Casting de rêve pour lookbook Louis Vuitton
Chloë Grace Moretz, Thandie Newton, Jennifer Connelly, Léa Seydoux, Kelsey Chow, Samara Weaving, Zhong Chuxi, Alicia Vikander, Ruth Negga, Laura Harrier, Riley Keough, Sophie Turner... Nicolas Ghesquière aurait-il attrapé le virus de la folie des grandeurs sous le soleil de Saint-Barthélemy ? C'est en tout cas ce que laisse à penser l'apparent décalage entre la notoriété de ses modèles et le sujet du shooting, à savoir un banal lookbook Pre-Fall Louis Vuitton...
Une fois la surprise passée, l'identité prestigieuse des belles aux atours agencés par Marie-Amélie Sauvé et immortalisés par Collier Schorr génère quelques réflexions : Après la torpeur inhérente aux fêtes de fin d'année, il est apparemment nécessaire de générer un événement visuel rappelant à la sphère mode que Louis Vuitton est plus que jamais dans les petits papiers du star-system. On a beau en effet juger la notion de buzz relativement vulgaire, il n'en demeure pas moins que tout Louis Vuitton soit la maison parisienne, elle ne peut apparemment pas faire l'économie d'un shoot de visibilité haut en couleur. Face à ce casting digne d'un film choral de Woody Allen, on se dit qu'en 2019, le vêtement ne se suffit plus à lui-même. Être obligé - afin de le faire exister - de jumeler ce dernier à des individus "non-anonymes" apparaît en effet comme un aveu de faiblesse. Comme si telle coupe conceptuelle, tel imprimé audacieux, tel accessoire inattendu avaient besoin de la validation d'une célébrité pour apparaître désirables dans l'oeil du spectateur/passant/client.
Cela étant dit, ce qui interpelle le plus, c'est d'avoir fait appel à des actrices/chanteuses en lieu et place des traditionnelles mannequins. Alors certes, Nicolas Ghesquière n'est pas le premier à adopter ce modus operandi (Miuccia Prada est également férue du procédé), mais le fait que celui-ci opte pour ce genre de casting pour un simple lookbook n'est guère anodin. Via ce parti pris quasi symbolique, le DA de Louis Vuitton semble acter le fait que de faire poser un stéréotype du "physique parfait" pour représenter une marque de luxe apparaît aujourd'hui presque hors de propos. À l'heure où la mise en valeur d'une femme pour sa seule beauté a perdu en pertinence, opter pour une actrice ou une chanteuse permet aux maisons de proposer à leur cible une image bien plus dense que celle diffusée par un simple mannequin Elite, le vêtement voyant soudain son aura magnifiée par les derniers rôles ou chansons des artistes en question. Dès lors, la projection devient à nouveau possible, la vacuité du luxe est oubliée, le rêve est à portée de main ; il suffit simplement pour cela de passer à la caisse... Reste à savoir si Louis Vuitton poussera l'exercice jusqu'au bout en faisant défiler cet essaim d'égéries en lieu et place des mannequins podium filiformes chères à Nicolas Ghesquière...
Voir toutes les photos : https://www.harpersbazaar.com/louis-vuitton-pre-fall-2019-collection/
Par Lise Huret, le 17 janvier 2019
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