Faisant suite à l'exposition - ayant récemment eu lieu à Londres - célébrant les 40 ans de collaboration entre René Gruau et Christian Dior, la dernière présentation haute couture de John Galliano tenta de retranscrire en trois dimensions la grâce du trait et la chaleur des couleurs de celui à qui l'on doit le dessin du premier parfum Miss Dior, mais aussi les plus belles esquisses du style New Look.
Après avoir quarante années durant magnifié les créations Dior via de sublimes croquis, le dessinateur - qui débuta tout comme le couturier en tant qu'illustrateur au Figaro - se voit ainsi rendre la pareille par Galliano, qui s'inspira de ses dessins pour élaborer une collection très années 50.
Or, entre la dextérité des petites mains de l'atelier Dior et la folie des grandeurs du maître des lieux, la technique graphique de Gruau se vit célébrer dans la magnificence. De la fulgurance de ses croquis à la gestuelle sophistiquée de ses modèles, en passant par l'évanescence d'un volume, les effets de transparences obtenus par la superposition de différents lavis ou encore les clairs-obscurs mettant en valeur les silhouettes, tout a été exploité, retranscrit, illustré.
C'est ainsi avec esprit et à propos que les mille feuilles de mousseline de soie floutent les contours des vêtements, lorsqu'ils ne leur confèrent pas une intense profondeur. Dans le même temps, les broderies s'estompent (afin de créer une illusion d'optique rappelant les jeux d'ombres et de lumière chers à Gruau), tandis que les voiles de tulle se superposent à d'autres matières, de manière à créer de diaphanes dégradés. Sans oublier les créations du chapelier Stephen Jones (voir ici et là), dont la délicatesse et la légèreté rappellent la fluidité d'un trait d'aquarelle...
En parvenant à lier citations et glamour New Look (et ce sans pour autant sans tomber dans la rétrospective), John Galliano nous livre au final une présentation haute couture chargée d'émotions, apportant une nouvelle dimension à l'héritage artistique de la maison Dior...
Par Lise Huret, le 25 janvier 2011
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