Etiez-vous plus "garçon manqué" ou "petite fille modèle" ?
Définitivement garçon manqué. S'il m'arrivait de regarder avec une légère pointe de jalousie les belles robes de mes cousines, je ne les enviais plus une seule seconde lorsqu'il s'agissait de grimper aux arbres... J'ai passé mon enfance à construire des cabanes (dans le jardin ou dans le grenier), à me fabriquer des arcs, à faire de la poterie sur le tour de mon père, à bombarder mes frères et soeurs de ballons de baudruche gonflés d'eau et à me rêver exploratrice.
Quel vêtement auriez-vous pu porter 7 jours sur 7 ?
Mes Kickers, dont j'adorais les patchworks de couleurs. Le simple fait de les lacer le matin suffisait à me mettre de bonne humeur. J'aimais voir leurs teintes se patiner au fil de l'année : plus elles pâlissaient, plus les grandes vacances se rapprochaient !
Attachiez-vous beaucoup d'importance à la façon de vous habiller le matin ?
J'avais des vêtements fétiches - un sweat en molleton cousu par ma maman, un jean patché d'écussons et une paire de chaussettes rouges - qui, dans mon esprit d'enfant, me protégeaient des mauvaises notes. Les jours de contrôle, il me fallait ainsi absolument enfiler l'un d'eux. Le reste de la semaine, je me glissais dans ce qui me tombait sous la main.
Quelle femme imaginiez-vous devenir plus tard ?
Je me voyais parcourir le monde sur un voilier et faire escale au fil de mes envies. Je me rêvais libre, sans mari, sans enfants, sans maison, sans patron. Je voulais simplement voyager, faire griller du poisson sur la plage, apprendre toutes les langues et passer mes soirées dans un hamac à dévorer des romans.
Admiriez-vous les adultes ? Si oui, lesquels ?
Je pense à mon grand oncle Franciscain, dont la voix tonitruante, l'appétit d'ogre et la bonhomie généreuse en faisaient à mes yeux un personnage fascinant, mais aussi à mon grand père, qui vécut avec nous jusqu'à mes douze ans et dont j'aimais embrasser la barbe naissante lorsqu'il se levait tôt pour prendre le petit déjeuner avec nous, ou encore à la soeur de mon père - sublime Italienne à la vie romanesque - qui posait sur lui un regard tendre et en qui j'adorais retrouver certains traits paternels.
Quel héros (ou héroïne) vous faisait rêver ?
J'admirais tout particulièrement Jo du roman "Les Quatres Filles du docteur March", tant pour sa détermination, son insolence, sa maladresse et son amour des livres que pour la relation espiègle et pleine de tendresse qu'elle entretenait avec ses soeurs. Mais mon véritable héros fut Monsieur Keating, du film "Le Cercle des poètes disparus". J'ai passé toute ma scolarité à espérer - en vain - croiser la route d'un professeur qui possèderait son non-conformisme galvanisant...
Quel livre vous a le plus marquée ?
Jane Eyre. Découvert au tout début de mon adolescence, ce roman de Charlotte Bronté m'a totalement chavirée. Au fil de ses pages, j'ai appris ce que le mot "passion" signifiait réellement. Des années plus tard, ce livre fait toujours intrinsèquement partie de moi. Il me suffit de fermer les yeux pour me retrouver à Thornfield Hall en train de guetter le retour de Mr Rochester...
Quel moment de l'année préfériez-vous ?
J'attendais avec impatience nos anniversaires (nous formions une fratrie de 6 enfants), qui étaient à chaque fois l'occasion pour ma mère d'inviter nos amis et de préparer un grand jeu de piste qui nous prenait toute l'après-midi. Quelle joie de déchiffrer rébus, énigmes et autres casses-têtes, de rivaliser de vitesse lors de la course en sac et de finir par dénicher le trésor...
L'école était-elle synonyme de joie ou d'angoisse ?
Plutôt de déception. J'aurais voulu poser mille questions à mes professeurs, mais celles-ci sont souvent restées sans réponses. J'espérais retrouver en cours d'Histoire la joie que j'éprouvais le soir à dévorer mes illustrés sur les châteaux forts, mais les manuels scolaires se sont vite révélés ennuyeux. Je rêvais d'amis audacieux, mais les enfants de mon âge s'avérèrent davantage attirés par la corde à sauter que par l'élaboration de grimoires magiques...
Comment occupiez-vous votre temps libre ?
Lectures compulsives d'Astrapi et de Je Bouquine, constructions de cabanes, pèche à la grenouille, séances de pâtisserie expérimentale (mention spéciale aux boulettes de pâte à crêpes) et mise au point de bêtises sophistiquées avec mon grand frère occupaient la majeure partie de mon temps libre. Mais mon jeu favori était d'enfiler le plus de couches de vêtements possible (afin de pouvoir tomber sans me faire mal), puis de mettre au défi mon grand frère de réussir à m'attraper. Des séances de courses échevelées qui finissaient systématiquement en fous-rires et en roulés-boulés dans l'herbe...
En quoi aimiez-vous vous déguiser ?
En sorcière et en indien. Lorsqu'elle n'était pas dans sa chambre en train de réviser, ma grande soeur Marie ne se faisait pas prier pour me peinturlurer en jeune squaw ou pour me transformer en vieille femme hirsute, à coup de châle noir et de cheveux crêpés.
Quel était votre goûter préféré ?
Des larges tartines de pain maison dorées au four puis beurrées et saupoudrées de cacao. Je conserve également un souvenir gourmand des sandwichs baguette/beurre/barre de chocolat/sable crissant dégustés sur les plages du Nord lors de nos vacances scolaires.
Si vous pouviez donner un conseil à la petite fille que vous fûtes, quel serait-il ?
Prends conscience que cette joie qui t'habite est un trésor rare, n'aie pas peur de tes cauchemars, ne prends pas les choses trop au sérieux, savoure tes fous rires et ne crains pas de grandir.
Par Lise Huret, le 19 avril 2014
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