Hors du temps et de la réalité, le vestiaire Paris-Moscou a brillé par son raffinement d'un autre âge. Cependant, aussi innombrables furent les heures passées par les plumassiers, brodeurs, paruriers, bottiers, orfèvres et autres modistes sur ces toilettes somptueuses, Lagerfeld est parvenu à leur conférer une allure prêt-à-porter évidente.
Avec leurs coupes actuelles et chanellissimes, ces tenues richement ouvragées s'inscrivent sans aucune difficulté dans le 21e siècle, mettant plus que jamais en exergue la valeur inestimable des métiers d'art (qui auraient pourtant tendance à disparaître). C'est d'ailleurs par souci de sauvegarde du patrimoine défendu par ces maîtres artisans que Karl Lagerfeld a décidé de lancer en 2002 la saga "Métiers d'Art".
Dès lors, chaque année est présentée une collection entièrement destinée à mettre en lumière ces artistes de l'ombre, qui confèrent à la Haute Couture toute sa majesté et permettent aux stylistes de matérialiser leurs lubies les plus folles.
L'opus 2009 évoque le parcours d'une élégante entre Paris et Moscou. La belle mêle alors à ses atours de citadine parisienne les pièces warmy et divinement raffinées que lui proposent les contrées slaves traversées. Manchons, parures de tsaritsa, toques volumineuses et broderies d'or s'emparent alors de sa silhouette, composant ainsi des looks transsibériens où pièces trendy côtoient moult références à l'histoire du costume.
Dans cet univers mutant où ni les frontières, ni le coût des choses n'ont d'importance, Karl Lagerfeld excelle en parvenant à offrir un écrin ultramoderne au savoir-faire exceptionnel des maîtres artisans. Il permet ainsi au public d'apprécier le travail d'un Lesage, d'un Lemarié ou d'un Desrues autrement que sous le verre d'une exposition au musée Galliera...
Par Lise Huret, le 05 décembre 2008
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