Salué par une standing ovation spontanée ayant ému aux larmes son créateur, le vestiaire Jil Sander présenté ce samedi 25 février à Milan semble n'avoir jamais flirté d'aussi près avec la perfection. Après sept années passées à dépoussiérer la notion de couture avec cette rigueur subtile qui n'appartient qu'à lui, Raf Simons nous offre en effet un défilé d'adieu bouleversant, à la beauté fragile et intense.
Dès les premiers passages, les amples manteaux pastel presque ovoïdes en drap de laine souple - que n'aurait certainement pas renié Betty Draper - diffusèrent ainsi une onde de douceur fédératrice.
À la fois chics et rassurants, ceux-ci recouvrirent successivement toilettes aux teintes nude (alliant jupe droite bourgeoise et corsage de maille diaphane), déshabillés en satin moiré et robes légères aux patchworks de textures duveteuses. Des silhouettes charmantes, qui se virent insuffler un twist finement futuriste par le biais de délicats escarpins aux éclats fluo et iridescents.
Plus que jamais chantre d'un minimalisme néo sophistiqué, la femme Jil Sander opte en soirée pour des toilettes carbone, où drapés, crevés discrets et coupes vintage se voient modernisés par l'usage audacieux de matières techniques aussi luisantes que l'obsidienne.
Particulièrement inspiré, Raf Simons parvient à hisser la simplicité au rang d'art suprême. Sous ses doigts, rien de gratuit ou de superficiel : chaque ligne, chaque teinte, chaque volume sert sa vision absolue de la féminité.
En fusionnant dans un ultime élan infinie douceur et rigueur géométrique, classicisme et sensualité, intensité et fragilité, créativité et affolante portabilité, Raf Simons plonge son public dans un état extatique, non dénué cependant d'une pointe de nostalgie. Il sera en effet difficile pour Jil Sander d'égaler la suavité contemporaine et incisive du créateur belge.
Cela dit, aussi émouvant furent les adieux milanais du désormais ex-DA de Jil Sander, nul doute que celui-ci ne tardera pas à retrouver un poste au sein de telle ou telle maison prestigieuse ; LVMH aurait notamment tout à gagner à lui offrir la succession de John Galliano chez Dior...
Par Lise Huret, le 26 février 2012
Suivez-nous sur , et
www.youtube.com/watch?v=w...