Oliviero Toscani est un familier de la controverse, il est celui qui pour Benetton a dépassé les limites de la bienséance populaire en placardant les villes de clichés choc mettant à mal la bonne conscience : prêtre et religieuse s'embrassant, malade du sida décharné, boat people surchargé… Bref, ce photographe n'en n'est plus à son premier coup d'éclat. Sponsorisé par la marque de vêtement italienne Nolita, Toscani décide de jeter un pavé dans la mare et de sortir cette campagne de "prévention" - ou tout du moins de "sensibilisation" - en pleine effervescence moddesque milanaise.
Les uns s'insurgent et dénoncent l'indécence d'une telle photo, tandis que les autres détournent le regard. Le procès de la pudeur blessée ne peut être pris au sérieux dans une société où les séries policières sont plus que réalistes avec force de détails, où le JT de 20h s'attarde langoureusement sur les cadavres de tels ou tels massacres et où les jeux vidéos n'ont rien à envier aux pires de nos cauchemars… On ne peut faire deux poids deux mesures et prétexter une atteinte à la pudeur pour des sujets qui fâchent et que l'on préférerait oublier ou passer à la trappe.
Oliviero Toscani frappe fort, mais peut être un peu trop tard, car le problème de l'anorexie est de plus en plus pris au sérieux au sein de la mode. L'omerta se lève peu à peu, tout le monde sait que cela prendra du temps, mais la machine est en route. Une telle campagne n'est peut-être pas le meilleur moyen de faire bouger les choses, car elles bougent déjà. Le risque est de stigmatiser encore un peu plus le monde du mannequinat, et de rouvrir une polémique éventée…
Par Lise Huret, le 25 septembre 2007
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