Mode et corps féminin : en finir avec les stéréotypes
Si l'on en croit l'actualité, il semblerait que les lignes soient en train de bouger en matière de représentation du corps féminin. Pour autant, il n'est pas certain que les moyens employés soient les bons...
Mardi 3 avril. À l'Assemblée Nationale, les députés adoptent l'amendement Véran visant à interdire l'activité de mannequin à "toute personne dont l'indice de masse corporelle atteste qu'elle est en état de dénutrition". Pendant ce temps, de l'autre côté de l'Atlantique, la marque de lingerie "plus size" Lane Bryant tente de faire rimer rondeur et sexyness via produits trendy, campagne shootée par Cass Bird (une photographe habituée aux pages de Vogue) et lancement du hashtag #ImNoAngel.Deux initiatives qui, si elles vont dans le bon sens, ont néanmoins peu de chance de changer la donne. Difficilement applicable (l'adoption en 2007 d'une loi similaire en Italie n'empêche pas les mannequins ultra minces de défiler chaque saison sur les podiums milanais), la loi n'empêchera en effet pas les designers de concevoir leurs créations en taille 0. De son côté, aussi bien réalisée soit-elle, la campagne "plus size" de Lane Bryant n'en a pas moins le défaut d'entretenir le fantasme d'une supposée rivalité entre femmes minces et femmes rondes. À l'évidence, le problème est bien trop profond pour pouvoir être résolu par une simple loi ou via un coup marketing d'une griffe cherchant à faire le buzz...
Il est vrai que depuis le début des années 2000, la minceur est devenue incontournable : des pages des magazines aux podiums en passant par l'industrie cinématographique, rares sont les jeunes femmes en quête de célébrité qui n'affichent pas une ligne ultra svelte. Il suffit notamment de constater l'uniformité des morphologies au sein des séries Gossip Girl ou 90210 pour prendre la mesure du phénomène. Dans ce contexte, si l'on veut que les femmes - et notamment les plus jeunes - parviennent à s'accepter, il est nécessaire de leur proposer des modèles de femmes aux morphologies diverses. Mettant en scène des héroïnes aux morphotypes très différents, la série "Girls" va clairement dans ce sens. Légèrement moins mince que Marnie, Jessa n'en apparaît ainsi pas moins aussi attirante qu'inspirante, tandis que le poids d'Hanna se révèle être un non-sujet.
De manière générale, nul doute que les femmes auraient plus de facilité à s'accepter si le paysage médiatico-culturel mettait en avant des physiques moins formatés (suggérée par le modèle Stefania Ferrario, l'idée de supprimer le qualificatif "plus size" va précisément dans ce sens). Une fois confrontée à ce nouveau paradigme, la mode finirait forcément par s'adapter.
On peut ainsi rêver que les agences de mannequins se mettent un jour à sélectionner les filles selon leur allure/photogénie plutôt que selon leur tour de taille. Les campagnes publicitaires pourraient alors rassembler sur un même cliché des filles plus ou moins minces sans que cela soit perçu comme un énième coup médiatique. À suivre...
Par Lise Huret, le 08 avril 2015
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Il est à noter également que souvent, les mannequins "plus size" ne sont montrées qu'en sous vêtements, comme si les photographes/designers que sais-je, avaient du mal à voir dans la femme ronde habillée une personne désirable.