Micah, un vent de fraîcheur chez Vogue
À force de ne valoriser qu'un certain type d'individus, le monde de la mode contribue depuis longtemps à entretenir les préjugés. Heureusement, au sein de cet univers souvent faussé, certains tentent actuellement de faire bouger les lignes, comme nous le prouve la présence de Micah - un adorable bambin aux trois chromosomes 21 - en couverture de l'édition néerlandaise de Vogue Living...
Via ses créateurs, ses photographes et ses rédactrices en chef, la mode érige des normes régentant l'image que l'on se fait de la "normalité". En choisissant d'exposer tel ou tel types d'individus et en occultant les autres, elle nous fait ainsi tacitement comprendre qu'il n'y a point de salut en dehors de tel morphotype/âge/couleur de peau. Une pratique qui peut générer un sentiment d'exclusion et de malaise chez celles et ceux qui ne se voient pas représentés au sein des pages des magazines. Cela étant dit, depuis quelques années, les carcans se craquellent et l'on commence à assister à un élargissement du spectre esthétique de l'industrie à de la mode. Pour des raisons liées à l'air du temps, cette dernière ne peut en effet plus se permettre d'ostraciser les personnes dérogeant à ses canons habituels. C'est ainsi que les femmes de plus 40 ans ont désormais droit de cité sur certains podiums et que les modèles transgenres, les IMC supérieurs à 25 et les "non-Caucasiens " sont de plus en plus visibles au sein des parutions fashion. Oui mais voilà, si tout cela va clairement dans le bon sens, la mode continue néanmoins d'ignorer toute une partie de la population qui, bien moins active sur les réseaux sociaux que les féministes ou que la communauté LGBT, ne semble pas digne de son attention : les personnes atteintes d'un handicap. Une absence qui contribue à entretenir le regard négatif, peu valorisant, voire apeuré de la société envers ces dernières.
C'est pourquoi la couverture du Vogue Living néerlandais est si importante. Pour la première fois, un prestigieux magazine de mode a choisi de mettre en avant une maman et son enfant atteint de trisomie 21. Or, sur cette photo, la réalité - certes esthétisée - apparaît bien plus belle que les clichés qui obscurcissent souvent notre perception du syndrome de Down. Et si les moments difficiles liés à la présence ce chromosome supplémentaire sont une réalité incontestable, ces photos n'en sont pas moins absolument nécessaires, ne serait-ce que pour rééquilibrer les choses, pour arrêter de mettre ces enfants dans une catégorie à part, pour éduquer le regard de la société et donner la force à leurs parents de braver le regard des passants.
Dans l'idéal, il faudrait que ce genre d'initiative ne soit plus un événement en soi. Je rêve ainsi de découvrir régulièrement dans les pages de Milk ou de Vogue Enfant des séries mode où particularités physiques, handicaps et couleurs de peau s'effaceraient devant le dénominateur commun qu'est l'enfance. À suivre...
Instagram d'Amanda Booth (mannequin et mère de Micah) : https://www.instagram.com/amanda_booth/
Par Lise Huret, le 27 novembre 2017
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Merci pour cet article si positif, par ailleurs!