I. Les silhouettes
Power girl
Rien de tel qu'un tailleur bien coupé pour donner à celle qui s'y glisse l'assurance nécessaire pour assumer ses ambitions. Jamais complètement masculine, la garde-robe de la working girl exhale en effet une sexyness fascinante. C'est précisément cette image de femme forte - dont la séduction transparaît en filigrane - qui a inspiré certains créateurs, les poussant à réinterpréter le concept du tailleur.
Urbaine jusqu'au bout de ses guêtres de danseuse, la fille Alexander Wang s'amuse avec les codes du costume masculin. Lui empruntant ses vestes à rayures de cadre supérieur, elle les déconstruit sans états d'âme afin d'en tirer des micro tenues ouvertement sexy. Farouchement émancipée, elle assume de mêler les influences sportswear à d'autres plus conservatrices, donnant alors naissance à une sylphide citadine ultra contemporaine.
Chez Dolce&Gabbana, c'est une tout autre histoire : les références au tailoring se voient retravaillées, de manière à faire twister les charmes féminins sur une note classique. Creusée à la taille et faussement stricte, la veste d'homme se veut alors plus Monica Bellucci que Glenn Close.
Parfaitement taillé, le costume de chez Bottega Veneta pourrait bien faire de l'ombre à celui d'Yves Saint Laurent. Incarnant la quintessence du registre masculin/féminin, ce tailleur imaginé par Tomas Maier conjugue en effet sensualité et rigueur avec brio. En opposition avec la sobriété du vêtement, l'accessoirisation glitter pimente intelligemment l'ensemble. Si Alexander Wang et Dolce & Gabbana font ici preuve d'une certaine audace, le tailleur de Tomas Maier parvient à trouver la juste mesure entre force et tension érotique.
Jack London's girl
Après s'être laissée enivrer par le clubbing puis apeurer par Madoff, la femme de 2010 est bien décidée à partir à l'aventure. Elle se rêve alors héroïne d'un roman de Jack London, fantasmant sur sa capacité à affronter le Grand Nord, à frayer avec la nature et à renoncer au confort urbain. Du coup, elle convoque dans sa garde-robe vestes d'aviateur opulentes, cols en fourrure protecteurs et autres références aux aventuriers des années 1900...
Le shearling (ou peau de mouton retournée) : telle est la nouvelle matière de prédilection de Christopher Bailey. Pour Burberry Prorsum, il en décline toute une série de blousons, que n'aurait certainement pas renié l'aviateur Saint-Exupéry. Cependant, aussi roots et boyish soient ses manteaux cropped, cela n'empêche en rien la femme Burberry de penser l'aventure en mode sexy, préférant cuissardes en python et robe bodycon à n'importe quelles moon boots.
Chez Rag&Bone, les nombreuses superpositions suggèrent que l'hiver sera rude, mais non dénué de style. Les demoiselles n'hésitent alors pas à additionner pull, sous-pull, chemise et parka sur une même tenue, ce qui leur permet de se réchauffer et ainsi de conserver leur mini-jupe. Par ailleurs, afin d'entretenir leurs rêves d'expéditions extrêmes, elles adoptent au long cours les hautes et épaisses chaussettes des premiers alpinistes...
Si la muse de Riccardo Tisci compte affronter quelques intempéries, ce sera plus le regard glacial des socialites lors d'un défilé Givenchy qu'un vent catabatique en provenance de l'Antarctique. Il est vrai que son manteau zippé au maxi col de fourrure sous influences ski wear apparaît bien trop policé pour donner ne serait-ce que l'illusion d'une envie d'évasion hors de la cité... Les modeuses se sentant une âme d'exploratrice se tourneront donc vers des pièces de dessus ouvertement roots et warmy, sans oublier de tempérer leurs pulsions de globe-trotteuses par des pièces féminines.
Nouvelle Eve
Les brindilles ont fini par lasser, à tel point que l'humeur générale semble être désormais à la beauté voluptueuse, optimiste et généreuse. Probablement influencés par les aguicheuses actrices de la série "Mad Men", certains créateurs ont en effet subtilisé aux fifties/sixties leurs gimmicks stylistiques...
En revisitant - non sans un brin d'humour - les classiques de la garde-robe féminine, Miuccia Prada désire avant tout célébrer la normalité. Voulant coller à la réalité des femmes, elle change de modèle de mannequins et articule sa collection autour de pièces mettant en valeur seins et hanches.
