Jeudi 7 janvier
14h : Près de la boutique de bijoux Tharros se trouve une toute petite et très ancienne église. Avec Charles, nous pénétrons à l'intérieur. J'aime me retrouver dans ce genre d'endroit avec lui. Il est impressionné par la pénombre, par les bruits qui résonnent, les effluves d'encens... Cela nous plonge tous les deux dans un état quasi méditatif. Jusqu'au moment où il décide de tester sa voix sous les voûtes de l'édifice...
21h : J'ouvre mon ordinateur et découvre plusieurs "mini emails" de mon amie russe. Depuis quelque temps, nous échangeons beaucoup. De son Moscou natal, elle scanne les médias 2.0, relève les bons papiers, les analyses intéressantes, les articles constructifs et me les transmet. Rien ne lui échappe. Infiniment cultivée, elle m'incite à voir tel vieux film, à lire tel ouvrage, à écouter tel compositeur... J'ai l'impression d'avoir trouvé mon Mr Keating !
Vendredi 8 janvier
15h : La sonnerie de mon téléphone retentit, c'est Charlotte. Cela me fait d'autant plus de bien de l'entendre que depuis mon arrivée à Florence, nous n'avions pas encore réussi à trouver le temps de nous parler. Installée confortablement sur le canapé, un thé fumant posé sur la table basse, blottie dans un plaid et le téléphone collé contre mon oreille, je suis au paradis. Nous abordons mille et un sujets, puis nous évoquons nos comptes Instagram. Je lui dis : "Il faut que je fasse attention, sur mes photos je suis presque toujours habillée pareil" et elle me répond : "C'est justement cela que j'aime : voir une fringue vivre, la retrouver d'une photo à l'autre". Je n'avais pas vu les choses ainsi...
19h : Alors que les Bee Gees s'époumonent dans notre salon, je dessine, Julien lit et Charles… danse ! Petits pas sur la pointe des pieds, tours sur lui-même, balancement des bras : tout y est. Il est dans son monde et le simple fait de le contempler me procure une joie indicible...
Samedi 9 janvier
15h : La tête levée vers les murs peints du Palazzo Vecchio, je suis saisie par la délicatesse, la modernité et l'audace des chimères évoluant d'une corbeille de fleurs à l'autre. Entre couleurs translucides, traits déliés, folie créative et espièglerie endiablée, je ressens une connexion quasi charnelle avec ces peintures aux allures de croquis (j'apprendrai plus tard qu'il s'agit d'un courant appelé art grotesque). Je resterai longtemps à les contempler, en dépit de la petite main me tirant vigoureusement vers la sortie…
18h30 : Il pleut sans discontinuer, la nuit est tombée, un léger vague à l'âme envahit l'appartement. J'allume une dizaine de bougies, trouve sur Deezer un solo de harpe et propose à Charles de confectionner un gâteau pour le dessert. Entre lumière tamisée, mélodie chaleureuse et odeur délicieuse, l'atmosphère s'est métamorphosée. Comme quoi, il y a toujours quelque chose à faire pour endiguer les affres de la mélancolie...
Lundi 11 janvier
15h : Je pénètre dans une boutique très "old school" spécialisée dans le casentino (depuis que l'on a attiré mon attention sur cette matière, j'ai remarqué qu'elle servait à merveille l'élégance des Florentins (voir ici et là)). J'évoque avec la vendeuse les formes qui me plaisent, essaie plusieurs coupes et tombe amoureuse de l'une d'entre elles. Je choisis alors la teinte de mon "Firenze" via un nuancier composé de petits carrés de tissu (le fameux orange attire mon regard, mais je sais très bien qu'une fois sortie de ma bulle italienne je n'oserai plus le porter) puis demande à rallonger les manches d'un bon centimètre. La commande est passée, rendez-vous dans 3 semaines...
Mardi 12 janvier
9h30 : Avant d'aller au Pitti Uomo, je retrouve mon amie russe - elle fait partie du "board" du salon - pour le petit déjeuner. L'hôtel où elle loge est aussi luxueux que chaleureux. Nous y dégustons un pain complet exquis, un succulent jus de pamplemousse ananas et de l'excellente charcuterie. La propriétaire des lieux vient alors prendre le café avec nous. Belle, distinguée et diablement élégante dans son tailleur Prada, elle me fait prendre pleinement conscience de la capacité de la griffe italienne à nimber de force et de fantaisie le quotidien des femmes.
Jeudi 14 janvier
8h15 : En longeant le Duomo sublimé par la lumière hivernale, je réalise ma chance de vivre à deux pas d'un tel chef-d'oeuvre, et de pouvoir chaque matin m'abîmer quelques secondes dans la contemplation des détails de cet immense édifice. Je ne m'en lasse pas !
10h : Je croise un jeune homme dont l'allure mêlant style amish et dégaine hipster/sportswear focalise mon attention. Tout de noir vêtu (manteau ¾, pantalon ⅞, sous pull, chapeau rond à larges bords), celui-ci a choisi de chausser une massive paire de baskets blanches, créant ainsi un contraste surprenant avec la sobriété du reste de son look.
19h : Je croque dans la meilleure pizza qu'il m'ait été donné de déguster. Échoués par hasard dans un restaurant argentin, nous sommes sidérés par la qualité des pizzas qui viennent de nous être servies. Entre fraîcheur des produits et pâte fine et moelleuse, on frôle la perfection.
Lundi 18 janvier
8h15 : Dans le froid saisissant du matin, je presse le pas vers ma salle de sport. Alors que j'arrive au niveau du baptistère Saint-Jean, je croise une petite fille se rendant à l'école avec sa maman. Dans sa main se trouve non pas un croissant, mais un bout de pizza... Le petit déjeuner des champions !
19h : La serveuse du restaurant japonais où nous sommes attablés - nous avons décidé d'initier Charles à la cuisine nippone - vient prendre notre commande. Alors que je m'apprête à prendre la parole, Charles lève la tête vers la jeune femme et lui lance d'une voix tonitruante : "non riiiiiz, fites !" (traduction "pas de riz pour moi, je veux des frites !"). Devant notre stupéfaction amusée, le garnement réitère sa demande d'un air encore plus affirmé. Difficile de ne pas éclater de rire... Finalement, il se régalera de son riz gluant et de son saumon teriyaki.
Jeudi 21 janvier
17h : Alors que Julien et Charles sont partis jouer au "yout" (traduction : "foot"), je commence à réfléchir au déroulement du week-end prochain. Géraldine vient nous rendre visite… J'ai hâte !
Par Lise Huret, le 22 janvier 2016
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