Pourtant, la fusion a bel et bien eu lieu, et connaissant de réputation l'intransigeance artistique de Rei Kawakubo, on se doute que la teneur de sa collection made in Sweden risque de bousculer certaines de nos habitudes. Jusqu'à présent - outre la robe de mariée Viktor and Rolf - toutes les mini collections VIPs/H&M ne comportaient en effet aucune "prise de tête" conceptuelle…
Cependant, en choisissant de collaborer avec Comme des Garçons, les Suédois vont devoir distribuer un prêt-à-porter bien plus marqué que les douceurs signées Cavalli, s'exposant ainsi à une sorte de roulette russe commerciale. En effet, si la jeune génération européenne est familière de Lagerfeld et autres Stella McCartney, elle l'est bien moins d'une maison visionnaire dirigée par un génie avant-gardiste, plus absorbé par un questionnement incessant envers la mode que par les médias.
Néanmoins, les deux partis ont dû trouver un terrain d'entente, car dès novembre les boutiques H&M transformeront une partie de leur espace en un lieu conçu entièrement par Rei Kawakubo, destiné à accueillir sa collection. Cette dernière est d'ailleurs selon ses dires "un pur produit Comme des Garçons". Il était en effet hors de question pour la créatrice de gommer son style…
Pour l'hiver prochain, Kawakubo a donc imaginé un vestiaire à dominante noir, un rien garçon manqué, constitué de vestes déstructurées, de bermudas oversize, de chemises faisant honneur à l'imprimé "pois" cher à la créatrice, de tee-shirts stretch aux formes variées et d'une pièce maîtresse : une robe manteau d'inspiration victorienne.
Par ailleurs, alors qu'H&M lui avait commandé un vestiaire enfant, Rei Kawakubo s'est abstenue, celle-ci n'ayant pas jugé l'idée pertinente. En parallèle, la firme suédoise a refusé le premier jet de la campagne de publicité proposé par la créatrice, celui-ci ne montrant aucun vêtement. Un partout, balle au centre…
Le résultat d'un duo aussi improbable ne peut que susciter l'intérêt, espérons donc que le lever de rideau qui aura lieu en novembre nous offrira une composition réussie, entre prêt-à-porter commercial et créativité débridée…
Par Lise Huret, le 12 août 2008
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