors d'aller travailler dans le salon, mais ce n'est pas une solution viable. Il va falloir trouver une alternative…
16h : L'élégance des florentins électrise mon regard. Entre combo de couleurs chic (marron/bordeaux, camel/bleu ciel, bleu marine/caramel), sous-pull glissé sous un pull col V, chapeau posé de biais (de manière à ombrer une partie du visage), chemise glissée sous un gilet à profond col V et pantalon roulotté sur une paire de derbies cirées, chacun cultive son style avec attention, du vieux monsieur à la barbe blanche bien taillée au trentenaire svelte aux boucles brunes.
Mardi
8h15 : Nous arrivons avec nos ordinateurs à la Bibliothèque nationale centrale de Florence (l'objectif étant de laisser Charles et sa nounou s'acclimater tranquillement l'un à l'autre). Ouverte au public depuis 1747, celle-ci se révèle grandiose. Une fois l'étape ardue de l'inscription passée (la faute à notre italien beaucoup trop rudimentaire), nous nous installons dans une immense salle, digne de la bibliothèque de la Sorbonne. Seul le grincement des lourdes chaises sur lesquelles nous sommes assis vient de temps à autre briser la quiétude des lieux. 12h : Sur le chemin du retour, l'ensemble vivant et attachant que composent façades noircies et architecture des bâtiments semblant tout droit sortis d'un péplum nous séduit tout particulièrement.
17h : Si l'épicerie du coin porte le nom de "Carrefour Express", je ne retrouve aucun des produits auxquels je suis habituée. Je fais en effet face à une avalanche de pâtes mais à très peu de conserves, à de nombreux biscuits variés mais à un choix restreint de céréales. Ce n'est pas grave, on va s'adapter : vive les petits déjeuners au Nutella…
Mercredi
13h : Je ne sais pas si je suis déjà influencée par l'ambiance stylistique environnante, mais je me surprends à avoir envie de nouer un foulard en bandeau dans mes cheveux, de me peindre partiellement une oreille à la feuille d'or ou encore de m'offrir des lunettes de soleil moins unisexe que mes Ray-Ban aviator.
17h : Chaque pas dans cette ville est propice à la découverte. J'aime les balcons couverts soutenus par d'immenses colonnes, les arbres qui débordent des toits-terrasses, les incroyables façades d'églises déclinées en vert céladon et rose passé, les bords de l'Arno d'où l'on peut admirer les hauteurs de la ville… 22h : Je décide de m'inscrire sur Babel.com. À moi les cours d'italien débutant…
Jeudi
7h : Charles parvient à dire "grazie" (enfin… plutôt "ziézié" !). Entre "merci", "thank you" et "grazie", je me demande comment il va réussir à se débrouiller...
18h : Je file essayer les sublimes étoles Faliero Sarti dont Emmanuel m'a vanté les mérites. Je ne suis pas déçue : immenses et d'une qualité extraordinaire, celles-ci ne demandent qu'à venir se lover amoureusement autour de mon cou. Seul leur prix me retiendra de céder.
21h : J'apprends le départ de Raf Simons de chez Dior. Face à l'importance de la nouvelle, j'hésite à rédiger un article sur le sujet en lieu et place du Week Diary. Après une rapide réunion de rédaction (Julien + moi), la décision de conserver le Week Diary est prise à l'unanimité. Rendez-vous lundi pour une réflexion sur l'insolent choix de Raf Simons...
Par Lise Huret, le 23 octobre 2015
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