Louis Vuitton - Collection Pre-Fall 2020
Oubliées les débauches d'idées oniriques faisant des visuels Gucci des gourmandises kitsch : cette saison Nicolas Ghesquière vole la vedette à la griffe italienne en plongeant les aficionados de Louis Vuitton au coeur d'une collection de romans à déguster emmitouflée dans sa couette, un bol de pop-corn à portée de main…
La genèse
Après avoir été enthousiasmé par l'obtention des droits d'impression de la couverture du livre L'Exorciste (dans le cadre de la création d'un tee-shirt Louis Vuitton), Nicolas Ghesquière eut l'idée de créer un lookbook évoquant la charte graphique des romans d'horreur des années 70/80. S'ensuivit ensuite la création de vêtements susceptibles d'évoluer au sein de cette bibliothèque pour nerd accro aux "Goosebumps books".
Les visuels
Mettant en scène Angelica Ross, Cody Fern, Emma Roberts et Billie Lourd (les acteurs d'American Horror Story) mais aussi Léa Seydoux, Sophie Turner, Stacy Martin, Kelsey Asbille, Doona Bae, Chloë Grace Moretz, Alicia Vikander, Laura Harrier, Zhong Chuxi, Yaya, Noémie Merlant, Deepika Padukone (nouvelle recrue au sein des égéries Louis Vuitton), Woodkid, Rinko Kikuchi, Jennifer Connelly, Jaden Smith, Gugu Mbatha-Raw, Robyn et Samara Weaving, les 24 tableaux/covers mêlent effroi, intrigue amoureuse, science- fiction et fantaisie sur une tonalité kitsch assumée.
Nicolas Ghesquière, geek forever
Nicolas Ghesquière n'a jamais fait mystère de sa fascination pour l'univers de la science-fiction. On ne compte ainsi plus les références à ce genre cinématographique au sein de ses différentes collections (que ce soit chez Balenciaga ou chez Louis Vuitton) : jambes robotiques évoquant celles de C-3PO en 2007, sweat Star Wars en 2012, tee-shirt hommage à Stranger Things en 2018… le créateur n'aime rien mieux que de marier son amour de la coupe à sa passion d'adulescent.
Et si cette saison chez Louis Vuitton la science-fiction se teinte d'horreur, les ressorts plaisant tant au DA de la maison restent les mêmes, entre esthétique délibérément piquante, clichés revendiqués, absence de subtilité et imaginaire débridé. On imagine d'ailleurs sans mal le plaisir qu'a dû prendre Ghesquière à se plonger dans les "pulp fiction novels" des années 70/80 (à savoir des romans de gare fantastiques aux intrigues dignes des séries B) et à parodier les couvertures de ces ouvrages - voir ici et là - que l'on trouve aujourd'hui à 1 euro chez les bouquinistes...
Les looks
Si en imaginant le vestiaire Pre-Fall à partir du concept de son lookbook, Nicolas Ghesquière a procédé à l'inverse du schéma habituel, ses silhouettes n'en demeurent pas moins intéressantes à décrypter. À l'image d'une bibliothèque au contenu hétéroclite, celles-ci télescopent en effet styles et époques avec effronterie.
Le baromètre esthétique des héroïnes Louis Vuitton ? Leurs goûts personnels. C'est ainsi que s'associent joyeusement Moon Boots et costume de châtelaine, short sportswear et chemisier à ruchés, pantalon de biker et blouse fleurie ou encore bustier patinage artistique et jupon prairie…
Epilogue
Reste à savoir si ces 24 ébauches de scripts resteront à l'état de matériel fashion ou si Ted Sarandos (directeur des programmes de Netflix) s'en emparera pour alimenter le cerveau fatigué des scénaristes officiants pour l'ogre netflixien. Qui sait en effet s'il ne se cache pas derrière The Secret Spell un futur Stranger Game, derrière Secret Rites un nouveau Games of Thrones ou encore derrière Wicked Miroir un prequel de Killing Eve ?
Voir toute la collection : https://www.vogue.com/pre-fall-2020/louis-vuitton
Par Lise Huret, le 27 janvier 2020
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