Entre le choix d'inspirations "grand public" et le remplacement du chausseur Nicholas Kirkwood par son homologue allemand Burak Uyan (qui livre ici des souliers tout aussi instables que ceux de son prédécesseur, mais nettement moins affolants), le show printemps/été 2012 de Rodarte apparaît frappé du sceau du changement.
S'appropriant les hypnotisants tournesols, subtils Iris et autres tourbillons d'étoiles du peintre Van Gogh (que l'on découvre imprimés sur de vaporeux voiles de mousseline, brodés sur quelques tulles arachnéens ou irradiant moult soieries), le duo compose ici de sublimes tableaux mouvants. Sans parler de l'utilisation de la palette chromatique de ce précurseur du fauvisme, qui permet aux deux soeurs d'insuffler une indéniable luminosité à leur collection.
Oui mais voilà, en faisant le choix d'associer Van Gogh et esthétique Disney, les Mulleavy perdent indéniablement en impact. Certaines de leurs créations ont en effet beau s'avérer divines, on attendait un peu plus d'audace, de modernité grinçante et de prise de risque de la part des créatrices...
Il est vrai qu'entre les drapés romantiques, les toilettes antiques et les empiècements rappelant la construction quasi schématique des costumes des héroïnes de Walt Disney, la beauté universelle semble avoir cannibalisé le si savoureux piquant Rodarte.
Et si par la suite les choses se conceptualisent légèrement, via d'amples et courtes jupes translucides à étages bordées de jaune bouton d'or satiné (détournant astucieusement le concept des longues jupes de princesse des dessins animés) et autres corsages en cuir froncé (faisant probablement référence aux tiges de quelques iris Van Goghiens), le résultat peine à apparaître véritablement novateur.
En résumé, si l'on salue les sublimissimes graphismes ainsi que le travail quasi haute couture de la matière, force est de constater que la collection dans son ensemble, tantôt trop premier degré, tantôt pas assez seyant (que dire en effet de ces silhouettes vert slim et de ces ensembles pantalons ?), ne rend pas honneur au talent frondeur des Mulleavy.
Quant à la maille si chère aux créatrices, elle apparait ici non pas dévorée comme à l'ordinaire, mais déclinée sous la forme de désirables pull-overs associant plusieurs types de tricots. La portabilité de ces derniers ainsi que la douceur de leurs coloris pourraient d'ailleurs bien en faire l'un des best-sellers de la saison prochaine...
Par Lise Huret, le 14 septembre 2011
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Le côté dark me plaisait beaucoup plus///