À coups de corsets et de jupes amples, Marc Jacobs oscille chez Louis Vuitton entre réminiscences New Look et hommage à Bardot. Flattant le corsage et accentuant la tournure de ses jupes, le styliste décline l'ADN de la féminité incarnée par la star de son défilé : Laetitia Casta.
À New York, pour le show Marc Jacobs, ce ne furent pas des mannequins à la Karolina Kurkova qui émaillèrent le discours élégant et humble du créateur, mais bien des inconnues piochées dans la ville quelques jours avant le défilé. Cette saison, ce sont donc les "vraies femmes" - et non pas des êtres évanescents sans réelle connexion avec les clientes - qui tiennent le haut du podium. En résumé, s'il est peu probable que jupes à godets et longueurs mollet descendent massivement dans la rue, les fashionistas devraient enfin se sentir autorisées à faire la part belle à leur féminité...
Sur un air seventies
Si les collections de la saison sont marquées par de multiples clins d'oeil aux sixties, fifties ou encore forties, ce sont bel et bien les années 70 qui, avec comme égérie Faye Dunaway et Jane Fonda, nous livrent un style en adéquation avec les envies du moment.
À en croire Christophe Decarnin, c'est une photo prise en 1970 qui lui aurait inspiré une partie de la collection Balmain. Il est vrai que ces blouses à cravate dénouée et ces pantalons légèrement flare ne sont pas sans évoquer l'allure affûtée des héroïnes de la série "Drôles de Dames".
Chez Chloé, la citation est encore plus claire, pantalons larges et pulls col cheminée permettant de retrouver cette simplicité sportswear propre aux belles Annie Hall. Ajoutez à cela une teinte bankable telle que le beige et vous obtiendrez l'une des silhouettes phares de la saison.
De son côté, Frida Giannini emprunte aux 70's leur élégance incisive. Pantalon parfaitement coupé, fine ceinture et chemise légèrement shiny s'imposent alors comme le meilleur uniforme d'une femme Gucci plus que jamais émancipée. Ce véritable plébiscite des 70's annonce notamment le retour en grâce du pantalon flare - sinon patte d'eph' - dans nos garde-robes. Qu'il soit taille haute ou taille basse (et quelle que soit sa couleur), celui-ci devrait bientôt faire de l'ombre au slim...
Minimalisme radical
Lors des fashion weeks de mars, l'esprit d'Helmut Lang a flotté sur bon nombre de podiums. Classiques jusqu'à l'épure la plus totale, empreints d'un minimalisme quasi monacal, les vêtements élaborés par certains ont en effet tenté de se résumer à l'essentiel. Dépourvus de toutes fioritures, ceux-ci semblent vouloir se faire oublier derrière la femme qui s'y glisse...
Stella McCartney nous avait jusqu'ici habitués à un vestiaire bien plus désinvolte et froufroutant que celui de l'hiver 2010-2011. À croire que la styliste a su détecter en amont la future inclination des femmes pour les tenues ultra minimalistes. D'une simplicité confondante, ses micro robes semblent ainsi destinées à la rupture de stock (un phénomène propre aux pièces pile dans l'air du temps).
Entre laine bouillie bleu marine et poche plaquée de cuir noir, la robe-manteau de chez Céline se veut radicalement chic, à la foi néo-bourgeoise et ultra contemporaine. Phoebe Philo matérialise ici la notion d'intemporel en dessinant une collection épurée, qui traversera les années sans prendre un faux pli.
Chez Dries Van Noten, même le lamé tente de se défaire de son aura bling-bling. L'emploi de la couleur or lui permet en effet de dépouiller son modèle à l'extrême, et ce sans pour autant risquer de le rendre ennuyeux. Avec ses manches tee-shirt, son encolure étirée et sa longueur genou, cette robe incarne la facette hautement désirable du minimalisme. Ce genre de pièces drastiquement épurées illustre à merveille le mantra fashion de la saison : "Less is more".
II. Les couleurs
Camel & Co
Longtemps boudés pour leur manque de glamour, le camel et ses dérivés tiennent aujourd'hui leur revanche. Classiques d'entre les classiques, ces teintes tour à tour douces ou corsées allant du crème au cappuccino s'avèrent en effet être l'un des marqueurs - si ce n'est Le marqueur principal - de la saison automne/hiver 2010-2011. En total look ou en camaïeux, imprégnant tous les styles, la camel team séduit tous azimuts...
