Cela n'est un secret pour personne : dans l'inconscient collectif, la silhouette de Karl Lagerfeld est intrinsèquement liée à la maison de la rue Cambon, parfois même plus que celle de la fondatrice de la griffe. Il faut dire que depuis 1983, le styliste allemand est parvenu à apporter une bonne dose de modernité à l'héritage de Gabrielle Chanel, et ce tout en respectant un certain classicisme.
En parfaite osmose avec l'air du temps, il a réussi à séduire les plus jolies et emblématiques jeunes femmes du 21e siècle (Anna Mouglalis, Diane Kruger, Keira Knightley), celles-ci tombant amoureuses du style Chanel au travers du personnage de roman qu'est monsieur Lagerfeld. Grâce à son charisme, son talent prolifique et ses innombrables connexions avec la jeunesse, il a su asseoir l'aura hiératique et la visibilité internationale de la maison Chanel, tout en suscitant le respect de tout le gotha de la mode.
Dès lors, personne ne pouvait ne serait-ce qu'imaginer un éventuel départ du maestro. N'avait-il pas, de par son dévouement sans faille, gagné un siège à vie au dernier étage de l'immeuble de la rue Cambon ? N'était-il pas le pape de la fashion, ne pouvant quitter son poste qu'au crépuscule de sa vie ? Et pourtant, la rumeur enfle : Lagerfeld pourrait ne pas renouveler son contrat. Les raisons de ce possible abandon ne sont pas encore évoquées, même si l'on parle déjà d'Alber Elbaz comme remplaçant potentiel...
La famille Wertheimer n'a-t-elle pas tiré une leçon des déboires de TF1, dont le 20h se vit perdre une grande partie de sa superbe après l'évincement de PPDA ? Ne sait-elle pas que l'on ne change pas une équipe qui gagne ?
Alors certes, le turn-over fait partie de la course folle de la mode (d'ailleurs, lorsque Celine, Ungaro ou Halston subissent le jeu des chaises musicales, cela n'impacte pas vraiment l'électrocardiogramme des modeuses). Cependant, quand il s'agit de créateurs faisant véritablement un avec la maison pour laquelle ils officient, les choses se corsent. Lanvin sans Elbaz ou Chanel sans Lagerfeld équivaudraient ainsi à une paire de Louboutins sans semelles rouges, à une fashion week sans champagne, à un défilé Prada sans Anna Wintour... rien de mieux pour traumatiser la fashion sphère.
Espérons donc que cela ne soit qu'une rumeur. Quant à ceux murmurant déjà que "personne n'est indispensable", qu'ils se méfient : Karl Lagerfeld pourrait bien être l'exception qui confirme la règle...
Edit du 09/06 : Nous avons reçu un démenti de la part de Véronique Pérez, de la direction des relations extérieures de Chanel :
"Il s'agit bien d'une fausse rumeur, Karl Lagerfeld est le Directeur Artistique de CHANEL. Il bénéficie d'un contrat de longue durée qui n'est en aucun cas remis en question. Sa succession n'est absolument pas à l'ordre du jour."
Par Lise Huret, le 08 juin 2009
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