Louis Vuitton : Défilé croisière 2018
Alors que Brigitte Macron foulait la cour de L'Élysée en Louis Vuitton, la collection croisière de la griffe au monogramme défilait au même moment à Kyoto, livrant des toilettes aux antipodes du tailleur bleu ciel de la nouvelle Première dame de France...
Le lieu
Nicolas Ghesquière semble apparemment décidé à faire l'éducation artistique du "fash pack" : après lui avoir fait découvrir le musée Niterói de Rio, le créateur le convie aujourd'hui au musée Miho de Kyoto, dont l'architecture imaginée par I. M. Pei a des allures de grandiose paradis Zen.
Le thème
En prise directe avec le champ lexical japonais, la collection de saison s'inspire des estampes traditionnelles, armures de samouraïs, esthétique des films de Kurosawa et références au théâtre nippon. Un mille-feuille culturel au sein duquel viennent puiser les imprimés, textures et autres jeux de superpositions rythmant ce vestiaire évoquant "un Japon traditionnel harmonisé à la parisienne". Un vestiaire qui se voit par ailleurs pimenté de pièces conçues par le mythique Kansai Yamamoto (premier créateur japonais ayant défilé à Londres - en 1971).
La collection
Les vestes
Connu notamment pour ses vestes aux lignes impeccables et à l'allure insolente, Nicolas Ghesquière livre cette saison trois modèles attirant particulièrement l'attention.
Le premier est un blazer qui n'est pas sans évoquer celui de la première collection de Ghesquière chez Vuitton, à la différence près que celui-ci joue sur un puzzle de textures pour accentuer l'impact de ses découpes.
Très fortes visuellement, les vestes sabliers misent quant à elles sur le mix carrure oversize/manches arrondies. On les préfère taillées dans une toile monochrome (qui permettra d'apprécier sereinement leur volume) plutôt que déclinées dans un esprit color-block (parfait pour les séries mode, mais peu facile à envisager au quotidien).
On note enfin la présence de petites vestes cintrées aux mini manches coques, qui ne sont pas sans rappeler l'époque Balenciage du créateur. Avec leur cuir piqué de studs argentés, elles sont incontestablement l'élément le plus rock de la collection.
Les robes
Nombreuses à parer les mannequins du show, les robes de saison se suivent sans ressembler.
Dans un premier temps, ce sont des modèles couvrants aux épaules inspirées des costumes de samouraïs, aux imprimés tantôt figuratifs tantôt faussement abstraits et aux poches amovibles qui confèrent aux belles une allure volontaire, presque guerrière (on est ici loin de la rondeur sereine des ensembles Marni, même si les silhouettes se ressemblent).
Le créateur s'inspire ensuite des costumes du théâtre nô pour donner naissance à diverses robes télescopant matières et longueurs. Et si les modèles les plus longs (voir ici et là) ne parviennent pas à passer de l'incongru au sublime, les pièces plus courtes se révèlent assez intéressantes. On pense notamment à cette toilette midi qui, en mariant dentelle gothique et détails minimalistes un brin futuristes, tire joliment son épingle du jeu.
Les gilets
Entre portabilité pointue et premier degré japonisant, les deux types de gilets présents au sein de cette collection illustrent à merveille l'ADN de cette dernière.
Les modèles aperçus lors des premiers passages - voir ici et là - empruntent ainsi beaucoup aux gilets des costumes 3 pièces, tout en revendiquant haut et fort leur identité propre à coup de peau colorée, de zip rock et de détails clinquants.
Aussi esthétiquement photogéniques soient-ils, les gilets semblant sortir tout droit du musée du Samouraï de Tokyo affichent quant à eux un regrettable manque de subtilité, qui devrait les cantonner aux tapis rouges et autres séries mode des magazines.
Le dress code
En matière de stylisme, on retiendra tout particulièrement :
La robe chemise rayée portée ouverte et dépassant d'un trench en cuir (voir ici).
Les poignets de chemises remontés sur un blazer en cuir (voir ici).
Le col d'une chemise porté sur celui d'un trench (voir ici).
L'association slim en cuir/robe translucide (voir ici).
Le déshabillé en dentelle permettant de twister la dégaine pop/rock du duo tee-shirt imprimé/slim en cuir (voir ici).
À noter également
Un mauvais goût assumé : Nicolas Ghesquière s'amuse à choisir des imprimés animaliers aux tachetés légèrement vulgaires et accentue leur dimension too much en les mariant ensemble ou en les associant à des matières clinquantes (voir ici, ici et là).
Un premier degré regrettable : alors que l'on aurait pu s'attendre à voir le DA de Louis Vuitton transcender les inévitables citations à l'univers japonais, ce ne fut malheureusement pas toujours le cas.
Les références au travail de Kansai Yamamoto, et notamment au fameux costume à rayures imaginé pour David Bowie (voir ici et là).
Les néo santiags léopards, qui suffiront à elles seules à rendre mémorables les tenues les plus minimalistes.
La fantaisie de Kansai Yamamoto : les robes en sequins et les sacs - voir ici et là - égayés par un visage d'acteur de Kabuki, qui ne manqueront pas de faire tourner la tête des Vuitton's addicts. Et qui sait, peut-être réussiront-ils à faire oublier le fruit de la dernière collaboration Vuitton…
Ce que j'en pense
Cette collection a beau être selon moi la meilleure de Ghesquière depuis son arrivée chez Vuitton, je n'en reste pas moins légèrement sur ma faim. L'hommage trop littéral au Japon manque en effet d'ambition, comme si le fait d'être enfin au contact de l'une de ses principales sources d'inspirations avait quelque peu paralysé le fringant quadra… Voir toutes les photos du défilé : http://www.vogue.com/resort-2018/louis-vuitton
Par Lise Huret, le 15 mai 2017
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Rien à voir mais Louis Vuitton a un fric de folie, c'est quand même dingue ces défilés croisières à l'autre bout du monde où la presse et les people viennent tout frais payés...