Exténués et blasés par un mois de fashion weeks, les invités de Karl ne se firent d'ailleurs pas prier pour profiter de la récréation offerte par ce dernier : tels une nuée d'enfants surexcités s'abattant sur un buffet de confiseries, les happy few conviés au Grand Palais immortalisèrent à tout va le contenu des rayons du "Chanel Shopping Center", inondant de clichés Twitter et Instagram. Oui mais voilà, aussi grandiose fut l'événement, une question néanmoins se pose : Karl aurait-il transformé Chanel en agence de communication ? Il est vrai qu'entre égéries choisies pour susciter le buzz, collaborations avec Carine Roitfeld, choix de destinations exotiques pour les présentations Pre-Fall et mises en scène toujours plus spectaculaires, le créateur fait feu de tout bois pour placer Chanel au centre de l'attention.
À tel point qu'obnubilé par son désir d'occuper l'espace médiatique, l'intéressé semble de plus en plus délaisser le prêt-à-porter Chanel, qui souffre ici d'un cruel manque de créativité. Karl Lagerfeld aurait pourtant tort de croire que quelques boîtes de "Coco Pops" ou de "Tagliatelle Mademoiselle" suffiront à faire oublier l'affligeant premier degré de ses accessoires ainsi que le caractère tour à tour caricatural, inesthétique et vulgaire des silhouettes présentées en ce mardi 4 mars... S'il veut éviter de condamner à l'anecdotique le prêt-à-porter Chanel, il est donc temps que Karl Lagerfeld se mette à trier ses idées (les meilleures d'entres elles se voyant systématiquement noyées au sein de défilés fleuve), à rechercher les raisons de la si faible présence des robes Chanel sur les tapis rouges, à soigner cette mégalomanie qui l'empêche de se remettre en question, mais aussi à considérer sur un pied d'égalité Fendi et Chanel, dont le traitement quasi schizophrénique des collections s'avère de plus en plus frustrant...
Par Lise Huret, le 05 mars 2014
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