Vendredi
20h : Quand nous étions en France, nous ne regardions qu'une seule émission à la télé : Koh Lanta. Alors oui, oui c'est parfois racoleur (la fréquence des plans sur les fesses des participantes mériterait une étude à elle toute seule), mais il est on ne peut plus jouissif d'observer et d'analyser le comportement de ces "aventuriers" tiraillés par la faim. Depuis notre arrivée au Canada, le vendredi soir c'est donc replay Koh Lanta + pizza faite maison pour tout le monde… On est loin du prix Goncourt, mais qu'est-ce que c'est bon !
Dimanche
14h : Nous franchissons les portes de la piscine publique la plus proche de chez nous (située à 40 minutes de marche). Charles est surexcité. De mon côté, j'essaie de faire bonne figure, en dépit du fait que l'espace soit archi-bondé et que je déteste cela. Quelque minutes plus tard, lorsque je réalise que le petit bassin est momentanément fermé car un enfant l'a confondu avec les WC, que l'eau est glaciale, que la plupart des petits en bas âge ne portent pas de couche de bain et que nombre d'adultes (toutes religions confondues) se baignent en tee-shirt et caleçon long, je sens la syncope me guetter. Je me mets alors en mode "survie/dissociation" - comme lorsque je passe près d'un camion-poubelle ou que je dois me faire soigner une carie - et envoie mon esprit bien loin de cette eau pleine de mignons adénovirus...
19h : Nous constatons dépités que notre bar/restaurant du dimanche soir est réquisitionné par une bande de joyeux (et bruyants) étudiants. Il nous faut donc trouver rapidement une alternative. Pas envie de junk food, ni de nourriture japonaise ou de plats coréens. Après quelques minutes de marche, nous distinguons au loin une enseigne lumineuse affichant sobrement "Steakhouse". On se dit que cela devrait correspondre à nos critères niveau qualité/prix/ambiance child friendly. En entrant dans le vestibule du restaurant, j'ai cependant la sensation bizarre que le duo poussette/Stan Smith n'est guère adapté à l'endroit. Alors qu'un maître d'hôtel compassé nous accueille sentencieusement, j'ai envie de partir en courant, mais Julien fait comme si de rien n'était. Je découvre crispée une salle à l'ambiance feutrée, aux longues nappes blanches, aux fauteuils capitonnés… Tout irait bien en fait si je pouvais faire disparaître Charles pour deux heures et foncer dans la boutique d'en face voler une paire de Manolo, mais ce n'est pas le cas. Une fois assise, alors que je sens monter la crise d'angoisse, je me force à rationaliser : je n'ai plus 15 ans, je peux m'offrir ce genre de dîner, Charles - un brin impressionné - s'est transformé en petit ange docile et je suis tout aussi légitime de dîner ici que la jolie blonde botoxée de la table d'à côté. Le repas fut délicieux.
Lundi
13h30 : "Tut tut !". Lorsque j'entends ce bruit derrière moi, je sais désormais que je ne dispose que d'une seconde ou deux pour m'écarter, avant que ne me dépasse à vive allure une de ces voiturettes pour personnes à mobilité réduite qui règnent ici en maître sur les trottoirs. En véritables as du volant, ces conducteurs émérites slaloment, invectivent, jouent du klaxon et effraient les touristes. Cela vaut le coup d'oeil !
17h : Le doux soleil d'automne nous pousse à ne pas rentrer tout de suite à la maison après la crèche. Direction donc un "playground" hyper bien pensé (ils ne le sont pas tous). Entre le pont mouvant, les murs d'escalade, les balançoires et les toboggans en duo permettant de faire la course, nous partageons avec Charles un moment de complicité rare où je deviens son meilleur compagnon de jeu. Je me gorge de cette tendresse espiègle et savoure ce moment qui je sais ne durera qu'un temps. Charles grandit si vite…
Mardi
6h : J'arrête le tapis de course sur la note finale de la dernière saison de House of Cards. J'ai désormais épuisé toutes les séries qui m'attiraient. Si quelqu'un à des suggestions à me proposer, je suis preneuse...
11h : En lisant vos réactions sur l'article "Portraits shoesesques de saison", je ressens un grand soulagement. J'avais si peur que celui-ci tombe totalement à côté...
