Que tout le monde se rassure : Karl ne fait qu'une petite infidélité à la fashion week parisienne. Ce n'est que sa pré-collection qu'il s'est amusé à délocaliser… Enfin pour l'instant. Car Lagerfeld, plus visionnaire que jamais, ne peut se passer de Londres pour exister au sein des nouvelles sphères de la jet set. Il sait pertinemment que la capitale anglaise est le point névralgique de la branchitude luxe, que la mode se pense plus que jamais à l'international et que ses nouvelles clientes viennent avant tout de Russie ou de Chine.
Or ces nouvelles fans ne sont pas qu'accros au luxe : elles sont également très jeunes. C'est pourquoi, comme le laisse entrevoir sa pré-collection automne/hiver, il façonne le futur de Chanel à leur image, en proposant un vestiaire destiné aux jeunes lianes à la vie dorée, vivant de caviar et de stretching, et arborant une allure de top.
Si le défilé Chanel de l'hiver précèdent avait été quelque peu difficile d'accès, cette pré-collection est jouissive, tant on la sent en adéquation avec notre idée du chic moderne. C'est exactement ce que l'on attendait de Karl : qu'il nous dessine du Chanel nouvelle génération. Lui-même révèle avoir créé cette pre-fall en pensant aux filles longilignes moscovites et aux fines tiges asiatiques. Il cible donc franchement une femme jeune - voire très jeune - et bien dans son temps, addict au haut de gamme, tout en cultivant un rien de désinvolture.
C'est ainsi que l'on découvre des silhouettes entre rock, cosyness et élégance, distillant les codes de la maison au compte goutte, tout en insufflant au pied-de-poule une bonne injection de botox. Le micro sac cheville de l'été se balance désormais au bout d'une chaînette, les chapkas se font plus authentiques que jamais, les collants opaques s'imposent, les derbys volent la vedette aux escarpins, les jupes boules se pensent en lainage dans un esprit presque sportswear, la maille joue l'oversize ou l'avant-gardisme, tandis que les robes du soir se font vintage. Entre déclinaisons de gris et de noirs, le tout est chic sans être rigide, désirable sans être déjà vu.
Cette présentation n'étant qu'un avant-goût de ce qui se passera en février, on peut prédire sans crainte de se fourvoyer que 2008 sera Chanel ou ne sera pas…
Par Lise Huret, le 11 décembre 2007
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