En tailleur beige rosé, la madone italienne de Dolce&Gabbana égratigne son allure so Jacky Kennedy en misant sur un corset ton sur ton au satin aguicheur. La palette chromatique de sa tenue a beau être infiniment sage, il suffit d'un reflet satiné pour endiabler ces couleurs jusqu'ici respectables.
Chez Prada, c'est également le choix des matières qui fait twister un camel apparemment sans histoires : grâce à son cuir ciré et son double col en lainage, ce mini caban gagne ainsi en force et modernité. Sous ses allures de pièce rétro pour demoiselle de Rochefort, il pourrait bien - s'il se voit assorti d'un basic jean cigarette - offrir au camel une virée casual chic.
Sous influence Max Mara, la fille Chloé s'adonne au long manteau brique, qu'elle marie à un jogging noisette. De l'ensemble émane alors une désinvolture allurée achevant de hisser le vestiaire d'Hannah MacGibbon au firmament de la tendance. Si le camel peut parfois s'avérer flatteur en total look, on préférera contrecarrer sa nature BCBG en l'associant à du denim. On n'hésitera pas non plus à le mixer à diverses teintes automnales - telles les couleurs cuivrées, mordorées, vénitiennes, rouille ou acajou - afin de composer de chaleureux camaïeux.
Bleu marine officier
Cette saison, le bleu officier vole la vedette au kaki des simples soldats. Montant en grade, la fashionista adopte ainsi un bleu marine synonyme de rigueur, de classicisme et de sobriété. Il est vrai qu'entre tenue de pensionnaire et uniforme de marin, le bleu a tendance à évoquer l'ordre et la discipline ; reste à savoir si une fois sur les podiums, il ne se laissera pas tenter par un brin de fantaisie...
Chez Burberry Prorsum, le blazer bleu marine ose quelques variations en s'agrémentant d'un zip doré horizontal qui lui permettra - si le coeur lui en dit - de muer vers un volume cropped. Il en profite au passage pour défier l'establishment officiel en se portant juste au dessus de collants opaques gainés d'une paire de cuissardes réglisse, rehaussant considérablement le sex appeal du timide bleu marine.
De son côté, Dries Van Noten a décidé de flatter les inclinaisons classiques de cette couleur en en imprégnant un pardessus faussement simple. Avec sa fermeture croisée et sa carrure élargie, ce dernier se révèle être une pièce ultra forte que le bleu marine, bien loin de l'affadir, sublime. Mais Dries Van Noten l'expérimente également en mode street chic, en plongeant pull-over à basques et pantalon d'équitation dans un bleu profond qu'il relève d'une touche de léopard.
Enfin, chez Proenza Schouler, une tribu d'adolescentes chétives semble avoir décidé de dévergonder le style preppy. Le traditionnel duffle-coat bleu marine se voit alors porté avec un short en cuir et une paire de bas, laissant entrevoir un filet de jambe. De quoi légèrement punkiser une couleur plus habituée à Serena Van Der Woodsen qu'à Pixie Geldof... Qu'il soit sublimement classique, boyish ou déjanté, le bleu marine est à adopter sans tarder (si ce n'est déjà fait), tant ses pigments sobres et sombres font rimer casualness avec élégance.
Une pointe de rouge
Si le rouge est sans conteste un classique des podiums, il n'en reste pas moins difficile à porter au quotidien. Il faudrait ainsi être une fille Rykiel pour parvenir à assumer un total look cerise avec ce qu'il faut de fantaisie pour ne pas virer vamp'. À vrai dire, si les panoplies rouge passion ont émaillé de nombreuses collections, c'est la version dépareillée qui éveille le désir...
Chez Isabel Marant, on tourne un remake de Grease, et ce pour notre plus grand plaisir (les pantalons capri esprit motard en cuir rouge auraient d'ailleurs sûrement beaucoup plu aux Pink Ladies du film de Randal Kleiser). On retient que si le noir se marie traditionnellement bien au rouge, lui ajouter une touche de bleu moucheté de blanc renouvelle joliment le duo.
