Défilé Burberry Prorsum - Printemps/été 2017
Entre final aux allures de défilé haute couture, inspirations artistiques et partis pris créatifs marqués, Christopher Bailey emmène cette saison Burberry sur des sentiers moins codifiés que par le passé...
Les points positifs
Libéré de bon nombre de contraintes (disparition des lignes bis de la griffe et collection désormais créée pour la saison en cours et non pour dans 6 mois), Christopher Bailey semble être animé par un nouveau souffle créatif. Jamais en effet un show Burberry n'était apparu aussi expérimental.
À l'instar de Raf Simons, Christopher Bailey a choisi de puiser son inspiration dans l'art, et plus précisément au sein de l'oeuvre d'Henry Moore. Un parti pris qui lui permet de s'éloigner des marronniers fashion que sont les références aux décennies passées (sixties, seventies, eighties, nineties...) et de s'ouvrir de nouvelles perspectives. Dans la pratique, l'étude des sculptures de Moore a poussé Christopher Bailey à faire évoluer le tracé des lignes du corps féminins via moult jeux de coupes et de matières.
Evoquant aussi bien les draps brodés de nos aïeux que leurs robes de baptême, le coton immaculé légèrement cassant au sein duquel sont coupées certaines chemises et blouses permet de conférer une rugosité romantique à la silhouette (voir ici, ici et là). Savant mélange de sensualité, d'asymétries, de chic et de fluidité localisée, le trench couleur craie qui ouvrit le défilé fit honneur à la pièce emblématique de la griffe.
Les stylismes de certains passages méritent de se voir transposés "in real life". On pense notamment à cette silhouette juxtaposant lainage blanc cassé, jupon en dentelle diaphane et pièce semblant sortir d'un trousseau de première communiante du début du siècle dernier, mais aussi à cette jeune femme en robe marinière rouge et blanche réchauffée d'un déshabillé en dentelle et d'une petite laine grise.
Réhaussés d'un élément couture travaillé autour de la notion de cape, les silhouettes du show revinrent clôturer le défilé, achevant de placer ce dernier sous le signe de la créativité (voir ici, ici, ici, ici, ici et là). On salue la diversité des propositions stylistiques autour de cet élément qui sert ici de prétexte à mille et une métamorphoses.
Les points négatifs
Le travail autour des sweat-shirts et autres robes sweats manque de finesse et d'élégance (voir ici, ici et là). Dommage, lorsque l'on voit ce que Stella McCartney est capable de faire lorsqu'il s'agit de mêler allure et cosyness...
En cherchant à questionner les lignes et les volumes, Christopher Bailey soumet parfois certaines de ses silhouettes à une approche assez primaire de la déconstruction (voir ici et là).
Les sublimes dentelles dont dispose l'atelier de la griffe britannique furent souvent desservies par des coupes trop sommaires (voir ici).
La volonté d'inscrire dans la modernité les pull-overs d'Aran est tout à l'honneur du créateur. Pour autant, en proposer une version asymétrique unimanche semble peu propice à leur diffusion auprès des clientes Burberry (voir ici et là).
Toutes les photos du défilé : http://www.vogue.com/spring-2017-ready-to-wear/burberry-prorsum
Par Lise Huret, le 22 février 2017
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