Après plusieurs défilés Dior quelque peu décevants, Raf Simons parvient enfin en ce début juillet à prendre le pouvoir sur les codes de la maison parisienne en nous livrant une collection certes toujours emprunte de références à la grammaire Christian Dior, mais s'inspirant néanmoins largement de l'ADN protéiforme de la cliente haute couture d'aujourd'hui...
"Liberté" : tel pourrait être le mot d'ordre du show Dior présenté ce lundi 1er juillet place Vauban. Une liberté que l'on retrouve aussi bien dans les clichés de la collection shootée le matin même par Patrick Demarchelier, Terry Richardson, Paolo Roversi et Willy Vanderperre - et projetés en toile de fond durant le défilé - que dans le traitement de la notion de Haute Couture par un Raf Simons bien décidé à faire correspondre cette dernière aux attentes des femmes d'aujourd'hui, mais aussi dans l'élaboration d'un vestiaire cosmopolite davantage tourné vers l'international que centré sur la couture parisienne. Dans les faits, le créateur belge nous livre ici une collection riche, hétéroclite et insolente, où les (trop ?) nombreuses idées n'en finissent pas de se télescoper.
Il est vrai qu'entre drapés empruntés aux tuniques des guerriers africains, foulards cow-boy, cols kimonos, clins d'oeil au style années 50, technique japonaise du spacey shibori (permettant d'obtenir des effets de pointes sur un tissu), parures Masaï entrelacées de colliers de perles, vestes Bar revisitées, ceintures obi, volumes New Look désacralisés au contact de textures insolites, plis origamis, délicats tricots aux graphismes tribaux et découpes dorsales trompe-l'oeil, les silhouettes imaginées par le DA de Christian Dior semblent avoir été conçues pour des citoyennes du monde désireuses de piocher au sein du patrimoine mondial de quoi réinventer l'élégance.
Et si une légère impression de chaos esthétique se fait peu à peu sentir au fil des passages, difficile de ne pas s'incliner devant le talent prolixe, l'enthousiasme expérimental et la verve retrouvée de Raf Simons. Loin de se laisser paralyser par l'héritage colossal de la maison pour laquelle il officie, le designer parvient en effet ici à le faire sortir des salons parisiens pour l'emmener à la rencontre de cette nouvelle société mondialisée dont il faut désormais combler les attentes...
Par Lise Huret, le 02 juillet 2013
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13 commentaires
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Le Cancre •Il y a 11 ans
Il est vrai que je n'ai pour le moment pas été un fervent défenseur de RS.J'ai néanmoins senti du mieux dans la dernière collection PAP.Et là je suis séduit par cette collection.Certes il subsiste (pour moi) des maladresses sans doute dues à une collection trop foisonnante et donc manquant un peu de cohérence.Ceci étant dit ici on a droit à une vrai leçon de modernité dans les toilettes couturés ce que peu arrive finalement a faire. Même l'écueil du grand soir est évité et pour moi très réussi.
Je pense que le vrai début de l'ère Dior par RS commence ici.
Mention spéciale a son talent de coloriste et ça façon de faire fusionner les influences en gardant une cohérence indéniable dans les silhouettes
Je n'arrive pas à m'y faire. Je n'aime pas du tout, je m'embête. J'ai l'impression de voir toujours les mêmes silhouettes depuis ses débuts chez Dior, et j'irai même plus loin, depuis l'époque Jil Sander. Je n'y trouve aucune féminité, ça manque d'identité, ça ne donne pas envie de s'habiller. Bref, je passe mon chemin (en espérant tout de même avoir enfin un coup de cœur pour le prochain défilé).
Alors on peut dire que RS s'est emparé de la Maison cette fois. Un poil trop hétéroclite je suis d'accord avec toi Coco. Mais ça change, une nouvelle lecture...
autre chose Coco: dans les dernières brèves: Giambattista et ses plagiats de Dior, j'ai eu le même ressenti pour pratiquement toute la collection HC. ;)
Son travail chez Dior est remarquable, et depuis le début! D'une élégance et d'une extrême féminité, toute en retenue, il ne tombe jamais dans le vulgaire. Je suis fan fan fan.
De très belles silhouette! Malheureusement c'est vrai qu'à vouloir trop en faire, ça part un peu dans tous les sens et ça le dessert, je me suis un peu perdue. Mais il prend ses marques dans la maison et ça fait plaisir.
J'ai le cul entre deux chaises, il ose fragilement c'est sûr! Maintenant que faut-il retenir ? Un jeu de couleur, quelques fanfreluches ? Avec la première robe et la dernière robe il fait un pas en avant hésitant et puis dès qu'on tombe sur les premières de la dernière ligne, on grince les dents!
Pour ma part Galliano n'est pas près de se faire oublier!
On peut bien prendre les créations de Giambattista Valli comme de simples plagiats... Reste à définir le terme puisque j'ai plus l'impression qu'il s'inspire seulement d'une esthétique plus qu'autre chose...
Et on a beau dire, ou faire, je ne peux m'empêcher de penser à du Prada sur une bonne dizaine de modèles que j'ai vu défiler lors de la présentation, que ce soit dans l'inspiration nippone ou bien même, dans la dernière collection avec ces "déshabillés" asymétriques. Quant à parler d'origami, c'était bien valable pour John Galliano qui avait réalisé un travail incroyable avec les ateliers pour sa collection japonaise, alors que là... Non, c'est juste un assemblage.
La robe dorsale est effectivement bien lourde, pas vraiment transcendante non plus et l'imprimé reste particulièrement inutile pour ne pas dire autre chose... Et je ne parle pas de coupe ou de fourreau dont l'appartenance à Dior reste douteuse, alors qu'on se retrouvait avec des silhouettes très Armani au final. Et c'est quoi cette robe courte à franges là ? Cette ceinture ? Non, non.
Je pense que le vrai début de l'ère Dior par RS commence ici.
Mention spéciale a son talent de coloriste et ça façon de faire fusionner les influences en gardant une cohérence indéniable dans les silhouettes