Après Venise et Shanghai, c'est désormais au tour de Saint-Tropez de bénéficier de l'attention du petit monde de la mode. Privilégiant pour la première fois son histoire face à celle de la fondatrice de Chanel, Karl Lagerfeld a ainsi jeté son dévolu sur le petit port varois cher à son coeur. Il faut dire que possédant une villa non loin de là, le créateur connaît parfaitement l'endroit, auquel il voue une tendresse toute particulière...
On se doute dès lors que l'homme n'eut guère de difficulté à insuffler à sa collection cette énergie nonchalante intrinsèque à la jet-set des années 70 qui envahit à cette époque Saint-Tropez, et dont il fit partie. Ce furent en effet des mannequins à la dégaine suave et libérée qui mirent pied à terre sur le port, avant d'aller défiler entre les fauteuils du mythique café Sénéquier.
En ouvrant le spectacle pieds nus, sandales à la main et chevelure au vent, Natasha Poly, Heidi Mount et Anja Rubik plongèrent directement les spectateurs dans une atmosphère légère, empreinte de l'aura des stars d'hier en goguette dans le Sud.
Le dress code se dessina alors à l'image de ce Saint-Tropez de 1971 qui vit Mike Jagger épouser Bianca en smoking blanc : frais, légèrement hippisant, facile à vivre, tour à tour romantique et sexy. Caftan fleuri, longue robe pull, cardigan cropped, jean patte d'eph' et tuniques - le tout dans un panel de teintes pastel - eurent ainsi la part belle, tandis que de nombreuses références à Brigitte Bardot émaillèrent la collection.
Le vichy - dont elle lança la mode dans "La mariée est trop belle" - fut ainsi invité à apporter une charmante touche rétro aux tops, accessoires et bikinis, avant que la jeune Georgia Jagger ne vienne clôturer le défilé en cuissardes et moto, en hommage à la chanteuse de "Harley Davidson". On note également la présence sur le catwalk du modèle Cristal Renn, dont les courbes voluptueuses - jusqu'ici peu appréciées chez Chanel - firent écho à celles de Bardot, la nouvelle Eve de l'époque.
En concevant un vestiaire en osmose avec l'idée de liberté qu'il associe à Saint-Tropez, Karl Lagerfeld nous livre au final une collection à la fois juvénile - où micro robes, mousselines translucides et volumes cropped subliment la jeunesse dorée en mode Riviera - et gorgée de cette élégance seventies faite d'étoffes fluides, d'ensembles pantalons immaculés, de sautoirs multiples et de sandales plates.
Cela dit, entre deux passages rétro, le créateur n'en oublie pas pour autant de multiplier les clins d'oeil à l'esprit Chanel. Petites robes noires, toilettes lys/réglisse et vestes en laine bouclette furent ainsi là pour nous rappeler à qui l'on devait cette échappée tropézienne.
Enfin, si certaines des 87 silhouettes imaginées par Karl firent figures de fantaisies vintage anecdotiques (voir ici ou là), la plupart distillèrent fraîcheur intemporelle, casualness chic et énergie joyful, liftant alors joliment l'image de la maison Chanel...
Par Lise Huret, le 14 mai 2010
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