La preppy girl de chez Marc By Marc Jacobs parvient quant à elle à faire twister la composition coquelicot/réglisse en ceignant haut son mini caban et en osant lui additionner un imprimé écossais.
C'est néanmoins chez Tommy Hilfiger que l'on retrouve la plus seyante expression du rouge de l'hiver 2010-2011. En pimentant des couleurs pastel telles que le rose et en s'associant à des accessoires en cuir marron, la teinte pomme d'amour révèle ici son véritable potentiel. Dans la pratique, on privilégiera donc une petite pièce carmin à un ensemble vermillon, de manière à pouvoir s'essayer à des mix and match inédits capables de renouveler notre garde-robe en clin d'oeil. Rouge/rose, rouge/camel, rouge/cappuccino et rouge/olive seront autant d'associations à essayer dès cet automne. Par ailleurs, on n'oubliera pas de consommer une bonne lampée de glitter mat, que l'on portera sobrement à la Dries Van Noten ou avec une pièce boyish comme chez Isabel Marant. On note enfin que l'engouement pour le kaki semble atteindre son allure de croisière, délaissant les connotations army pour devenir une couleur que l'on mixe naturellement aux hits de la saison.
III. Les matières
Velours ras
Après de nombreuses années passées loin du coeur des modeuses, le velours ras tente actuellement de faire son grand retour au sein du fashion world. Il faut dire que si cette matière fut l'apanage des élégantes du XIXe siècle s'habillant en Charles Frédéric Worth, elle était dernièrement davantage connotée baroque que trendy. Cependant, à en croire les collections automne/hiver 2010-2011, les choses pourraient bien rapidement évoluer...
Sans craindre de tomber dans le cliché du velours ras cramoisi de nos églises, Alexander Wang y coupe une mini robe sexy. Agrémentée de manches pagode en dentelle bordées de ce même velours ras, la création du jeune designer dévoile le côté sensuel de cette matière, rarement mis en avant.
Plus classique, le velours de Dolce&Gabbana se drape sur une élégante robe bustier. Grâce à sa longueur asymétrique et à la fine lingerie qui s'en échappe, cette dernière gagne en fragilité, conférant alors au velours une grâce inédite.
Familier des fracs et autres redingotes masculines des siècles passés, le velours avance en terrain connu chez D&G, offrant ses reflets moirés à un étroit blazer accompagné de son veston. En osant l'associer à un jean imprimé et une paire de moon boots imposantes, le duo italien l'introduit dans un univers sporty chic non dénué d'intérêt. Si l'on décide de donner sa chance au velours ras, le blazer sera certainement la pièce la plus facile à adopter. Il sera en effet facile de l'incorporer à sa garde-robe en le traitant en mode boyish sur un ton légèrement espiègle. On note par ailleurs que si les pantalons en velours ras sont à proscrire, on pourra donner sa chance à une robe à condition que celle-ci ressemble plus à une Dolce&Gabbana qu'à une Wang.
Peau de mouton retournée
Le terme français "peau de mouton retournée" n'étant pas très vendeur, on lui préférera le mot anglais "shearling". À n'en pas douter, celui-ci s'imposera comme le must have - toutes catégories confondues - de l'hiver 2010-2011. Cependant, si sacs, bottes et autres accessoires risquent fort de le décliner à outrance, c'est à l'évidence sur les blousons qu'il rencontrera le plus de succès.
Fer de lance de la tendance, la griffe Burberry Prorsum a fait de ce cuir lainé le pivot de sa collection. Trenchs, blousons d'aviateur, parkas : tous ont adopté la peau de mouton retournée chère aux pilotes de bombardiers. Plus chargé en testostérone que n'importe quelle autre matière, le shearling tente de s'adoucir sous l'impulsion de Christopher Bailey, en glissant de fines combinaisons en dentelle sous ses robustes vêtements d'extérieur.
Chez Rag&Bone, le blouson en shearling se porte à la manière d'une cape, de façon à adopter une dégaine moins virile susceptible de séduire la gent féminine. Simplement posé sur une sobre redingote, celui-ci se la joue étole cosy, donnant alors naissance à l'un des points forts du dress code de saison.
