Plus jeune que Maje et moins sage que BA&SH, Sandro se situe dans cette nouvelle catégorie de marques trendy et branchées (mais aux tarifs relativement élevés) qui séduit en masse celles qui ne peuvent pas encore s'offrir de l'Isabel Marant.
Les mauvaises langues ont beau identifier Sandro à une ribambelle de petites robes en pagaille pour jeunes femmes à franges, cela n'a pas empêché la créatrice de doubler son chiffre d'affaires en quelques saisons. Par ailleurs, aussi critiques soient ceux qui n'apprécient guère ce genre de griffes faciles à vivre, ils ne peuvent nier que pour perdurer dans la jungle qu'est le prêt-à-porter, il est impératif de posséder une bonne dose de sens pratique, d'endurance et surtout d'une certaine capacité à sonder l'air du temps.
En effet, dans la nébuleuse des tendances, il n'est guère aisé de parvenir à trouver le juste milieu entre un produit trop conceptuel (et finalement boudé par les modeuses) et une pièce banalement fashion. Il est ainsi vital de créer ce "petit truc en plus" qui instaurera une relation de confiance avec les clientes, leur donnant la certitude de trouver chez vous un produit juste (ni trop, ni pas assez mode) qui leur permettra de passer la saison en toute sérénité.
Évelyne Chétrite, la créatrice de Sandro, a voulu inscrire sa marque dans cette dynamique. À vrai dire, le destin s'en est chargé pour elle… Déjà enfant, Évelyne évolue dans un milieu où le vêtement est au centre de tous les intérêts. Elle passe ainsi tout son temps libre dans la boutique de chemises de son grand père, et n'aime rien de mieux que de se faire confectionner des robes par sa tante, couturière émérite. Elle adore également contempler les jolies dames venant se faire coiffer dans le salon de coiffure de sa mère...
Plus tard, elle choisit de suivre des études classiques ; la rencontre avec son futur mari, Didier Chétrite, va chambouler ses projets. Ce dernier, venant de se lancer dans le prêt-à-porter, encourage alors sa fiancée à faire de même. Dans un premier temps, elle imagine donc des robes qu'il réalise dans ses ateliers, avant d'être vendues dans des multimarques. Pour Évelyne, cette mise en rayon de ses créations s'apparente à une véritable épreuve du feu : noyé dans la masse, il est en effet facile de passer inaperçu…
C'était sans compter sur la capacité de la jeune femme à humer l'air du temps et à le retranscrire dans ses tissus… Ses petites robes se font ainsi rapidement remarquer, et on lui en commande d'autres. Cela donne au couple la confirmation du talent d'Évelyne, qui sait décrypter rapidement ce que désirent porter les femmes.
Il n'en faut pas plus aux Chétrite pour désormais voir les choses en grand : en 2004, Sandro voit le jour. L'accueil réservé à la griffe est sans équivoque : les jeunes femmes adorent ! Axées dans un premier temps autour de la robe, les pièces imaginées par Évelyne tombent pile au bon moment. En effet, les modeuses ne jurant alors que par les petites robes romantiques, Sandro devient rapidement un passage obligé afin d'étayer leur collection de mousselines bohêmes.
Depuis, les boutiques se sont multipliées, prouvant ainsi la bonne santé de l'entreprise. De plus, le nouveau directeur commercial Frédéric Biousse (ancien du Comptoir des Cotonniers) est en train de véritablement booster la griffe, en encourageant le développement d'un secteur homme et en faisant évoluer Sandro vers un véritable lifestyle. Au vu de la toute nouvelle collection, on sent bien que Sandro a tout pour séduire durablement celles qui furent emballées par les débuts de la griffe, et bien au delà encore…
Par Lise Huret, le 19 août 2008
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