Depuis l'annonce de la démission de Carine Roitfeld de chez Condé Nast, on attendait impatiemment que celle qui façonna Vogue Paris à son image dix années durant sorte de sa réserve et s'exprime sur sa manière d'appréhender sa nouvelle liberté. Entre nostalgie et confiance en l'avenir, elle se confie aujourd'hui à Dirk Standen, rédacteur en chef de Style.com.
Dans un premier temps, elle révèle qu'être à New York sans assister à la fashion week - et ce après avoir passé une bonne vingtaine de saisons en front row - est pour elle aussi étrange qu'excitant. Il est vrai que si elle n'assiste pas aux shows, son emploi du temps n'en est pas moins complètement booké par ses nouveaux projets.
Entre les réunions de travail avec Olivier Zahm - son biographe - et Alex Wiederin - directeur artistique - visant à finaliser sa biographie (attendue pour l'automne prochain) et les nombreuses personnes désirant la rencontrer afin de collaborer avec elle, Roitfeld n'aurait ainsi guère le temps de s'apitoyer sur son sort.
Elle en profite d'ailleurs pour tordre le cou à certaines rumeurs : elle assure pêle-mêle être de nouveau en bons termes avec Nicolas Ghesquière, n'avoir jamais fait de consulting lorsqu'elle était chez Vogue - elle n'en aurait de toute façon pas eu le temps - et ne plus vouloir travailler avec Tom Ford.
Elle réaffirme également être partie de son plein gré : confrontée à une direction aspirant à un peu plus de mesure, celle qui n'a eu de cesse d'aller toujours plus loin dans la provocation aurait fini par se sentir bridée ; un mois après avoir quitté Condé Nast, elle se dit heureuse d'avoir retrouvé sa liberté. Enfin, en ce qui concerne la polémique des fillettes posant lascivement dans le numéro consacré à Tom Ford, elle déclare que l'on ne peut pas empêcher les gens de voir le mal partout...
Cependant, Carine Roitfeld a beau se montrer sereine, ses propos n'en deviennent pas moins doux-amers lorsque le journaliste se met à évoquer le futur de Vogue. Si elle juge l'équipe parfaite, elle estime ainsi que l'on ne pourra jauger leur travail que dans 6 mois, l'ex-rédactrice en chef ayant déjà planifié les 6 prochaines parutions.
Elle assure également que les débuts d'Emmanuelle Alt à la tête du magazine seront bien plus faciles que les siens, tout le monde désirant désormais travailler avec Vogue (contrairement à il y a dix ans). Elle confirme au passage les bruits de couloirs évoquant ses mauvaises relations avec miss Alt...
Enfin, en ce qui concerne ses futurs projets (qu'elle se garde d'évoquer trop clairement, par superstition), elle laisse entendre qu'elle souhaiterait contribuer à mettre en valeur le travail des jeunes créateurs à l'international.
Entre piques légèrement acides, relecture des événements à son avantage, dénonciation de la frilosité parisienne, réaffirmation de son indépendance vis-à-vis des annonceurs et volonté irrépressible de continuer à provoquer l'establishment, la ténébreuse sylphide semble déterminée à retrouver rapidement le chemin du succès. Reste à savoir si l'Amérique - qu'elle considère aujourd'hui comme son nouvel eldorado - sera sensible à la patte Roitfeld...
Par Lise Huret, le 14 février 2011
Suivez-nous sur , et