Lorsque le DA de la rue Cambon s'entiche d'un thème, celui-ci a généralement de bonnes chances de se voir décliné tous azimuts sur les silhouettes de saison. Ce mardi, c'est ainsi à une métaphore "plus que filée" du concept de la petite sirène à laquelle furent conviés d'assister les Inès de La Fressange, Clémence Poésy et autres fans du camélia.
Il est vrai qu'au-delà des coraux géants peuplant le catwalk, nombreux furent les détails de la collection qui illustrèrent ce "Vingt mille lieues sous les mers" version Karl Lagerfeld. On pense notamment aux minaudières en coquillages, ceintures de perles et autres matières - tour à tour iridescentes, mousseuses, légères et luisantes - composant les robes de ces sirènes chaneliennes.
Pour autant, si sur le podium Freja Beha affiche bel et bien la grâce d'une créature imaginaire, c'est avant tout la femme Chanel qu'elle incarne au sein de ce décor monochrome. Une femme Chanel avide de modernité, de sensualité et de fraîcheur, désireuse de plaire à Gabrielle en se glissant au sein de petits tailleurs immaculés, en se risquant à aborder quelques tenues sportswear ou en se réchauffant au creux d'une maille unisexe...
Oui mais voilà, si Karl Lagerfeld parvint souvent à satisfaire celle-ci, lui composant des vestes japonisantes chicissimes, de séduisants dos nus, des robes aussi légères que sublimes, des tops poétiquement impudiques en mousseline plissée, de délicates toilettes années 20 ainsi que plusieurs gilets pastels conjuguant joliment casualness et Chanel attitude, sa garde-robe n'en pâtit pas moins de la trop grande prolixité de son créateur.
Comme si celui qui envoûta l'assistance en faisant apparaître Florence Welch au creux d'un bénitier surdimensionné ne parvenait toujours pas à faire le tri entre ses idées, les estimant toutes aussi pertinentes qu'indispensables. Avec ses 83 passages, la dernière collection Chanel ne fut en effet pas exempte de volumes peu flatteurs et d'effets matières peu réussis (voir ici et là).
Cela dit, au sein d'une saison où les créateurs prirent souvent soin d'éviter toute prise de risque, on ne peut que saluer l'audace du Kaiser, qui n'hésita pas à se faire succéder créations fédératrices et propositions expérimentales...
Par Lise Huret, le 05 octobre 2011
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