+10% pour Vogue, +14% pour ELLE : les leaders de la presse féminine peuvent envisager le futur sereinement. Encore trop frileux pour investir massivement sur la toile, les LVMH et autres PPR préfèrent en effet assurer leurs arrières en misant sur la traditionnelle presse papier, faisant ainsi croître généreusement le nombre de pages dédiées à leurs produits au sein de nos glossy.
Or, si cette nouvelle réjouira certainement Jonathan Newhouse (PDG de Condé Nast international), qu'en sera-t-il de son lectorat, qui s'épuise à feuilleter Vogue en quête d'un peu de denrée journalistique, souvent perdue entre la dernière campagne Gucci et les doubles pages Miu Miu ?
Le tandem annonceurs/éditeurs a beau être indispensable au bon fonctionnement de la presse, certains n'en ont pas moins dernièrement franchi les limites du raisonnable. A quoi bon en effet proposer un magazine dont l'édito se retrouve perdu à la 120e page et où chaque article se voit séparé du suivant par plusieurs feuillets siglés ?
Loin de servir l'image des marques, l'accumulation de publicités au coeur d'une même parution aurait par ailleurs tendance à inhiber fortement l'attention du lecteur, diminuant d'autant sa perméabilité au message de ladite griffe. Pourtant, apparaître dans Vogue est aujourd'hui toujours considéré comme le Graal ultime par l'immense majorité des marques...
Pendant ce temps, le mécontentement gronde chez les abonnés. Lassés par une publication qui semble avoir vendu son âme, ces derniers seraient ainsi de plus en plus nombreux à vouloir prendre leurs distances avec le magazine.
S'ils veulent pouvoir conserver un minimum de crédibilité auprès de leur lectorat, éditeurs et annonceurs devraient donc peut-être commencer à envisager la publicité en mode moins invasif, et ce aussi bien sur format papier que digital. C'est en effet précisément le même schéma commercial - aussi agressif qu'archaïque - que Condé Nast semble vouloir reproduire sur ses sites internet, où il n'hésite pas à diffuser de nombreuses publicités envahissantes, au détriment de la lisibilité de ses articles...
Par Lise Huret, le 08 avril 2011
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Dans les deux cas on aime ou pas, mais c'est un fait. Ce qui est plus gênant à mon sens, c'est la relation malsaine qui en découle... Il est clair que lorsqu'un CELINE, un Louis Vuitton ou un Miu Miu achète tant de pages, on retrouve comme par miracle les mêmes marques dans les séries mode... Du coup, non seulement le lecteur subit la publicité, mais la styliste, contrainte par le pouvoir de l'annonceur, en rajoute un couche, préférant la tranquillité à la créativité et à la recherche de nouvelles marques... Dommage.
Mais les blogueurs ne sont pas en reste puisque trop souvent ils acceptent de prêter leur vitrine aux marques en échange de produits / prestations... , sans aucune once de sens commercial , qui pourrait leur apporter un bénéfice plus important qu'une après midi à boire du thé gratuitement chez Ladurée avec une attachée de presse vantant les mérites d'un sous produit dont elle fera bien entendu cadeau... C'est dommage aussi, d'autant que le modèle n'est pas viable sur le long terme d'un point de vue financier.