D'ailleurs, Karl Lagerfeld ne s'en cache pas : il trouve l'adolescente (elle n'a que 15 ans) délicieuse et charmante. Son teint de porcelaine - dixit Lagerfeld - serait même parfait… À vérifier, car en pleine puberté, de nombreuses photos de Frances prouvent le contraire.
Mais peut-être qu'après tout Karl n'en a cure, que ses multiples bagues trop serrées lui ont provoqué une asphyxie du cervelet, qu'Amy Winehouse est devenue son maître à penser et qu'il ne supporte plus l'image lisse de Chanel, au point de faire voler en éclat les dernières normes esthétiques chères à la maison, garantes d'une certaine élégance…
À contre-courant de l'image diaphane et ciselée de Keira Knightley, la pulpeuse (et un rien commune) Frances pourrait ainsi réellement détoner dans l'univers Chanel. Autant la possible collaboration avec Lily Allen avait en son temps plutôt séduit les foules, autant l'arrivée d'une jeune femme n'ayant de célèbre que son géniteur à de quoi choquer par moult aspects, d'autant plus que Frances est à des années lumières de toutes les égéries gracieuses et déliées qu'à connu la maison Chanel.
Si le maître des lieux désire rajeunir l'image de la griffe - comme il semble vouloir nous le faire comprendre depuis quelques saisons - le fait de surfer sur la vague starlette au pedigree underground huppé sera peut-être le pas de trop…
Dans sa recherche éperdue de jeunesse, Karl Lagerfeld en oublierait presque que Chanel ne lui appartient pas, et qu'il se doit dans une certaine mesure de respecter l'héritage de Coco Chanel. Or cela semble l'ennuyer : tour à tour chouchou de Lindsay Lohan, DJ virtuel sur le dernier jeu vidéo à la mode et concepteur du micro sac pochette (sorte de bracelet électronique de la mode, qui fut d'ailleurs un flop retentissant), Karl Lagerfeld se disperse et se laisse éblouir par les sirènes du jeunisme cool et médiatique.
S'il était moins mégalomane, il pourrait passer la main, laisser Chanel suivre sa route et développer ce que bon lui semble ailleurs. Oui mais voilà, la ligne K ne fonctionne pas et Lagerfeld Gallery traîne la patte, alors Karl préfère conserver la mainmise sur l'empire de la rue Cambon en lui imprimant ses obsessions, sans vraiment tenir compte de l'image de celui-ci.
Frances Bean Cobain sera donc sûrement la nouvelle muse du couturier, une décision que ce dernier - en vrai génie de la communication - parviendra sans aucun doute à faire passer pour un acte visionnaire et iconoclaste. Mais on ne pourra pas s'empêcher de penser que la machine Lagerfeld est en train de s'emballer, au risque de se briser tôt ou tard…
Par Lise Huret, le 15 mai 2008
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et vu ce qu'on peut faire par la retouche, je pense qu'elle n'a pas moins sa place qu'une keira...