Entre blanc colombe et ivoire, les premiers modèles arpentent gracieusement le catwalk. Point d'extravagance, si ce n'est leurs coiffes délicates (entre tiares et constructions aériennes) imaginées par Katsuya Kamo, le coiffeur virtuose japonais que tout le monde s'arrache.
D'ailleurs, même si la silhouette en A - s'accommodant de petites vestes épaulées au col sagement rigide - semble des plus classiques, presque prêt-à-porter, elle sonne parfaitement juste. On sent ici l'excellence des matières et l'attention du détail, générant l'envie de se transformer en riche héritière afin de pouvoir se glisser dans ces tailleurs élégamment minimalistes.
Le défilé monte ensuite crescendo : après avoir ouvert le bal avec de sages poupées de porcelaine en tenues de jour, Karl Lagerfeld nous livre des tenues de plus en plus ouvragées, faisant honneur aux petites mains de la maison Chanel.
Le monochrome devient ainsi prétexte à mille expérimentations maîtrisées de main de maître, transformant peu à peu la page blanche en pièce d'exception. Mêlant poésie, modernisme graphique et innovations techniques, Lagerfeld s'inscrit on ne peut plus intelligemment dans ce 21e siècle fragile et futuriste.
On note au passage la capacité des couturières de la rue Cambon à s'approprier les matériaux les plus insolites, tels que le cellophane ou les bandes plastiques, en les transformant en néo enluminures pour toilettes Haute Couture.
Par la suite le noir vient rejoindre sa teinte complémentaire afin de renouer avec le duo identitaire du sigle Chanel. Le blanc se structure ainsi de larges ceintures couleur réglisse (finement brodées d'une multitude de fines paillettes), tandis que quelques noeuds ébène hautement glitter se marient à des tenues ultra raffinées.
Les derniers passages honorent une Haute Couture à la quintessence de son art, axée sur le savoir-faire exceptionnel des maisons françaises. Vierge de toute esbroufe conceptuelle, la magie de cette collection se situe dans la délicatesse d'exécution, dans l'adéquation entre sobriété et excellence.
Et si le final s'est voulu plus moderne que fédérateur, qu'à cela ne tienne : Karl Lagerfeld est parvenu à coller à l'air du temps en proposant un vestiaire "anti bling bling", retournant aux sources de l'élégance. Décidément, sous ses doigts la Haute Couture parisienne semble bel et bien éternelle…
©photo : Vogue
Par Lise Huret, le 28 janvier 2009
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