Phillip Lim mise quant à lui sur le contraste entre peau retournée et lainage apparent sur un mini perfecto au col de fourrure. Camel et étroit, ce genre de modèle - à la fois plus féminin qu'un vrai blouson de bombardier et collant à la gamme des it couleurs de 2011 - a de fortes chances de se voir rapidement décliné chez Zara & co... Si sur les podiums les volumes cropped sont mis à l'honneur, on pourra très bien se contenter des pièces en shearling à la longueur plus conventionnelle que l'on trouve dans les friperies (on évite juste les manteaux arrivant aux chevilles). Quant à savoir comment les porter, il suffira de prendre des notes en revisionnant consciencieusement les défilés Burberry Prorsum et Rag&Bone...
Fourrure Teddy Bear
Pour l'hiver 2010-2011, les créateurs ont décidé de traiter la fourrure avec une bonne dose d'humour. Aux manteaux lustrés pour dame avec chauffeur se sont ainsi substituées des pièces moins raffinées, tenant davantage de l'ours en peluche que du vison.
En coupant son caban dans une épaisse fourrure rase, Christopher Bailey donne à cette pièce masculine une aura espiègle et ultra warmy qui, de par son volume surdimensionné, pourra susciter des tenues bien plus sexy que l'on aurait pu l'imaginer. Il suffit en effet d'associer de l'ultra skinny à ce caban Burberry Prorsum pour voir se dessiner une silhouette à la fois pointue, coolissime et confortable.
Chez Topshop Unique, la fausse fourrure n'essaie pas de faire illusion : ce manteau 3/4 semble ainsi être le résultat du scalp d'une colonie d'ours Steiff. Cela ne l'empêche cependant pas de se voir traité comme une pièce fashion à part entière : ceinturé haut, il obtiendra facilement son laissez-passez fashion.
Piqué par on ne sait quelle mouche écologiquement correcte, Karl Lagerfeld a pour la première fois introduit de la fausse fourrure chez Chanel. Or, la demi-mesure n'étant pas le fort de l'homme au catogan, les pelages synthétiques furent quasiment de tous les passages. On regrette simplement que ceux-ci aient été traités au 3e degré, ne donnant guère envie aux clientes de la rue Cambon de s'aventurer sur cette voie certes plus sage, mais qui s'avère peu désirable sous les doigts de Lagerfeld. Sans conteste, l'hiver 2010-2011 sera celui de la fausse fourrure. Enfin démocratisée, celle-ci s'affiche chez les plus grands, invitant la fashion sphère à faire de même. Certaines ont d'ailleurs déjà passé le cap : avec son manteau en fausse fourrure, Kate Lanphear a suscité bien des jalousies lors des récentes fashion weeks...
De la maille
Cette saison, les travaux d'aiguille signent leur grand retour sur les podiums. Influencés ou non par la nouvelle étiquette "hype" revendiquée par le tricot, les collections de cet hiver ont décliné la laine sous toutes ses coutures. Reste à savoir comment aborder ces pièces sans avoir l'air d'avoir gagné en masse corporelle, ni d'avoir subitement vieilli de plusieurs années...
Sous ses allures de gentille petite chose casual, la robe pull est la pièce de tous les dangers : portée à plat, elle tassera indubitablement celle qui s'y essaiera, associée à des collants en laine, elle alourdira la silhouette, tandis que non accessoirisée, elle virera au no look. Cela étant, chez Loewe cette dernière s'en sort plutôt bien : ceinturée taille haute par une fine ceinture en cuir et accompagnée de fins collants plumetis et d'une paire de stilettos, la robe pull n'a jamais été aussi chic.
Entre point irlandais et rubans de satin, ce gilet oversize Dior imaginé par John Galliano mêle avec brio sophistication et naturel. Marié à une délicate robe de mousseline, il en émane une nonchalance romantique dont nous aurions tort de ne pas nous inspirer quand il s'agira de ressortir nos tricots xxl de nos armoires.
À moins d'être une gazelle filiforme, mieux vaut passer son chemin face aux ensembles tricot sur tricot de Miuccia Prada, ce genre de tenues étant plus appelé à appuyer le concept d'une collection qu'à être adopté massivement. Cela dit, le pull moutarde à torsades s'assortira parfaitement avec une jupe droite en cuir chocolat. S'il serait dommage de bouder cette tendance porteuse de cosyness, il serait encore plus dramatique de la traiter avec désinvolture. Aussi tradi' ou warmy soient les mailles de saison, on n'hésite donc pas à leur imposer une accessoirisation sophistiquée, à coups de hauts talons et de fines ceintures de cuir. On note également qu'en parallèle de cette montée en puissance de la maille s'est développé un nouveau dress code visant à renouveler les tenues de soirée. À en croire Miuccia Prada, Michael Kors et Marc Jacobs, il serait ainsi on ne peut plus chic d'associer toilettes de cocktails et maille rustique...