14h : À deux pas de downtown, Yorville Avenue mêle restos ultra chics, buildings hors de prix, boutiques "branchées" et hôtels 5 étoiles. On y croise des sexagénaires à la peau opaline et aux lèvres de mérou, des voitures de sport rugissantes, mais aussi et surtout des filles que l'on ne voit pas ailleurs à Toronto. À savoir des jeunes femmes au bronzage parfait, à la ligne svelte, au make up pas trop soutenu et aux cheveux entretenus avec soin, arborant souvent un gobelet de jus de fruits frais et/ou le dernier "it" bag en vogue et vêtues à coups d'Alexander Wang, Rag&Bone ou Marc Jacobs… Rien ne dépasse, tout est calculé pour avoir l'air terriblement cool. Un cool pas naturel, presque caricatural, d'où émane une intense sensation de superficialité.
Mercredi
6h30 : Je remonte les draps, mais ils s'obstinent à m'échapper... Je me redresse alors et découvre Charles en train d'escalader notre lit : "Coucou maman !". Il s'installe au milieu de nous deux et déclare d'une voix bien trop forte : "Moi je veux un gâteau au chocolat !". Je lui murmure : "Mon chéri, on ne dit pas je veux, on dit j'aimerais". N'en ayant apparemment cure, le glouton en pyjama jaune réitère bruyamment sa demande. Son père se réveille… Et alors que je m'attends à l'entendre gronder gentiment Charles, sa voix ensommeillée s'élève goguenarde : "Moi je veux une tarte à la fraise !". Charles interdit me regarde et répète d'une voix moins assurée : "Moi je veux un gâteau au chocolat !". Je rentre dans le jeu : "Moi je veux faire du surf tout de suite !". Julien : "Moi je veux devenir un super héros !". Au bout deux minutes de surenchères verbales, Charles s'assoit, nous regarde désabusé et nous lance : "Bon, on va petit déjeuner ?".
9h : "Ding !". Une amie - qui bosse pour une griffe française - me demande sur WhatsApp mon adresse canadienne afin de m'envoyer un cadeau (un pull) en remerciement pour une interview à laquelle j'ai répondu pour leur site. Je trouve cela adorable. Je n'ai qu'une hâte : foncer sur leur e-shop et essayer de deviner quel modèle ils vont m'offrir.
10h : Devant mon écran, je n'arrive pas à me concentrer : cette histoire de cadeau me perturbe. Il faut dire que je deviens de plus en plus allergique au concept des privilèges - sacs coûteux, voyages et autres it shoes offerts gracieusement - inhérents au milieu de la mode/lifestyle/beauté. Et si je sais que dans mon cas il s'agit d'un cadeau de remerciement, je sens que je ne serai vraiment en paix que si je le refuse. Argh… J'avais pourtant trouvé un pull sublime !
Jeudi
8h : Moi qui ne me maquille pas (ou très peu), je suis depuis longtemps habituée à voir mes amies le visage magnifié par un savant make-up. Cela me fait donc tout drôle de voir celui de Mai désormais dénué d'artifice. Ce n'est plus vraiment la même. Or, la "nouvelle Mai" correspond à mes yeux tellement plus à celle qu'elle est à l'intérieur...
En passant...
Il est fascinant de voir à quel rythme Charles assimile de nouveaux mots d'anglais...
L'accro au naturel que je suis se surprend de plus en plus souvent à penser à un moyen de stopper l'avancée de cette fameuse ride du lion.
Ce manteau Balenciaga est encore plus beau porté (j'ai eu du mal à la reposer).
J'ai enfin trouvé un petit déjeuner qui me tient au corps quasi toute la journée, qui est facile à digérer et encore plus à préparer : les barres protéinées. Alors oui, le goût laisse franchement à désirer, mais niveau satiété et énergie, c'est magique !
Par Lise Huret, le 04 novembre 2016
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Paradoxalement, je regarde peu la TV donc je ne pourrai pas te conseiller au niveau des séries...
En revanche des idées de livres j'en ai (et pas que les Goncourt).
Le petit déjeuner est un moment privilégié également pour moi et passe par des protéines: ça calle et on n'a pas le coup de barre du milieu de matinée. En plus, cela permet de diner léger le soir car on a moins de fringale.
Je vois que Charles adore patauger dans les flaques d'eau, le filou ;)