Si l'on ne peut réinventer indéfiniment la structure d'un vêtement, il en va tout autrement lorsqu'il s'agit d'en faire twister la matière. Il est vrai qu'entre multiples techniques de tissages, crochets et autres tricots, constantes avancées technologiques et innombrables patrimoines artisanaux, les possibilités ne manquent pas. Un état de fait qui n'aura pas échappé à Christopher Bailey...
C'est en effet en mode invitation au voyage que ce dernier conjugue cette saison la grammaire Burberry, via de savants emprunts aux tissages Peul, aux imprimés sénégalais et aux broderies de perles Massaï. Sur le podium, les it bags se déclinent ainsi en cuir et raphia tissé, les décolletés des mini pull-overs s'ornent de parures folk, tandis que le haut des trenchs se recouvre de formes en bois géométriques évoquant quelques graphismes tribaux et que les robes se gainent de larges ceintures en cuir perlé. De leur côté, les Jourdan Dunn, Arizona Muse et autres Abbey Lee Kershaw se voient chaussées de compensées affutées accumulant rangs de perles et cuir tressé.
Pour autant, les pièces Burberry Prorsum n'en restent pas moins universellement sexy, féminines et modernes, allant même parfois jusqu'à se faire sagement classiques. Pour patiner l'exotisme de sa collection, Bailey n'a en effet pas hésité à miser sur des volumes sages, un brin rétro et consensuels (on pense notamment à ces amples jupes en lin et autres vestes péplum fleurant bon les forties, ou encore à la coupe quasi ordinaire des robes de cocktail et jupes crayons).
Cela dit, si les petits pull-overs de la collection apportent une vraie désirabilité aux imprimés ethniques, si les accessoires - pochettes, souliers, ceintures - opèrent un parfait mix entre design smart et authenticité et si les graphismes propres aux textiles africains sont rarement apparus aussi chic, ce sont néanmoins les parkas oversize tout droits issus de l'héritage Burberry qui focalisent ici l'attention.
Des modèles à capuches bordées de fourrure en raphia à ceux troquant leur toile kaki pour des tissages d'exception en passant par ceux arborant des manches en cuir tricoté, tous parviennent à tirer partie des inspirations exotiques du show.
Alliant recherches textiles innovantes et pièces commerciales, cette collection semble faire largement consensus parmi les critiques et acheteurs. Cela ne nous empêche cependant pas de nous interroger : est-on réellement censé porter des parkas en été ?
Par Lise Huret, le 20 septembre 2011
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