Aux matraquages moralisateurs, la maison Vuitton a préféré la jouer fine. Adepte des collaborations artistiques (la collection de sacs Untitled Monogram de Marc Jacobs et Richard Prince est encore toute fraîche dans nos esprits) Vuitton a décidé de faire de la prévention hype et arty. C'est ainsi que vendredi dernier, au Brooklyn Museum, lors d'une exposition rétrospective du travail de Takashi Murakami (artiste japonais qui depuis 2002 collabore avec Marc Jacobs), les invités ont été confrontés à un dur cas de conscience.
En effet, à quelques mètres de l'entrée du musée s'égrenait une dizaine de tables où s'étalaient les derniers sacs Vuitton, rutilants, attrayants, à l'aspect diablement authentique et bien entendu à prix cassés. Les vendeurs à la sauvette y déployaient tout leur art, appâtant le passant à coups de tarifs battants toute concurrence. Quelle audace de se poster à l'entrée d'un événement Vuitton… Pourtant, si les invitées furent tentées, aucune n'osa s'arrêter, même si nombreuses furent celles qui ralentirent le pas face à toutes ces merveilles qui leur susurraient de les adopter sur-le-champ.
Leur combat intérieur prit fin lorsqu'une touriste moins scrupuleuse sortit de quoi s'offrir un Vuitton low cost. À la vue de sa première victime, le vendeur sourit et clama bien fort "Ah, vous vous êtes fait avoir !", lui tendant dans le même temps une brochure sur la contrefaçon et ses répercussions négatives. Eh oui, ces étals, ces vendeurs, ces prix, n'étaient qu'une mascarade mise en place par la maison Vuitton, afin de faire comprendre aux passants - d'une manière différente et relativement ludique - que la contrefaçon était à proscrire de leur mode de consommation.
Tous ceux qui se sont fait attraper ce soir-là doivent avoir un sentiment cuisant de honte, et ne sont sûrement pas près de recommencer. Désormais, face à ce genre d'aubaines crapuleuses, chacune d'entre nous, prête à céder, ne pourra s'empêcher de penser : "Et si c'était un vrai… Et si j'allais me faire ridiculiser…", et passera son chemin.
Décidément, depuis que Marc Jacobs officie pour Vuitton, on ne peut plus dormir sur nos deux oreilles…
Par Lise Huret, le 07 avril 2008
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