Défilé Gucci - Printemps/été 2018
En brassant avec impertinence les influences sportswear, baroques, eighties, seventies et tribales, la collection Gucci printemps/été 2018, plus bavarde que jamais, livre un vestiaire kaléidoscopique à la saveur changeante...
Les personnages Gucci de la saison
L'étudiante en histoire jusqu'au-boutiste rédigeant un mémoire sur le Roi Soleil (voir ici).
Le trader qui, pour survivre psychologiquement à l'inhumanité des marchés financiers, se glisse dès son retour du bureau dans des vêtements à l'effigie des cartoons de son enfance (voir ici).
La nerd anti-fast fashion ne portant que du seconde main et se fichant éperdument des règles esthétiques régentant le dress code de la gent féminine (voir ici).
L'ex-actrice de Dynastie ne se remettant pas de son éviction de la série et qui, 20 ans après, continue d'arpenter les bars coiffée comme son personnage (voir ici).
L'excentrique revêche qui, n'ayant pas apprécié de voir la mode s'emparer de ses épaulettes fétiches, a décidé de challenger les créateurs en optant pour une carrure démesurée (voir ici).
Le jeune garçon indécis sur son genre ayant décidé de ne pas trancher en portant le blazer de son père et les bijoux de sa mère (voir ici).
Le fils de bonne famille qui, depuis sa dernière escapade en Tanzanie, s'est pris de passion pour les peaux exotiques et les parures tribales (voir ici).
L'alien venue passer sa convalescence post-lifting au 19e siècle (voir ici).
La collégienne britannique qui, en ayant plus qu'assez de porter l'uniforme depuis sa plus tendre enfance, est aujourd'hui décidée à en découdre avec le conseil de discipline (voir ici).
L'étudiante de Duperré hyperactive profitant de sa luxation de la mâchoire pour imaginer un accessoire novateur faisant office aussi bien de "cache double menton" que de "barbe bijoutée amovible unisexe" (voir ici).
L'ancienne gloire du cinéma français faisant semblant de vouloir passer incognito (voir ici).
Logo mania
Véritable marotte d'Alessandro Michele, le logo Gucci se voit une fois de plus décliné sur tous les tons. Le challenge de la saison pourrait d'ailleurs être de réussir à compter le nombre de fois où apparaît le fameux double G de Guccio Gucci, qui se mue ici tour à tour en pendentif baroque, en imprimé all-over, en motif placé, en sautoir massif, en dentelle ou encore en graphisme sixties.
Les robes "tapis rouge"
Parfaitement conscient du désir inavoué des actrices et chanteuses de se glisser de temps à autre au sein de robes de fée disco/princesse contemporaine/divinité psychédélique, le DA de Gucci leur fournit régulièrement de quoi nourrir leurs fantasmes de femme/enfant. Cette saison, il imagine ainsi des toilettes aux justaucorps chair brodés de verroterie digne de Sailor Moon, des ensembles subtilement translucides se voyant réchauffés de manches ballons amovibles incandescentes ainsi que des robes semblant sortir tout droit des années 30.
Les potentiels futurs best-sellers
Une fois descendues du podium et examinées séparément, certaines pièces ne manqueront pas de faire mouche auprès des disciples de Michele (et sûrement au-delà). On pense notamment aux blazers prince de Galles semblant parfaitement taillés (voir ici et là), aux pull-overs brodés, aux tailleurs-pantalons courts sur la cheville, aux vestes de jogging bijoutées, aux ceinture Gucci femme ou encore à cet anorak rétro.
Les gimmicks 2018
Le stylisme des shows Gucci regorge de gimmicks appelés à venir agrémenter les looks de saison. Pour l'été 2018, le petit chouchou d'Anna Wintour propose ainsi de mixer haut sportswear et robe romantique (un concept ayant déjà fait ses preuves chez Chloé), de faire des sacs bananes des ceintures à part entière et de dérider nos costumes en leur associant des colliers tribaux.
Ce que j'en pense
En visionnant ce défilé, j'ai eu la curieuse impression que tout était déjà dans la rue, chez Zara ou au sein des dernières collections Gucci. On ne sait plus vraiment qui cite qui, qui s'inspire de quoi… Par ailleurs, avant même d'arriver sur le marché, les pièces fortes de la collection semblent déjà galvaudées, tant il est facile de deviner ce qu'en fera la fast fashion. Et que dire des blazers prince de Galles certes désirables, mais qui semblent vouloir profiter à tout prix d'une tendance d'ores et déjà largement adoptée par les modeuses ?
Alors certes, Alessandro Michele fait vendre, mais sa logorrhée stylistique gagnerait clairement à se voir éditée si elle veut pouvoir conserver fraîcheur et attrait...
Voir toutes les photos du défilé : https://www.vogue.com/spring-2018/gucci/collection
Par Lise Huret, le 21 septembre 2017
Suivez-nous sur , et