Etiez-vous plus "garçon manqué" ou "petite fille modèle" ?
Garçon manqué. Ma mère n'aimait pas les cheveux longs. Et moi je détestais les poupées, j'aimais le vélo, les cabanes, grimper dans les arbres, fabriquer des pistolets avec des bouts de bois, mais en même temps tout ça me semblait formidablement sensuel et féminin. Et puis, dans ma classe, la moitié des filles avaient les cheveux courts, à l'époque, on n'avait pas transformé les gamines en minifemmes. On pouvait se sentir féminine et se croire James Bond au lieu de se croire James Bond Girl.
Quel vêtement auriez-vous pu porter 7 jours sur 7 ?
Des bottes d'équitation avec le pantalon de velours milleraies rentré dedans. Ça me donnait l'impression d'avoir un cheval. Oh, j'ai tellement rêvé d'équitation, j'avais dessiné un ranch, et il me semblait vivre dedans. J'avais un guide Marabout de l'équitation et je savais tout des brides, selles, races de chevaux. Mais mes parents n'avaient pas beaucoup d'argent et c'était trop onéreux de me faire réellement monter sur un cheval. Je faisais de l'équitation sur mon lit, en attachant une ceinture au barreau du lit. C'est fou de penser à ce que ça avait sans doute d'érotique, même si je n'y pensais pas, en chevauchant comme ça un cheval de rêve.
Attachiez-vous beaucoup d'importance à la façon de vous habiller le matin ?
Oh oui. J'étais surtout obsédée par mes vêtements qui grattent. Je ne voulais pas en porter. Ce n'était pas une époque où on achetait beaucoup de choses aux enfants. J'adorais mes habits. Je les portais jusqu'à ce que vraiment ça ne m'aille plus. Et puis je lisais Le Club des Cinq, alors j'avais des obsessions comme avoir un short en toile. Et puis je regardais "Sébastien parmi les Hommes", alors je voulais être en jean blanc comme le héros (un enfant) du téléfilm.
Quelle femme imaginiez-vous devenir plus tard ?
Je me voyais avec des cheveux longs, sur une mobylette, allant jouer au tennis dans un short blanc. Tout ça n'est jamais arrivé, même si j'ai eu la mobylette (oh que j'aimais ça, filer au vent). C'est seulement aujourd'hui que j'ai les cheveux longs. Rien n'est arrivé ensemble ni comme prévu. Mais c'est ça aussi la merveille des choses.
Admiriez-vous les adultes ? Si oui, lesquels ?
Oh oui, surtout les hommes beaux. Je me souviens d'un homme, dans une maison où nous allions dans les hauteurs de Nice, il s'appelait Toupin, il ressemblait à Robert Mitchum, vivait torse nu en short, je mourais de désir pour sa peau, ses rondeurs et son indolence. Il me sculptait des sifflets. Je me souviens d'un ami de mes parents, un autre, Marc, j'aimais tellement son odeur que je la sens encore, là, des années plus tard, en vous écrivant. Ces adultes avaient fort à faire à tenir à distance le désir fou d'une enfant.
Quel héros (ou héroïne) vous faisait rêver ?
Le héros de "Sébastien parmi les hommes" (roman de Cecile Aubry adapté pour la télévision). J'aimais ce gosse, son rapport aux chevaux (il vivait dans un ranch en Camargue), sa révolte, sa bouche et sa médaille autour de son cou d'enfant.
Quel livre vous a le plus marquée ?
Je crois, Jane Eyre. J'avais déjà 14 ans, pour tout vous dire, à La Clusaz, je me souviens d'avoir compris ce que c'était que tomber dans un livre, sentir les pages, la colle, voir tous ces mots et s'en réjouir, revenir en arrière et relire.
Quel moment de l'année préfériez-vous ?
Les premiers jours du printemps, on allait les samedis et dimanches autour de Paris pour des pique-niques, et on se couchait au milieu des pâquerettes et on croyait que la clairière était à nous, on avait la vue sur la Seine, on bronzait sans se soucier des méfaits du soleil, on faisait griller des côtelettes d'agneau, on jouait au cricket, et le soir on faisait un feu et on parlait. Je ne crois pas que la loi autorise de faire ça dans les bois autour de Paris aujourd'hui.
L'école était-elle synonyme de joie ou d'angoisse ?
Les deux. À la fois j'adorais ça, mais j'adorais aussi tellement voir ma mère agiter un paquet de Chocos BN à la sortie des classes. Toutefois, j'avais des amies immenses, une dont j'étais le « chameau », elle me montait sur le dos pendant les récrés. J'acceptais parce qu'elle était blonde, aux yeux bleus, sublime selon moi, et je la vénérais. Elle est très malade aujourd'hui mentalement, et ça me serre le coeur de penser à notre insouciance de jadis. Mon dieu, ce que la vie fait des gens, parfois…
Comment occupiez-vous votre temps libre ?
Je dessinais et j'écrivais, à 9 ans je passais déjà tout mon temps libre à écrire. Puis on m'a offert une guitare et j'ai passé mon temps à écrire des chansons. J'ai même fait deux disques avant mes 20 ans.
En quoi aimiez-vous vous déguiser ?
Ah j'ai toujours détesté les déguisements.
Quel était votre goûter préféré ?
Chocos BN, que j'avalais dans un jardin d'enfants du bois de Boulogne. Et aussi, les marrons que ma mère me faisait dans une poêle trouée. Le temps que ça prenait, ce n'était jamais cuit, mais après quel délice!
Si vous pouviez donner un conseil à la petite fille que vous fûtes, quel serait-il ?
Ne te braque pas. J'étais tellement sensible et susceptible… Retrouvez Sophie Fontanel sur le dailyELLE et Twitter, ainsi que toutes les semaines dans le magazine ELLE.
Par Lise Huret, le 21 novembre 2013
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Rien à voir avec la choucroute, mais je suis passée aux Galaf hier et j'y ai vu la fameuse pochette fourrure rose Hache, je dis ça, je dis rien! Je te laisse transmettre à Mai ;)