Par ailleurs, on remarque que slims et mini-jupes n'ont plus le monopole du cuir, celui-ci s'étendant désormais à toutes les pièces de la garde-robe. Coupé en jupe crayon cirée chez Céline, orné de pierreries chez Christopher Kane ou rock'n'rollisant les blazers Balmain, le cuir - noir de préférence - est devenu une matière presque basique. Enfin, noire ou blanche, la dentelle de l'été semble avoir perdu sa fraîcheur fragile : ne faisant plus scandale, son impudeur s'affiche désormais partout. Juvénile chez Marc By Marc Jacobs, néo-bourgeoise chez Céline ou encore érotico-chic chez Dolce&Gabbana, elle gagne peu à peu en force et en caractère.
IV. Les poins forts
Manteaux
Sans attendre les prévisions des experts météorologiques, on peut dès à présent s'attendre à un hiver 2011 frisquet, voire très froid. C'est en tout cas ce que nous promettent les collections automne/hiver 2010-2011, l'accent ayant été plus que jamais mis sur les manteaux. Deux écoles se distinguent alors : ceux qui misent sur un retour des classiques et ceux qui préfèrent privilégier l'émergence de nouveaux volumes.
1) Pardessus/Cabans
En totale adéquation avec la vague néo-classique ayant déferlé sur les podiums, pardessus masculins et cabans se sont faits on ne peut plus présents, distillant une élégance épurée sans fioritures en osmose avec les pulsions d'ascèse actuelles.
Désormais, lorsque l'on évoque le retour aux essentiels, c'est un manteau masculin, foncièrement classique et aux proportions généreuses qui se dessine en filigrane. Cependant, si pour ce genre de modèles nous nous serions autrefois naturellement tournées vers Max Mara, en 2010 nombreuses sont les griffes à tenter de concurrencer la maison italienne. Michael Kors et Dries Van Noten proposent ainsi des pardessus racés ou boyish, même si c'est chez Chloé que l'on trouve le plus beau spécimen d'ersatz Max Mara...
Trop souvent résumé à une veste de marin bleu marine, le caban prend cette saison quelques libertés stylistiques. Kaki et ample chez Burberry Prorsum, il se veut ainsi rassurant et facilement dévergondable à coups de pièces féminines et skinny. De son côté, Miuccia Prada le décline sous une note sixties, le faisant alors ressembler à un sage manteau pour fillette de bonne famille. Mais le traditionnel caban se laisse également séduire par le dernier volume en vogue - le cropped - chez Giambattista Valli...
2) Cropped/Sans manches
L'humeur est actuellement à la superposition. Animant le dress code de la saison froide, cette nouvelle lubie combine avec justesse envie de protection et désir de nouveauté. C'est ainsi qu'ont émergé des pièces d'extérieur, dont la coupe les amène à être portées en duo plutôt qu'en solo.
Après avoir renouvelé le format des tee-shirts up-to-date, le volume cropped s'empare des pièces d'extérieur. Cabans, duffle-coats, parkas... chacun possède désormais sa version cropped. Si, à l'instar des modèles de chez Rag&Bone ou encore Burberry Prorsum, on pourra les traiter comme des manteaux à part entière se suffisant à eux-mêmes, il sera bien plus ludique et confortable de les superposer à un gilet ou à un manteau léger de type trench, comme on a pu le voir à la sortie des défilés (voir ici et là).
Après les pulls-over, les gilets et les vestes en denim sans manches, c'est désormais au tour des manteaux d'avoir envie de s'alléger. Le plus souvent 3/4, ces derniers se déclinent selon les points forts de la saison : trench olive chez Dries Van Noten, veste en peau retournée bordeaux chez Rag&Bone ou encore pièce en cuir vieilli chez Michael Kors. Cela étant, le "sans manches" reste peu facile à adopter : alors qu'un manteau est fait pour apporter un tant soit peu de chaleur, il semble paradoxal de le découper. On pense alors soit à le porter avec de longs gants, soit à lui adjoindre un pull à motifs alpins, une chemise écossaise ou une blouse léopard, l'idée étant de profiter de son absence de manches pour se composer des duos warmy et inédits. Niveau superposition, on pensera également à adopter une allure so Carine Roitfeld en portant en cape pardessus, vestes en fourrure et autres duffle-coats...
