Rien de tel qu'un peu de démesure pour imprimer durablement une collection sur la rétine des rédactrices de mode et autres cibles à séduire. Un principe parfaitement intégré par Marc Jacobs qui, par le biais d'un décor digne des plus prestigieux palaces parisiens (entre grooms, soubrettes et cages d'ascenseurs dorées), parvint à instaurer une impression de rigueur extrême doublée d'une atmosphère très "porno années 40".
Emergeant de cabines d'ascenseurs en fer forgé, chaussées de bottines et d'escarpins hauts perchés cabrant le pied à son maximum, gainées de serre-tailles sablier et faisant la part belle aux accessoires à forte connotation fétichiste (menottes, casquettes militaires, bottes rétro lacées, micro loups), les Vuitton's girls ne sont alors jamais apparues à ce point porteuses de fantasmes.
Désir, obsession, fétichisme... tels sont les thèmes qui semblent avoir inspiré à Marc Jacobs la présente collection. C'est d'ailleurs après une conversation avec Bernard Arnault au sujet de l'incroyable fascination qu'exercent les sacs à main sur les femmes que le créateur aurait eu l'idée de cette dernière.
De là serait alors née une réflexion sur les passions obsessionnelle et sur la discipline nécessaire pour entretenir celles-ci, donnant naissance quelques semaines plus tard à un vestiaire reprenant aussi bien les codes de l'uniforme que ceux d'une garde-robe rétro bien plus exigeante en terme de maintien que celles d'aujourd'hui.
Et si quasi chaque passage fut accompagné d'un sac Louis Vuitton, on n'en eut pas pour autant l'impression d'assister à un défilé commercial, tant les toilettes imaginées par Marc Jacobs s'avèrent porteuses d'une réelle valeur créative.
Il est vrai que ces dernières diffusèrent une énergie des plus hypnotisantes, des vestes apparaissant comme sculptées aux tailleurs subliment taillés, en passant par les multiples ensembles col Claudine ultra ambigus et autres manteaux faussement masculins. Sans parler du traitement matière - dentelle plastifiée, cuir lustré, python ciré, feuilleté de vinyle, silicone ajouré - dont ils bénéficièrent, et qui acheva de les rendre fascinantes.
On note par ailleurs qu'aussi osé fut le stylisme et cinématographique la mise en scène, les rigoureuses silhouettes Louis Vuitton n'en devraient pas moins livrer - une fois descendues du podium - un certain nombre de pièces portables.
Enfin, on retiendra que pour les beaux yeux de Marc Jacobs, la crème des top models - Naomi Campbell, Carolyn Murphy, Amber Valetta, Stella Tennant et Kate Moss - n'a pas hésité à faire son retour sur le catwalk, achevant ainsi de conférer au défilé une aura hors norme...
Par Lise Huret, le 10 mars 2011
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