Jupes fifties/Ligne A
À l'orée de l'automne, les jupes prennent de la longueur. Souvent sublimes et fascinantes sur un catwalk, les jupes ultra longues et autres amples modèles fifties pourraient néanmoins ne pas en descendre, tant leur format semble peu convenir au quotidien de la femme active. Cela dit, parmi les nouveaux modèles de la saison, un tire particulièrement son épingle du jeu : la jupe ligne A.
Moins sexy qu'une mini mais plus facile à vivre qu'une crayon, la jupe ligne À risque d'avoir rapidement son quart d'heure de gloire. En effet, sa coupe a beau se vouloir assez stricte, les designers l'on pensé de manière à lui insuffler ce qu'il faut de sophistication et d'ADN up-to-date pour gommer son allure un rien trop sage. Christopher Kane la veut ainsi cirée et réglisse, tandis que Michael Kors la pense boutonnée sur le devant, taille haute et camel. Une fois porté avec un pull généreusement échancré, le modèle Kors, plus classique que celui de Kane, aura néanmoins autant de sex appeal.
La jupe longue pouvant être directement écartée (celle-ci étant difficilement portable de jour), reste le cas de la jupe fifties... Si la série "Mad Men" a déjà pénétré votre subconscient, il se pourrait que vous ayez subitement envie de vous y essayer. Dès lors, il faut savoir que ce style de jupe peut vous tasser en un rien de temps et vous donner l'allure d'une monomaniaque du rétro. Si, une fois ces quelques risques pris en compte, vous désirez toujours vous y frotter, il faudra vous appliquer à traiter ces jupes en mode casual sophistiqué. Autrement dit, on les accompagnera exclusivement de talons, et on préférera leur associer un sweat un peu loose (Dries Van Noten) plutôt qu'un corset pigeonnant (Louis Vuitton). On pourra aussi opter pour un modèle ultra fluide, casualisé par une paire de bottines de montagne (Tommy Hilfiger).
En guise de conclusion, on note quelques autres points essentiels de la saison automne/hiver 2010-2011 :
Les pulls-over esprit vacances au ski vont descendre des pistes pour venir chahuter les vestiaires urbains (Marc Jacobs, Rag&Bone, D&G).
Carrot, large, skinny, de cuir ou de flanelle, les pantalons n'en font qu'à leur tête, même si les réminiscences seventies pourrait bien remettre le flare - voire le patte d'eph' - au goût du jour.
Les femmes aiment le pouvoir que leur confère un costume bien taillé (Dries Van Noten, Michael Kors, Givenchy).
Plus que jamais, les chaussettes se glissent dans les escarpins.
Longuissimes chez Alexander Wang ou réchauffant une paire de sandales chez Michael Kors, les guêtres s'invitent sur la liste des it accessoires de l'hiver.
Parmi les couleurs amenées à être réhabilitées, on citera le bordeaux (Vanessa Bruno).
Le sweat gris esprit "Rocky Balboa à l'entraînement" casualisera toutes les pièces un brin trop chic (Dries Van Noten).
Les godillots de montagnes se veulent ultra trendy, allant parfois jusqu'à se porter quasi en l'état (Rag&Bone, Vanessa Bruno).
En prévision d'un hiver rude, on a assisté à l'éclosion de plusieurs pièces anecdotiques, telles que des jupes en fourrure, un porte-bouillotte en tweed Chanel, des bottes de Yéti à talons de glace ou encore des manchons warmy.
Tout comme lors des saisons précédentes, on continue de ceinturer haut vestes, robes, gilets et pulls (Marc By Marc Jacobs, DSquared2, Giles Deacon).
On craque encore une fois pour le nouveau sac Alexander Wang...
©photo : Style.com
Par Lise Huret, le 09 avril 2010
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Coco je l'attendais avec impatience cet article.
Je me réserve un bout de ma soirée pour le savourer.
Mais déjà en le survolant je peux te dire que tu as encore une fois assuré.
C'est un boulot de dingue que tu fournis à chaque fois...